Philippe Hambye – REFLEX https://sites.uclouvain.be/reflex Le 1er blog pour mieux communiquer à l'université Tue, 13 May 2014 20:27:56 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.4.2 Des collocations problématiques https://sites.uclouvain.be/reflex/des-collocations-problematiques/ https://sites.uclouvain.be/reflex/des-collocations-problematiques/#respond Tue, 13 May 2014 20:27:56 +0000 http://sites.uclouvain.be/reflex/?p=39963 Lire la suite ]]> ADNLe discours scientifique présente toute une série d’expressions caractéristiques qui correspondent à des opérations récurrentes dans une démarche de recherche : construire une problématique, formuler une question, élaborer et confirmer/infirmer des hypothèses, présenter et discuter des résultats, tirer des conclusions, etc.

À force de lire ces expressions, certains étudiants finissent parfois par les mélanger et créent ainsi des #collocations impropres, que ce soit parce qu’elles sont tout simplement inattendues ou parce qu’elles associent un verbe et un nom qui ne peuvent être combinés en raison de leur sémantisme propre. Dans les travaux d’étudiants, on trouve ainsi souvent des formules comme :

« répondre à notre problématique#collocationR on peut répondre à une question, mais pas à une problématique ; on peut par contre l’examiner, l’éclairer, l’étudier, etc.»

« répondre à nos hypothèses#collocationR idem »

« résoudre une hypothèse#collocationR on peut résoudre un problème, mais pas une hypothèse ; une hypothèse est une affirmation qui peut être validée, vérifiée, discutée, confirmée, confrontée à des données, etc. »

« approcher notre hypothèse#collocationR collocation qui est plus inhabituelle que fautive et qui souffre surtout de son imprécision ; on préférera des expressions comme celles suggérées dans l’exemple précédent »

Bref, ceci rappelle qu’il faut éviter de reprendre des formulations uniquement parce qu’elles nous paraissent familières et qu’il faut s’interroger sur le sens précis des mots que l’on utilise.

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Une tautologie est une tautologie https://sites.uclouvain.be/reflex/une-tautologie-est-une-tautologie/ https://sites.uclouvain.be/reflex/une-tautologie-est-une-tautologie/#respond Mon, 24 Mar 2014 22:55:38 +0000 http://sites.uclouvain.be/reflex/?p=39773 Lire la suite ]]> RousseauLorsqu’on lit un écrit formel informatif ou argumentatif, on s’attend à ce que l’auteur de ce texte communique ses idées de la façon la plus directe et la plus lisible possible. Contrairement à ce qui se passe dans une conversation entre amis, le contrat de communication entre l’auteur et le lecteur suppose que la forme soit au service de l’efficacité de la transmission du message .

C’est la raison pour laquelle, dans ce type d’écrit, on cherche à éviter les redondances inutiles et à faire progresser l’information de façon systématique (tout en évitant l’omission d’informations indispensables qui créerait des sauts dans le raisonnement). Il s’agit donc d’éviter par exemple les explications tautologiques comme celle qui suit, extraite d’un travail de séminaire :

« Ainsi, dans ses nouvelles orientations, la lecture est actuellement perçue comme un processus de langage actif, dynamique, interactif, communicatif et qui construit du sens. De fait, le mécanisme de lecture est à présent envisagé tel un processus actif et dynamique à l’inverse d’un phénomène linéaire ou statique. »

Sachant que ce qui est interactif est nécessairement actif et non linéaire, que ce qui est dynamique est nécessairement non statique et que ce qui est communicatif construit nécessairement du sens, on pourrait se contenter d’écrire que « la lecture est actuellement perçue comme un processus langagier dynamique, interactif et communicatif ». Il est utile ensuite de développer cette idée en expliquant ce qui caractérise un processus dynamique et interactif et de l’étayer en montrant ce qui permet de dire que la lecture est bel et bien dynamique et interactive. Répéter la phrase en la reformulant légèrement peut donner l’illusion qu’on en a donné une explication… mais cela ne permet pas de communiquer ses idées efficacement.

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En matière de lexique, le diable (rouge) est dans les détails https://sites.uclouvain.be/reflex/en-matiere-de-lexique-le-diable-rouge-est-dans-les-details/ https://sites.uclouvain.be/reflex/en-matiere-de-lexique-le-diable-rouge-est-dans-les-details/#respond Mon, 24 Mar 2014 22:34:47 +0000 http://sites.uclouvain.be/reflex/?p=39593 Lire la suite ]]> Comme en cette année de coupe du monde de football, le ballon rond fait incontestablement recette, REFLEX se met aussi à parler football.

Vandewalle

Enfin presque…

En octobre dernier, Philippe Vande Walle, ancien gardien de l’équipe nationale belge de football, a été remercié par la RTBF où il officiait comme chroniqueur pour avoir diffusé un message sur twitter, qualifié par la presse de « raciste ».

« Bakkali Diable Rouge… »J’sais pas encore »!!!… Ça commence à me pomper l’air!!!!Des »Purs Belges »(Meunier,Vossen) viennent en rampant »…

Autrement dit, pour ceux qui auraient du mal à comprendre ces paroles laconiques : « ça m’énerve qu’un joueur comme Bakkali (qui a la double nationalité) hésite entre l’équipe nationale belge et l’équipe nationale marocaine alors qu’il y a d’autres joueurs (Meunier, Vossen) qui sont de « purs belges » et qui ne demandent qu’à porter les couleurs de la Belgique »

Selon le communiqué de la RTBF, les propos tenus dans ce message sont « contraires aux valeurs que la radio et télévision publique entend défendre » ; ils sont aussi « inacceptables » et « inadmissibles » selon l’article publié dans Le Soir du 6 octobre 2013 pour rendre compte de l’événement.

Chacun jugera sur base de sa morale personnelle s’il estime les propos de Vande Walle admissibles ou non. En revanche, ce dont on peut discuter ici, c’est du caractère raciste de ces propos. Vande Walle s’en est d’ailleurs ému dans un autre message : « Je ne suis en AUCUN cas raciste!!!!!C’est le « principe » choix qui m’interpelle. » Il précisera par ailleurs dans la presse toujours pour se défendre de cette accusation : « Ma fille sort avec un Turc et je suis encore allé manger un couscous le week-end dernier. Donc, franchement, me taxer de racisme, c’est totalement faux  » (Le Soir du 7 octobre 2013). Si le raisonnement prête à sourire (je connais des mangeurs de pizzas qui n’apprécient guère les Italiens…) et n’est pas très valide sur le plan de l’argumentation, il reste qu’on peut se demander si le qualificatif « raciste » est adéquat.

En réalité, rien dans les propos de Ph. Vande Walle ne peut être qualifié de raciste, comme l’a d’ailleurs souligné le Mrax quelques jours plus tard. Par ces propos, Vande Walle témoigne sans doute d’une certaine xénophobie et surtout d’une vision essentialiste de la nationalité : son message suggère que, pour lui, être belge, ce n’est pas une question administrative, c’est une question de sang, de propriétés intrinsèques à l’individu ; ce qui fait qu’indépendamment de votre nationalité officielle, vous pouvez être un vrai belge, un « pur belge », selon que vous possédez ou non lesdites propriétés (ce qui du coup pourrait vous donner certains privilèges, comme par exemple celui d’intégrer l’équipe nationale). Cela relève d’une idéologie nationaliste, mais pas du « racisme » au sens strict qui, selon le TLFI, suppose une hostilité envers une race jugée inférieure. Ph. Vande Walle semble croire qu’il existe des identités nationales, des nationalités en soi, mais il n’a pas posé l’existence de races.

Dans un éditorial commentant cette affaire, Béatrice Delvaux déclarait dans Le Soir (8 octobre 2013): « Les mots ont un sens. Ils ne s’utilisent pas n’importe comment, n’importe où. » Pourtant, elle reprenait à son compte la qualification de « racisme » utilisée auparavant par les journalistes du Soir.

En accusant Ph. Vande Walle de racisme dans un sens très lâche, les journalistes se sont en quelque sorte trompés de cible et n’ont pas pointé les véritables enjeux de ses propos. Ce qui lui a permis par ailleurs de répondre facilement aux critiques en affirmant qu’il n’était pas raciste, puisqu’en réalité ce n’était pas là que se situait le problème. Oui, « les mots ont un sens » et ceci nous montre à nouveau l’importance de les choisir de façon précise en tenant compte de leurs nuances sémantiques, surtout lorsqu’il s’agit de porter une accusation ou d’essayer de décrire un phénomène complexe. À bon entendeur…

 

  Photo © Belga

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Quand la forme est partie, le sens danse… https://sites.uclouvain.be/reflex/39203/ https://sites.uclouvain.be/reflex/39203/#respond Fri, 14 Feb 2014 09:40:29 +0000 http://sites.uclouvain.be/reflex/?p=39203 Lire la suite ]]> Little_Gray_Mouse_-_Dancing_for_JoyUn prof qui corrige une copie d’examen d’un étudiant est souvent amené à se poser la question suivante : « est-ce qu’il n’a rien compris ou est-ce qu’il n’arrive pas à exprimer ce qu’il a compris ? ».

On dit que ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, mais toute l’approche de ce blog consiste à dire que l’inverse est souvent vrai : c’est parce qu’un étudiant se préoccupe de la forme de ses énoncés qu’il arrive à organiser ses idées et à mieux les communiquer.

 

Dans l’exemple suivant, on voit bien que lorsque la forme pose problème en général (orthographe, syntaxe, organisation du texte), le sens finit lui aussi par se dérober…

Il s’agit d’une réponse à une question de l’examen de janvier 2014 du cours LROM1311 qui demandait aux étudiants d’identifier les mécanismes à l’oeuvre dans une série d’évolutions sémantiques qui leur étaient présentées.

Les mécanismes qui sont à l’oeuvre dans ces évolutions sémantiques consistent en élargissements de sens#morphème_gramm #terme_imprécisR consistent en des extensions de sens ou plutôt procèdent par/constituent/s'appuient sur/etc. des extensions, #ortho_grammR dus aux connotations que l’on porte sur le signifié#collocation #terme_imprécisR aux connotations que l'on associe à un mot ; on ne 'porte' pas une connotation à un signifié du mot. C’est aussi souvent le cas#cohésionR De quoi parle-t-on ? à quoi renvoie le 'C'est'? par métonymie. Par ailleurs#connecteurR Le 'Par ailleurs' laisse entendre qu'on va introduire un autre type d'argument en faveur de la même thèse. Or, on passe à une toute autre idée. Il aurait fallu créer un nouveau paragraphe, ce genre d’évolutions sémantiques se retrouvent#ortho_grammR retrouve ; 'genre' s'accorde au singulier, il ne désigne pas une pluralité (comme 'la plupart de', 'la majorité de') assez souvent parmi#terme_imprécisR au sein des langues ; 'parmi' supposerait que 'ce genre d'évolution' est un membre de la catégorie des langues romanes (le français est classé parmi les langues romanes) les langues romanes. Par exemple, en français « travailler » vient du latin « tripalium » qui était#terme_imprécisR désignait ; 'tripalium' est un mot, ce n'est pas un instrument au départ un instrument de torture. Cela#cohésionR De quoi parle-t-on ? à quoi renvoie le 'Cela'? a ensuite été assimilé à « labeur physique éprouvant » que l’on ensuite assimilé#phrase_incomplèteR on a ensuite à l’idée de travail.

Cette réponse présente par ailleurs un problème général de raisonnement. Dire qu’une évolution sémantique est un « élargissement du sens » est quasiment une #tautologie (la plupart des évolutions sémantiques procèdent par extension de sens). L’#argumentation est inexistante car les affirmations ne sont pas étayées : l’étudiant ne montre pas pourquoi il peut dire que les exemples fournis dans la question correspondent à des élargissements ; il parle de métonymie, mais n’explique pas le lien avec les mécanismes d’évolutions sémantiques ; il donne un exemple à la fin de sa réponse mais ne montre pas en quoi il illustre son propos (en quoi constitue-t-il un indice de l’existence de « ce genre d’évolutions sémantiques » dans les langues romanes ?)

Certes, on pourrait dire que cet étudiant n’aurait sans doute pas obtenu une note très élevée pour cette question même s’il avait fait attention à mieux la formuler. Mais il aurait pu exprimer plus clairement les quelques éléments de réponse qu’il connaissait et ainsi gagner quelques points. Or ce ne sont parfois que quelques points qui séparent la réussite de l’échec. Et ce sera d’autant plus vrai lorsque l’on pourra réussir avec 10/20 !

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Un seul être vous manque et tout est dépeuplé https://sites.uclouvain.be/reflex/un-seul-etre-vous-manque-et-tout-est-depeuple/ https://sites.uclouvain.be/reflex/un-seul-etre-vous-manque-et-tout-est-depeuple/#respond Mon, 10 Feb 2014 10:19:39 +0000 http://sites.uclouvain.be/reflex/?p=39383 Lire la suite ]]> Sailing boat

Chères et chers abonnés,

Cela fait bien longtemps que vous n’avez plus reçu de message de ce blog. Et pour cause : la cheville ouvrière de l’équipe qui gère REFLEX a dû voguer vers d’autres rives professionnelles et il nous a fallu un peu de temps pour pallier son absence*.

Mais tel le phénix, REFLEX reprendra vie d’ici quelques jours et vous recevrez à nouveau régulièrement un message de notre part.

Longue vie à REFLEX et bonne année 2014 à toutes et tous !

 

*La norme de référence prescrit un usage transitif de pallier, alors qu’il existe un usage répandu de pallier avec une préposition (pallier à son absence), sans doute calqué sur des formes comme remédier à. Vu que cet usage est très répandu, il sera largement toléré dans bien des contextes où nul ne le repérera comme une erreur (de type #morphème_gramm) . Il se trouvera même sans doute des gens pour penser que vous avez commis une faute de français s’ils vous entendent dire, par exemple, « il faut pallier le manque de moyens ». Dans ces conditions, on peut considérer que l’emploi de l’une ou l’autre forme doit être fonction du #registre que l’on souhaite adopter.

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