Rufin Schockaert, (1875-1953)
Précis du cours de déontologiemédicale (1940)


L'ouvrage comporte trois chapitres:
* Obligation morale du médecin
* Droits du médecin.
* Dispositions légales et administratives

Pour l'auteur, les obligations morales sont inscrites dans le décalogueet la charité chrétienne. La plupart des exemples qu'il donneconcernent la gynécologie et l'obstétrique.

* L'avortement, même thérapeutique,est toujours illicite.
* Les méthodes anticonceptionnelles sont interdites, sauf la méthoded'Ogino-Knaus, dit du thermomètre.
* Les "rapports tronqués" auraient des effets néfastes (pourJoseph Bouckaert, ils équivalaient "à prendre àLouvain un billet de chemin de fer pour Bruxelles et descendre à Schaerbeek)
* De même, le stérilet était considérécomme très dangereux, instrument "abortif plus qu'anticonceptionnel" (La pilule et le SIDA étaient encore inconnus. Les autresmoyens anticonceptionnels ne sont pas mentionnés.)

Rufin Schockaert donne au jeune médecin des conseils judicieux :il estime que quitter son poste devant un malade contagieux est une désertion,que les visites superflues et les examens inutiles sont assimilables àdes escroqueries et, qu'accepter des sommes d'argent de fabricants de médicamentsou de maisons de cure ou d'établissements balnéaires est illicite.

Il faut donner des explications simples au malade et à sa famille.Le patient doit être écouté avec bienveillance, mêmes'il est "lent d'esprit et armé de préjugés". L'interrogatoiredoit être adapté au caractère et au niveau intellectueldu malade. En matière de maladies vénériennes, il fautparfois éviter d'éveiller des soupçons chez le conjoint.

Certains conseils sont plus anecdotiques.

- "Bien qu'il ne doive pas vivre en anachorète, le médecinne doit pas être client des cabarets, ni perdre un temps précieuxau jeu de cartes. Il ne doit pas accepter facilement l'apéritif qu'onlui présente lors de ses randonnées".

- "Une gaîté exagérée est àéviter, car elle est souvent prise pour de la légèreté".

- "Le médecin qui parle trop en présence de sesmalades risque d'oublier ce qu'il a dit et de dire le contraire quelque tempsaprès".

- Il faut éviter de prendre une attitude penaude ou hésitanteau cours d'un examen, mais ne pas non plus vouloir paraître omniscientet vouloir tout faire soi-mème dans les cas difficiles".

- "Ne pas exagérer la gravité du cas avec l'intentioncachée de pouvoir s'attribuer le succès de la guérison".

- "La nature intime de l'examen gynécologique rend souhaitableque le médecin se marie. Les femmes se laissent souvent mener pluspar le coeur que par l'esprit et éprouvent aisément de la sympathiepour le médecin qui les soigne avec dévouement, surtout sileur mari est moins cultivé qu'elles, si elles ont des déboiresdomestiques ou des dispositions romantiques".

-" Le médecin doit avoir de bons rapports avec les pharmaciens...car leur influence sur la clientèle est très grande".

Et enfin, la cerise sur le gateau:
- "La note du chirurgien doit être envoyée le plus tôtpossible après la guérison, car, s'il attend longtemps, lamémoire des clients s'estompe et leur reconnaissance s'affaiblit".

Au total, malgré une certaine pensée archaïque et naïve,(Otempora ! ô mores ! ),les conseils sont utiles et de bon sens.

René Krémer.