Résumé :
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Il y a moins une crise, à proprement parler qu’une érosion de l’autorité éducative. Les deux premières sections de ce texte s’attachent à préciser l’idée d’autorité éducative. Qu’est-ce qui spécifie ce type de relation ? Qu’est-ce qui distingue l’autorité de la persuasion, de la contrainte ? C’est aussi l’occasion de réfuter les thèses critiques, d’inspiration psychologique ou pédagogique, qui entendent purifier l’acte éducatif de toute forme d’autorité. Ces approches, qui assimilent souvent l’autorité à une forme de coercition ou à un simple rapport de domination, minorent l’enjeu anthropologique qui est au cœur du procès éducatif. Si l’autorité est nécessaire, c’est tout simplement parce que l’on ne s’autorise jamais seul à être contemporain du monde. Dans la troisième et dernière section, nous risquons trois lectures (sociologique, philosophique et anthropologique) pour comprendre ce phénomène d’érosion. La lecture sociologique met en avant le déclin de la légitimité des institutions éducatives. Or, si celle-ci vient à faiblir, c’est le crédit de ses représentants, de ceux-là mêmes qui parlent en son nom, qui tend à s’estomper. L’érosion de l’autorité est d’abord affaire d’institution. La lecture philosophique montre comment le projet de la modernité, adossé aux valeurs de liberté et d’égalité, vient télescoper les anciennes formes d’autorité qui structuraient les espaces traditionnels d’éducation. Enfin, la lecture anthropologique montre le privilège accordé par nos sociétés au présent et à l’immédiat, et comment celui-ci sape les rapports d’autorité noués dans le temps long de la continuité et de la durée.
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