Résumé :
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En France, 40 % des adultes vivent avec au moins une maladie chronique et 23 % d’entre eux ont plusieurs maladies chroniques et sont donc considérés comme « multimorbides ». Cette situation constitue un défi majeur pour des systèmes de santé qui sont mal adaptés à la prise en charge de ces malades en général complexes. Pour répondre à ce problème, l’équipe du centre d’épidémiologie clinique de l’Hôtel-Dieu AP-HP et de l’Université de Paris, dirigée par le Pr Philippe Ravaud, a élaboré un programme de science citoyenne au sein de ComPaRe. Tout d’abord, 1636 patients chroniques ont répondu à la question ouverte « si vous aviez une baguette magique, que feriez-vous pour améliorer votre prise en charge ? ». Leurs réponses en texte libre ont permis de formuler 147 axes d’amélioration des consultations, de l’organisation des hôpitaux et du système de santé en général. Les résultats de ce travail ont été publiés précédemment (Tran VT, BMJ Qual Saf 2019).Dans cette nouvelle étude, 3002 patients participants à ComPaRe ont classé les 147 axes d’amélioration précédemment proposés par les patients par ordre d’importance. Parallèlement, l’équipe a demandé à 150 experts du système de santé (soignants, administrateurs d’hôpitaux, décideurs politiques) d’évaluer la complexité de mise en œuvre de ces axes d’amélioration. Concernant les consultations, les principales priorités d’amélioration, pour les patients, étaient d’améliorer la prise en charge de la douleur, souvent sous-estimée par les soignants et d’améliorer la relation médecin malade, en particulier en améliorant l’écoute des soignants. Concernant l’organisation des hôpitaux, les principales priorités d’amélioration, pour les patients, étaient de systématiquement remettre aux patients des copies de leurs examens et comptes rendus et de développer un accès spécifique aux urgences en cas de décompensation d’une maladie chronique. Concernant l’organisation globale du système de santé, les principales priorités d’amélioration, pour les patients, étaient d’améliorer la formation des soignants concernant certaines maladies ou traitements spécifiques et de mettre en place un répertoire permettant d’identifier les soignants compétents et expérimentés pour des maladies données. Les chercheurs ont également montré qu’en fonction des contextes, jusqu’à 70% des priorités des patients étaient considérées comme pouvant être très facilement mises en place, selon les experts. La description complète des résultats de l’étude offre aux chercheurs, aux professionnels de santé et aux décideurs, la première cartographie globale des priorités d’amélioration de la prise en charge des maladies chroniques, en France.
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