Résumé :
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Depuis des temps immémoriaux, les utilisations ritualisées et thérapeutiques de substances psychoactives sont historiquement documentées dans de nombreuses cultures et civilisations. Elles semblent d’ailleurs être un dénominateur commun à bon nombre de groupes humains. Les produits autres que l’alcool se sont répandus de leurs niches originelles vers les sociétés occidentales après le Moyen-Âge, au rythme des grandes découvertes. Les usages de masse à caractère hédoniste sont toutefois essentiellement apparus à la fin du 19e siècle et dans le courant du 20e siècle, avec l’essor de la société de consommation et les progrès de la chimie. Les conséquences socio-sanitaires de ces usages peu encadrés ont favorisé, en sus des enjeux économiques, politiques et post-coloniaux, l’instauration des législations prohibitionnistes, qui se sont généralisées à l’échelle mondiale dès le début du 20e siècle. L’interdit et les campagnes de diabolisation des drogues ont plongé les usagers dans la clandestinité tout en aggravant les problématiques sanitaires liées à la consommation. Autre conséquence, une modification des représentations sociales1 associées aux usages et aux usagers. L’usage de drogues a ainsi progressivement évolué du statut de « rite ancestral » à celui de « plaisir coupable », de « péché moral » et enfin de « danger sanitaire et social ». L’usager a quant à lui été considéré tour à tour comme un hédoniste, un marginal, un délinquant ou un malade.
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