Résumé :
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Les survivants d’une catastrophe collective et leurs descendants sont des êtres qui ont échoué à vivre dans le monde non par quelque incapacité propre mais par la volonté meurtrière d’une idéologie et d’une violence d’État destinées à l’éradication d’un peuple ou d’un groupe ethnique de la surface de la terre. Pour eux, survivre implique la mise en place de ce que Janine Altounian (2000) a désigné comme stratégie inconsciente, inconsciente parce que les actions accomplies et les manœuvres cherchant à « reconstruire sur pilotis les bases précaires d’une vie possible parmi les “normalement” vivants du monde où ils ont échoué » échappent à toute décision et à toute élaboration consciente (Altounian, 2000, p. 1). [...]|Pour illustrer le travail psychique qui s’opère chez un survivant, je vais, paradoxalement, me pencher sur l’histoire d’une vie qui n’est pas celle d’un patient mais celle d’un grand écrivain contemporain, Aharon Appelfeld. Je vais dégager et analyser quelques thèmes qui ont trouvé écho en moi en tant qu’analyste et qui font aussi partie de la stratégie inconsciente qu’il a mise en place pour assurer sa survivance.
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