Le Professeur André-Noël Dardenne nous a quittés le 15 janvier 2007 après s’être battu avec courage et dignité contre un néoplasme pharyngé.
Né le 24 décembre 1944 à Charleroi, André Noël Dardenne a poursuivi ses études médicales à l’Université Catholique de Louvain.  

Diplômé en 1970, André Dardenne s’est formé  en radiodiagnostic dans le service du Pr P. Bodart, à l’hôpital Saint-Pierre à Louvain.
Il avait été comme d’autres fasciné par l’approche radioclinique de Pierre Bodart, approche basée sur la combinaison de deux démarches au profit du patient : d’une part une technique radiologique optimale, adaptée à chaque cas, et d’autre part un raisonnement déductif (plutôt que la mémorisation d’images stéréotypées).
Appliquée à la radiologie néphro-urologique, cette approche faisait merveille.
Dès son assistanat, André Dardenne polarisa son intérêt sur ce secteur, et contribua  à amener la « néphro-urographie intra-veineuse » à un niveau de performance extraordinaire, en combinant l’injection ultrarapide de produit de contraste, à des  tomographies précoces, puis soigneusement minutées en fonction de la physiologie urinaire.  Moyennant ces développements, cette technique surpassait l’angiographie rénale qui, quoique plus agressive, restait pour beaucoup la référence.

A cette même époque naissait sous l’impulsion de quelques pionniers, dont le Pr F. Weill de Besançon, l’échotomographie, méthode d’imagerie permettant d’évaluer les parenchymes (rénal mais aussi hépatique, splénique) et les structures liquidiennes (urinaires mais aussi biliaires) normales ou pathologiques.
Le jeune radiologue qu’était André Dardenne devint un adepte précoce de cette méthode dans laquelle il s’investit avec autant d’enthousiasme et de créativité que dans la réalisation et l’interprétation des autres méthodes d’imagerie de l’époque : la néphro-urographie, l’angiographie et certains actes interventionnels dont les ponctions de kystes et la néphrostomie.

C’est dans ce contexte que, devenu assistant spécialiste en 1974 puis résident en 1976, André Dardenne participa activement au développement du service de radiologie à Woluwe, service dont il fut un des pionniers.
Rappelons qu’en attendant le déploiement du secteur d’imagerie vasculaire aux cliniques  Saint-Luc, et l’arrivée du Dr J. Dautrebande, André Dardenne assuma une activité de radiologie vasculaire  et interventionnelle dans l’unité de radiologie d’urgence.
Très attaché au service de radiologie des cliniques Saint-Luc, André Dardenne en est devenu membre permanent en 1978, en tant que Chef de clinique adjoint.
Il y a poursuivi toute sa carrière hospitalo-universitaire, assumant à partir de 1989 les fonctions de chef de clinique et de chargé de cours clinique.
André Dardenne a polarisé son activité médicale et d’enseignement sur la pathologie abdominale et néphro-urologique, tirant parti de toutes les modalités d’imagerie : radiographie, tomographie, échographie, scanner et résonance magnétique.
Parmi ces techniques, c’est l’échographie qui le fascinait le plus.

C’est à elle  qu’il a donné la plus forte impulsion, tant sur le plan de l’activité médicale que de la recherche et l’enseignement. André Dardenne a vraiment été un des pionniers de l’ultrasonographie abdominale en Belgique.
Il a contribué à la formation échographique de nombreuses générations de jeunes radiologues et leur a transmis sa passion pour l’utilisation de cette méthode.
Parmi les anciens assistants en radiologie, nombreux sont ceux qui considèrent André Dardenne comme celui qui fut leur maître à penser en échographie. Aujourd’hui encore, ils perpétuent l’enthousiasme que leur avait inculqué André Dardenne.
Parmi eux, citons  par exemple Jean Louis Brasseur, Thierry Puttemans, et finalement Etienne Danse, avec lequel l’osmose fut si importante.
Même durant les phases difficiles traversées par André Dardenne les dix dernières années de sa vie, Etienne Danse est resté pour son mentor un compagnon de route particulièrement précieux, fidèle, et respectueux.

Finalement,  le Dr A. Dardenne avait accumulé une énorme expérience en radiologie néphro-urologique.  Il assumait un rôle de consultant avisé et respecté par les cliniciens.
Au delà de ses fonctions de clinicien et d’enseignant, il s’était impliqué tout naturellement dans diverses sociétés savantes qui appréciaient ses contributions.
Il fut notamment Président de l’Association belge d’ultrasonographie médicale, vice président de la Fédération des sociétés belges d’ultrasonographie médicale et membre fondateur de la société d’imagerie génito-urinaire.
De plus, il s’est beaucoup investi dans l’aide aux radiologues de pays en voie de développement, contribuant personnellement à la formation et l’installation ultérieure  de radiologues africains, et sud-américains notamment.

En toutes circonstances, le Dr A. Dardenne manifestait un immense respect pour les patients, les étudiants, les assistants, ses collègues et toutes les catégories de personnel qu’il côtoyait.
En retour, il était entouré de l’amitié et de l’estime de tous ses collègues médecins, et non médecins, et continuera à vivre dans leurs cœurs.
Nos pensées vont à sa famille et en particulier à ses enfants, Valérie, Nicolas et Jenny, et ses petits enfants Romane, Simon, Florent, Clara, Lou et Anna  dont il était  si proche.

Pr Baudouin Maldague