Séminaire : « Canaliser la transition numérique pour atterrir dans les limites planétaires » Prof. David Bol

La transition numérique est sur toutes les lèvres, que ce soit pour relancer l’économie dans les pays désindustrialisés ou pour réduire leurs émissions de gaz à effets de serre (GES). Cependant, les services numériques portent également des externalités négatives que ce soit en termes environnementaux (2 à 4% des émissions de GES en 2020, dépendance à certains métaux critiques, éco-toxicité des déchets électroniques) et sociaux (addictions, cyber-criminalité, fracture numérique, tensions géo-politiques, polarisation) voire ontologiques (artificialisation du réel). Dans ce cadre, les réglementations pour encadrer les services numériques et plus particulièrement l’intelligence artificielle fleurissent. Dans cette intervention, nous nous concentrerons sur la dimension environnementale, pour questionner les promesses de réduction d’émissions de GES rendues possibles par des services numériques. Nous les remettrons dans la perspective des limites planétaires et de notre budget d’émissions de GES restantes. Nous montrerons que l’alignement des émissions de GES du secteur numérique sur les trajectoires climatiques des Accords de Paris ne peut être obtenu par la seule amélioration de l’efficacité, en prenant le sous-secteur numérique de la production de semiconducteurs (puces électroniques).

Nous soutiendrons le besoin d’une approche dite de « backcasting » pour construire des scénarios réalistes qui canalisent cette transition numérique pour décarboner les différents secteurs économiques. Il s’agit donc 1) d’utiliser le potentiel du numérique là où il est pertinent, peu sujet à effet rebond et encadré, 2) en combinaison avec des solutions non technologiques (innovations sociales), et 3) tout en limitant le déploiement numérique par ailleurs.