Louvain Med. 102 : 444-445; 1983 IN MEMORIAMLe 20 juillet 1983, le Docteur Christiane Rombouts-Lindemans nous quittait au terme d'une affection au cours inexorable, décelée douze mois auparavant. Le désemparement des malades auxquels elle prodigua ses soins avec un courage extraordinaire jusqu'au 27 mai n'a d'égal que notre propre desarroi. Elle aimait tant la vie qu'elle n'a jamais accepté de la voir lentement se dérober, et cela avec une tranquillité, une assurance, une détermination, une sérénité qui réconfortaient tous ceux qui lui rendaient visite. Avec le décès inopiné du regretté Gérard Ponchon en 1973, c'est la deuxième fois que le Service de Rhumatologie est ainsi cruellement endeuillé.Christiane était née à Uccle en 1940. Elle fit ses humanités gréco-latines à l'Institut des Dames de Marie à Bruxelles. Ses études de médecine à l'UCL (1958- 1965) confirmèrent combien elle était brillante,termi0nant cinq années sur sept avec une grande distinction, les deux autres avec une distinction. Pareilles prémices la prédisposaient à réussir brillamment le Concours de Médecine Interne au printemps 1965, où elle partagea les premières places avec les Dr Jean-Pierre Huaux et Albert Hermant. Sa curiosité, son caractère cosmopolite allaient déjà l'amener durant ses stages de quatrième doctorat à séjourner pendant quatre mois à Lyon dans le Service de Gynécologie et Obstétrique du Professeur Pigeaud. Elle fit ses trois premières années de Médecine Interne dans le Service du Professeur F. Lavenne (1965-1968), où elle conquit ses malades, le personnel paramédical, ses condisciples et ses maîtres par sa personnalité qui alliait le coeur au savoir rehaussé de ce brin d'intuition propre au sexe féminin. Elle se familiarisa avec la Rhumatologie dans le Service du Professeur S. de Sèze à Paris en 1968-1969, au Centre Viggo Petersen de l'Hôpital Lariboisière, où en dehors de la Clinique elle s'initia aux techniques d'immunopathologie au contact des Professeurs A.P. Peltier et M.F. Kahn. Son travail sur le traitement du lupus érythémateux disséminé par le chlorambucil fit l'objet d'une communication au Congrès International de Rhumatologie à Prague (1969) et d'un article original paru dans la Semaine des Hôpitaux de Paris (1971). Du séjour dans ce Centre, elle ramena un enthousiasme dont je devais être le premier bénéficiaire lorsqu'elle termina en 1969-1970 sa Médecine Interne en me faisant l'honneur de rejoindre les rangs du Service de Rhumatologie. Elle ne les quittera plus que pour un séjour à Heinola en Finlande, au Rheumatism Foundation Hospital, où elle étudia tout particulièrement la polyarthrite juvénile. C'est en 1968 qu'elle avait épousé le Docteur Jean-Jacques Rombouts, qui allait se spécialiser en chirurgie orthopédique et rejoindre le Service du Professeur A. Vincent. J'eus le plaisir d'assister, avec le Professeur Lavenne, aux cérémonies et festivités qui scellèrent cette union dont la solidité et l'harmonie furent un exemple pour tous. Les observations qu'ils firent ensemble à Heinola demeurent des classiques de la littérature médico-chirurgicale, notamment celles concernant la coxopathie (Acta rheum.scand.1971) et surtout la scoliose de la polyarthrite juvénile (J. Bone Jt Surg., Brit. Vol. 1274), description princeps. Nommée résidente en 1971, Christiane devint Chef de Clinique adjointe en 1973 et ef de Clinique associée en 1979. Elle joignit la Société Belge de Rhumatologie, dont elle devint membre titulaire en 1974. Ses qualités éminentes la firent élire comme membre du Conseil d'Administration en 1979. Ce fut un véritable privilège de pouvoir la côtoyer et de la voir oeuvrer dans le service de Rhumatologie, où de solides liens d'amitié m'unirent comme tant d'autres à elle. Elle s'intéressait autant à l'immunopathoîogie qu'au métabolisme phosphocalcique, à la clinique qui tend à poser des diagnostics précis et à appliquer des traitements efficaces, qu'à la recherche clinique qui tend à montrer le pourquoi et le comment d'un mécanisme physio-pathologique ou d'une modalité thérapeutique. C'est elle qui faisait tout particulièrement le lien avec notamment les Services d'Anatomopathologie, de Pédiatrie et tout naturellement d'Orthopédie. Sa vaste culture médicale lui permettait d'embrasser ces différents domaines avec le brio et l'enthousiasme qui la caractérisaient. Elle a contribué à la plupart des recherches du Service de Rhumatologie, participé la majeure partie de ses publications et assemblé des recherches très originales dans le domaîne de l'hypoparathyroïdie idiopathique, du diabète phosphaté de l'enfant et du phénomène de désensibilisation hétérologue à la parathormone. Ces travaux étaient en chantier. Jusqu'enfin 1982, elle signa ou cosigna 63 publications. Elle passait des heures au microscope en Anatomopathologie dans d'ingrats exercices de lectures histomorphométriques de l'os dont elle voulait percer tous les secrets. Tous ceux qui ont connu Christiane savaient à quel point elle avait l'art de marier la science et la bonté, le sérieux et l'humour. Elle était toute de rigueur intellectuelle et morale, sans le moindre rigorisme. Elle était obstinée dans les objectifs qu'elle poursuivait, mais faisait régner autour d'elle la joie. Quand elle fut malade, elle ne voulait pas déranger. Christiane était aussi une personne complète, fervente d'art, d'histoire et de littérature, suivant de près les courants intellectuels, les expositions, la vie théâtrale. Elle aimaiit toutes les choses de la vie, lui conférant un côté bon vivant sans jamais verser dans l'excès. Elle était toute harmonie. Très féminine, elle dégageait un charme disret. Depuis son départ, nous lui sommes plus attachés encore. Sa place est vacante dans notre coeur aussi. Je présente ici mes condoléances chrétiennes à ses parents tant éprouvés, à sa famille, mais avant tout à son époux dont le courage tout au long de l'épreuve a fait l'admiration de tous. Louvain médical s'associe tout particulièrement à ces condoléances, car elle en fut une collaboratrice dévouée. Ses premières contributions datent de 69 (la nécrose idiopathique de la tête du fémur chez l'adulte) et de 1970 (le facteur rhumatoïde), la dernière de 1982 (la polyarthrite rhumatoïde juvénile), à l'occasion des Journées d'Enseignement Postuniversitaire de l'Ascension, dont elle était une habituée fidèle et très attendue. Charles NAGANT DE DEUXCHAISNES |