In memoriam Henoch Meunier(1928-2000)

C'est avec émotion que nous avons appris le décèsdu Professeur Henoch Meunier survenu le 7 novembre 2000, à la veillede ses 72 ans.

Proclamé docteur en médecine en 1953, il se spécialisaen Médecine Interne sous l'égide du Professeur Lambin puisil occupa un poste d'interniste à l'hôpital de Châtelet.Ensuite, le Professeur Lavenne le rappela pour lui confier la Médecineinterne générale dans le service qu'il dirigeait et qu'ilétait occupé de structurer. Déjà à cetteépoque, jeune interniste, il avait été remarquépour ses compétences extrêmement étendues et pour laconception qu'il avait de la relation entre le médecin et son malade.

Monsieur Meunier était un médecin et un interniste érudit,il avait des connaissances encyclopédiques.  Sans bruit, ilse tenait informé de la littérature médicale. Dans un désir de toujours progresser et de mieux comprendre, ila souhaité poursuivre une activité de laboratoire en mettantau point différentes techniques de dosages au laboratoire de laClinique « Le rayon de soleil » à Montignies-le-Tilleul. Il s'intéressait particulièrement au métabolisme deslipides.

La culture médicale du Professeur Meunier n'était paspour lui un prétexte pour se mettre en évidence.  Tropmodeste, il fallait être confronté à des situationsdifficiles pour lui demander conseil et se rendre ainsi compte de l'étenduede ses connaissances.  Il était d'une réserve parfoisexcessive.

Le Professeur Meunier exerçait la médecine comme un véritablesacerdoce. Bien sûr, il accompagnait ses jeunes assistants, leurenseignait la médecine interne dans un véritable compagnonnage.Mais le dialogue singulier du médecin et du malade restait son leitmotivabsolu.  Il revoyait ses malades, seul dès la premièreheure de la journée ou souvent tard le soir.  Il ne pouvaitpas quitter son service sans s'être enquis de l'évolutiond'un malade grave ou tout simplement aller souhaiter la bonne nuit àun de ses fidèles patients.

Outre la qualité de la formation qu'il prodigua à desgénérations d'internistes, le Professeur Meunier avait marquéd'un signe indélébile les étudiants des doctorats. Il assumait une partie du cours de séméiologie médicaled'abord en cotitulariat avec le Professeur Arcq, ensuite avec les ProfesseursJacques De Plaen et E. Coche.  Il enseignait aussi la pathologie interneaux futurs pharmaciens et aux futurs dentistes.

Cependant, là où il excellait, c'était sûrementlors des leçons cliniques.  Quel est l'étudiant quine se souvient pas de quelques expressions favorites du Professeur Meunier. "Dis, Madame, pourquoi es-tu venu à l'hôpital ? » Dis,Madame, où tu as mal ? ».  La plupart du temps, il tutoyaitses malades et personne ne trouvait à redire à cette façonde faire.  Il était tellement proche de son malade qu'il luipardonnait tout.

Proche du malade, médecin à la vaste culture scientifique,enseignant ayant marqué des générations d'étudiantset de jeunes spécialistes, il fut souvent sollicité pourreprésenter son université.

Il fut entre autre membre du Conseil technique médical, de laCommission d'agrément en Médecine interne dont il assurala présidence et du Conseil de l'ordre des médecins du Brabant.Alors qu'il était déjà parmi les aînés,il s'est engagé dans le Conseil médical afin de mieux faireentendre la voix de la Communauté médicale.

Que dire de l'homme dans son intimité ? Il est certain qu'ilne se livrait qu'à quelques initiés.  Il parlait peude sa famille, il avait établi des balises quasi imperméablesentre sa vie privée et sa vie à l'hôpital.

Nul ne sait quelle fut sa souffrance profonde en raison de son handicap. Sous certains aspects, il semblait négliger ce problème,mais celui-ci le tenaillait continuellement.  Son dernier accidentqui mit fin prématurément à son activité médicalel'a certainement marqué profondément.  Il vécutsûrement des moments extrêmement pénibles.  Ilne s'en remit jamais et il assista impuissant à une lente descentequi lui donna le sentiment amer de son inutilité.

Cher Monsieur Meunier, tout le monde aux Cliniques universitaires Saint-Lucvous connaissait. Tous ceux qui ont pu vous approcher de plus prèsont reconnu un enseignant, un maître, un modèle.  Ceuxqui étaient vos confidents ont pu mieux juger encore de votre humanitéet de votre souffrance. Tous nous garderons le souvenir d'un médecinau grand cțur proche de ceux qui souffrent.
 

Les Membres du Service de Médecine Interne Générale