Résumé :
|
Si l'entrée en maison de retraite peut être appréhendée d'un point de vue macro-sociologique comme un rite de passage, voire un rite d'institution, qui sépare la grande vieillesse des autres âges de la vie, une analyse micro-sociologique, du point de vue des personnes âgées, permet demontrer à quelles conditions l'entrée en institution peut être vécue non comme une rupture biographique, mais comme un tournant, sans solution de continuité avec la vie antérieure au domicile. Les personnes les mieux dotées en capitaux culturels et économiques, qui bénéficient d'une famille nombreuse et présente, celles qui ont choisi d'entrer en institution, se donnent tous les moyens d'établir des continuités entre la vie institutionnelle et leur vie au domicile, pour recouvrir rapidement un équilibre de vie. A contrario, certaines personnes démunies, aux trajectoires de vie très accidentées, et sans famille, recherchent la rupture pour prendre un nouveau départ en s'appuyant sur l'institution. Mais pour la majeure partie des résidents, cette rupture est subie, malgré leurs efforts pour établir des continuités, et redoublée par des accidents biographiques ou le sentiment d'être insuffisamment entourés par leur famille.
|