Résumé :
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« L’épuisement professionnel pourrait être qualifié d’épuisement relationnel. Il se caractérise en effet par des prises en charge répétées d’usagers réputés difficiles, voire « inguérissables » (Truchot, 2005). Il menace prioritairement les agents impliqués dans la relation d’aide avec le public, et en premier lieu dans le champ de la santé (Davezies, 1992). S’agissant des travailleurs sociaux, le problème se pose principalement dans la sphère de la relation éducative en milieu fermé (Freundenberger, 1982) dans les secteurs de l’inadaptation sociale, du handicap et de l’enfance en danger (Villatte et al., 1993).
Les spécialistes (notamment psychologues) qui accompagnent les travailleurs sociaux connaissent bien ce problème qu’ils relient à la question du transfert. Affecté par la personne qu’il aide, parce que cette rencontre révèle des injustices qui lui sont insupportables ou qu’elle actualise des éléments douloureux de son histoire personnelle, le professionnel est confronté à une charge émotionnelle. Lorsque l’intervenant n’arrive plus à contenir ces affects, il risque un excès d’empathie (qui peut aller jusqu’à des formes d’emprise) ou, au contraire, de ne plus reconnaître ni supporter les valeurs et les comportements des usagers et de leurs familles (Villatte et al., 1993) jusqu’à devenir indifférent, cynique, dégoûté, violent ou maltraitant (Fablet, 1998). Cette tension relationnelle se traduit, notamment chez les professionnels les plus exposés, par un taux élevé d’absentéisme, une fatigue physique particulière souvent associée à des troubles musculo-squelettiques, un turn-over important, des sorties précoces de la carrière. »
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