Résumé :
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Notre article analyse le régime de prise en charge des aveugles en Algérie, du début du XXe siècle jusqu’à la déclaration d’indépendance du pays (1962). Si les aveugles musulmans sont l’objet de pratiques discriminatoires, tous les aveugles – citoyens et sujets français – sont victimes d’un traitement inégalitaire car ils ne bénéficient pas des mesures de protection sociale accordées aux aveugles de la métropole. Néanmoins, de nombreux acteurs circulent entre la métropole et la colonie algérienne dès les premières décennies du XXe siècle, et insèrent sur le territoire algérien des pratiques innovantes développées dans la métropole (écoles spécialisées d’enseignement du Braille, dispensaire ophtalmologique, promotion des activités professionnelles manuelles). Ils bouleversent ainsi des pratiques traditionnelles d’assistance aux aveugles, dont certaines sont intrinsèquement liées à l’Islam. De plus, nous tenons à souligner la capacité d’action autonome des aveugles dans le contexte de l’Algérie colonisée, puisque les dirigeants associatifs aveugles participent largement à la construction de la politique coloniale d’assistance aux aveugles. Dès les années 1930, des revendications émergent en faveur de l’égalité des droits des aveugles d’Algérie avec ceux de la métropole française. Cette recherche permet de réfléchir à la construction de la citoyenneté des aveugles dans un contexte colonial.
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