Résumé :
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La préservation ou l'amélioration de la santé des individus et des populations ne dépendent pas de la seule activité du corps médical. Elles dépendent, dans une large mesure, des politiques publiques de santé. Les dépistages de cancers illustrent combien il est difficile d'organiser en France, une action de Santé Publique au sein d'un système de soins de tradition libérale. Au travers de l'exemple du dépistage du cancer colorectal, cet article se propose d'identifier les mécanismes par lesquels le système de soins détermine les modalités d'organisation des dépistages de masse des cancers. A partir d'entretiens menés auprès des organisateurs de 5 campagnes de dépistage du cancer colorectal, nous avons identifié trois modèles sur lesquels s'appuient les campagnes de dépistage françaises: un modèle administratif, un modèle médical et un modèle mixte. Chacun de ces modèles représente une adaptation différente de l'organisation du dépistage de masse au système de soins en place en France. Les intérêts des groupes professionnels concernés s'y affrontent entre eux, et à l'intérêt collectif. Il semble bien qu'intégrer une telle démarche de Santé Publique dans un système dominé par le paiement à l'acte est voué à l'échec. Aujourd'hui, la France ne peut plus faire l'économie d'une modification de son système de soins et de sa nomenclature si elle veut améliorer la faisabilité des programmes de dépistage des cancers et augmenter leur chance de succès.
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