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Séminaire approfondi de relations internationales : questions culturelles [ LSPRI2335 ]


5.0 crédits ECTS  15.0 h   1q 

Enseignant(s) de Wilde d'Estmael Tanguy ;
Langue
d'enseignement:
Français
Lieu de l'activité Louvain-la-Neuve
Préalables

Ce cours requiert l'aptitude scientifique acquise au terme d'un premier master en sciences politiques, orientation relations internationales ou équivalent, ainsi qu'une ouverture interdisciplinaire, à la culture, en particulier à la littérature.

Thèmes abordés

Ce séminaire approfondi entend mener un exercice interdisciplinaire sur la manière dont des réalisations culturelles (principalement la littérature, mais aussi l'art pictural et le cinéma) interprètent les relations internationales et s'en nourrissent. Quatre directions sont empruntées pour structurer le séminaire.

Pour situer le dialogue potentiel entre l'histoire, la politique et l'art, en particulier la littérature, un constat de départ doit être rappelé : quand les témoins d'une action politique disparaissent, les historiens demeurent et ne cessent de réviser leur appréciation au gré de l'ouverture d'archives nouvelles ; certes, mais ce n'est que l'art - la peinture, la sculpture, la littérature, le cinéma voire la musique - qui peut avoir la puissance de la perpétuation d'un fait ou d'un homme du passé sur la mémoire collective. La peinture ou la littérature réussissent ainsi souvent à s'emparer d'une réalité historique pour la rendre légendaire au sens premier du terme.

Que seraient Roncevaux sans la Chanson de Roland, Napoléon sans Stendhal, David ou Guitry, Koutouzov sans Tolstoï, la dénonciation de l'esclavage aux Etats-Unis sans La Case de l'oncle Tom, Le cuirassé Potemkinesans Eisenstein ou Guernica sans Picasso ? Et la guerre de Troie sans Homère ou Giraudoux, voire la bataille de Stalingrad sans Vassili Grossman perdraient aussi de leur éclat historique. L'art libère de toute contrainte : il glorifie ou stigmatise, omet ou accentue, synthétise ou revisite ; il charrie ainsi son lot d'entorses plus ou moins grandes à la vérité politico-historique, mais procure la force d'une autre capacité d'expression.

Trop souvent quand il s'agit d'élucider les rapports entre le politique et la littérature, l'accent est mis sur l'engagement des écrivains : militants, soldats, compagnons de route, résistants, dissidents, le spectre est large des parcours politico-intellectuels des écrivains. La vision se veut ici plus centrée sur les 'uvres littéraires. Ce qu'il importe de découvrir, ce n'est pas le positionnement politique de l'auteur mais la diffusion à travers l''uvre d'un écho ou d'une vision de la politique internationale. Les deux éléments peuvent converger, mais souvent le biais littéraire brise les dichotomies politiques, voire le manichéisme militant. Le dogmatisme, l'immédiateté s'effacent devant la réflexion de synthèse, le recul critique. Pour qui sonne le glas, par exemple, n'est pas un simple récit républicain commis par un membre des Brigades internationales engagé dans la guerre civile espagnole. Entre les phrases épiques, Ernest Hemingway formule aussi des doutes sur la violence utilisée contre les insurgés franquistes. De manière sous-jacente, il pressent les affres d'une lutte entre les totalitarismes, voire en leur sein, qui n'en est qu'à son banc d'essai.

En scrutant d'encore plus près la vision des relations internationales qui peut se dégager de romans, il ressort que la littérature offre davantage : elle permet de combler le vide que les meilleurs historiens ou les politistes les plus avisés laisseraient béants par leur rigueur. Les faits, rien que l'enchevêtrement des faits, les paroles et les actes, étayés par des sources, animent les plumes scientifiques. Entre les faits, il y a l'irréductible hermétisme des pensées et des intentions. L'historien avance des pistes ; le politiste interroge, analyse et vérifie des hypothèses. Tous deux doivent se garder de reconstruire sur la base de conjectures. La littérature désinhibe cette tentation pour s'insinuer là où les sources sont de peu de secours et où les hypothèses sont dans l'impasse. Comme un archéologue devant des fragments, un écrivain peut entrer en scène pour reconstruire et imaginer, dépasser les sources consultées et s'immerger dans le personnage pour en subodorer les ressorts. C'est par exemple la démarche opérée par Marguerite Yourcenar quand elle écrit les Mémoires d'Hadrien. «  ' à Plutarque échappera toujours Alexandre », affirme convaincue Yourcenar.

Le dernier temps analyse les trouvailles littéraires : si l'on peut effectivement débusquer des évocations littéraires de événements ou de personnages marquant des relations internationales, que véhiculent-elles comme perceptions (cliché, réalité, mythe, erreur, anachronisme, affabulation) de la réalité avérée d'un fait ou du rôle effectif de ces personnages ?

Enfin, un lien inversé entre la littérature et les relations internationales peut se nouer quand des diplomates tiennent la plume sans que leur métier soit l'unique source de leur créativité littéraire. Ainsi de Claudel ou de Saint-John Perse, par exemple' Et, beaucoup l'ignorent, Winston Churchill n'a pas été honoré du prix Nobel de la Paix mais couronné par celui de Littérature en 1953. Le comité Nobel souligna à cette occasion la particularité d'un homme d'Etat écrivain. Churchill s'inscrit dans une lignée rare qui va de Jules César et Marc Aurèle à Napoléon et Disraeli

Acquis
d'apprentissage

A la fin du cours, l'étudiant doit être susceptible de porter un regard éclairé sur certaines productions culturelles, certaines 'uvres d'art qui ont un rapport avec la politique et les relations internationales. Il distinguera en particulier ce qui ressort de la propagande (l'art au service du politique), de l'éducation (l'art au service de la réconciliation, par exemple), de l'engagement des intellectuels, en particulier des écrivains, et surtout la manière dont la peinture, la littérature, le cinéma sont de fréquents vecteurs de connaissance ou de perpétuation d'un fait, d'un événement, d'un personnage ayant marqué les relations internationales, explicitement ou par métaphore. C'est aux questions posées par la fiction que l'étudiant en sciences politiques (relations internationales) doit s'atteler. Il importe qu'il puisse décrypter la part d'imaginaire que revendique à juste titre l'art pour pouvoir la confronter avec la réalité historico-politique d'un conflit, d'une guerre, d'une action internationale, ' Ainsi, l'étudiant pourra plus aisément avancer son expertise politique pour critiquer des productions culturelles qui revisitent les relations internationales.

Le cours sera en particulier l'occasion de travailler les compétences suivantes (cf. « Référentiel des compétences acquises à l'issue des masters en sciences politiques ») :

  • Compétences générales en sciences politiques :
  • CG1 : Développer un sens politique(en particulier CG11);
  • CG2 : Inscrire son analyse et/ou action dans une perspective multiniveaux(en particulier CG25) ;
  •  CG3 : Mettre en 'uvre une démarche d'analyse de situations politiques et sociales(en particulier CG31, CG32 et CG33) ;
  • CG4 : Diffuser des informations politiques (en particulier CG44).
  • Compétences spécifiques à l'orientation Relations internationales : RI1
Contenu

Le séminaire comporte une partie introductive à la problématique décrite ci-avant qui s'appuie sur un florilège de textes et de documents. Cette partie introductive, commune à tous les étudiants, sera présentée par l'enseignant.

L'étudiant est ensuite invité à l'analyse de deux 'uvres littéraires, (voire artistiques, si elles s'y prêtent), une imposée et une au choix.

Le travail sur les 'uvres fait l'objet d'un travail écrit qui est défendu lors de l'examen.

Cycle et année
d'étude
> Master [120] en sciences politiques, orientation relations internationales
Faculté ou entité
en charge
> PSAD


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