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Philosophie [ LARCB1307 ]


3.0 crédits ECTS  60.0 h   1+2q 

Enseignant(s) Seys Pascale ;
Langue
d'enseignement:
Français
Lieu de l'activité Bruxelles Saint-Gilles
Acquis
d'apprentissage

1ère partie : INTRODUCTION GENERALE A LA PHILOSOPHIE

Il y a vingt cinq siècles, les hommes ne connaissaient ni l'électricité, ni les antibiotiques ni la télévision, ni internet. Et pourtant, c'est dans le berceau méditerranéen de la Grèce qu'ils ont « inventé » la philosophie.
Qu'est-ce que la philosophie ? C'est une activité rationnelle qui tente de répondre aux interrogations que se posent les hommes concernant le cosmos, d'abord, et très rapidement concernant l'homme lui-même d'un point de vue métaphysique, moral, politique, esthétique.
Si notre activité mondaine nous laisse peu de temps pour réfléchir à notre condition, la philosophie, étonnée et inquiète tout à la fois, regardant par dessus notre épaule, interroge : « Qui es-tu ? » ou « Pourquoi fais-tu ce que tu fais » « Sommes-nous des êtres libres ou déterminés ? » « Faut-il avoir peur de la mort ? » « Qu'est-ce que la vie juste ? » « Quelle est la nature de l'amour ? » « Qu'est-ce qu'une science ? ».
C'est dire que l'activité philosophique, en tant qu'elle remet sans cesse en question ses acquis, est confrontée en permanence, de manière critique, à la question du sens de notre condition humaine.

Cette discipline est le fruit d'un héritage qu'il nous appartient de réassumer à notre tour et de confronter aux réflexions actuelles afin d'éclairer nos projets et nos choix.
Ce cours d'introduction historique à la philosophie est consacré à l'aventure de la pensée européenne.
Mais nous ne manquerons pas d'évoquer l'énigme historique que constitue, contemporaine à l'avènement de la philosophie en Grèce, l'apparition des grandes traditions philosophiques et spirituelles non-occidentales - en Inde et en Chine - qui détermineront des siècles de civilisation.

2ème partie : ESTHETIQUE ET PHILOSOPHIE DE L'ART

Le cours d'esthétique a pour objectif de faire réfléchir l'étudiant, de manière critique, à cette expérience particulière à laquelle notre expérience quotidienne nous confronte naturellement.
Cette expérience fait appel à la fois à notre sensibilité et à notre intelligence et elle concerne le Beau. Qui de nous n'a pas été ému, au moins une fois dans sa vie, par la beauté d'un visage ou par la splendeur d'un paysage ?
Ce qui est vrai de la beauté naturelle l'est aussi de certainesoeuvres ou de certains objets, que l'on appelle des objets d'arts. N'avons-nous jamais ressenti une émotion profonde à l'écoute d'une symphonie ou en pénétrant à l'intérieur d'une cathédrale ? En quoi une oeuvre manifeste-t-elle la beauté ? A quelle(s) condition(s) ? Selon quels critères une oeuvre peut-elle être considérée comme belle ? Qu'est-ce qu'un jugement esthétique ? Quel est le rapport qu'entretiennent l'art et la société ?
Une science, née au XVIII° siècle, désigne cette partie de la philosophie qui étudie cette expérience psychologique universelle, intérieure et extérieure, qui concerne le Beau : elle s'appelle l'esthétique. On l'appelle aussi parfois indifféremment, dans des termes qui demandent à être précisés, « Philosophie de l'art », « Théorie de l'art », « Philosophie du beau » ou « Esthétique philosophique ».

Il ne faut pourtant pas croire que les philosophes aient attendu le XVIII° siècle pour se préoccuper du Beau et des arts qui s'y rapportent. Platon, Aristote, Vitruve, Plotin, Boèce ont développé une réflexion philosophique sur l'art. Les Anciens désignaient par le mot « art » tout procédé de fabrication en général : l'art est une technè, une activité relevant de la poiesis (production), à la différence des activités pratiques, praxis (sagesse, morale) et théoriques, épistémé (métaphysique).

L'art produit des objets beaux ou utiles, matériels ou intellectuels.
Les objets matériels relevaient du domaine des « arts mécaniques », auxquels appartenaient la peinture, l'architecture ou la sculpture, mais aussi l'agriculture ou la confection de vêtements. Tandis que les objets intellectuels dépendaient des « arts libéraux » et se répartissaient, depuis le haut Moyen Âge entre le trivium ( dialectique, grammaire, rhétorique) et le quadrivium (arithmétique, astronomie, géométrie, musique).

Contenu

1ère partie :

1. Définitions : la philosophie est-elle une activité particulière ?
1.1. Approche empirique 
1.2. Approche théorique 

2. La naissance de la philosophie
2.1. La pensée pré-philosophique 
            a) La pensée mythique
            b) La littérature sapientiale
2.2.   L'âge axial

3. Les philosophies non-occidentales 
3.1.   La Chine 
            a) La triade cosmique primitive : la terre(Ti), le ciel(TIEN), l'homme(JEN)
            b) La sagesse première : Le non-agir(WU WEI) et la voie du TAO
3.2.   L'Inde
            a) Le Véda : Mantras, prescriptions rituelles en prose, Brahmana.
            b) Les Upanishads (la Moksa)
            c) La littérature profane : Dharma, Kama, Artha
            d) Le bouddhisme
            e) Un bouddhiste en Europe : Arthur Schopenhauer

4. L'Antiquité grecque
4.1.   Culture et civilisation
4.2.   La cité ou l'idéal démocratique
4.3.   Ambiguïtés de la politeia
4.4.   La tragédie comme drame cosmique
4.5.   Le naturalisme des présocratiques
4.6.   Socrate contre le relativisme des Sophistes.
4.7.   L'idéalisme de Platon
4.8.   La Métaphysique et l'empirisme d'Aristote

5. Le monde hellénistique et romain : Les philosophies de l'individu et l'idée de l'habitant du monde
5.1.   Le stoïcisme de Zénon, Sénèque, Epictète et Marc-Aurèle
5.2.   L'épicurisme : Epicure et l'éthique du déplaisir minimal
5.3.   Le scepticisme : Pyrrhon
5.4.   Les cyniques : Le tonneau de Diogène
5.5.   Sentences et vies illustres de Diogène Laërce

6. Les idées patristiques et médiévales
6.1.   Saint-Augustin et le néo-platonisme
6.2.   La création des Universités ; Saint Thomas et l'âge d'or de la scolastique ; l'école anglaise, la querelle des universaux 

7. L'Univers prométhéen de la Renaissance : La promotion de la raison et la naissance de l'humanisme 
7.1.   Les Essais de Montaigne

8. La rupture moderne
8.1.   Descartes et l'odyssée du cogito
8.2.   Kant et la pensée critique
8.3.   Les Lumières comme mouvement intellectuel européen

9. La marche des idées contemporaines
9.1.   La rupture : Le nihilisme
9.2.   La pensée politique : H. Arendt
9.3.   Le retour de la pensée éthique : Levinas, Jonas
9.4.   Ouvertures contemporaines : catastrophisme éclairé ? Déclin de l'Occident, Culture de l'immédiateté : Quelle est la meilleure façon de penser ?

2ème partie :

De l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine, il est donc possible de dessiner une histoire de l'esthétique, c'est-à-dire une histoire des questionnements philosophiques relatifs à l'art. Platon fixe des règles et définit le statut du beau comme Idéal et comme imitation ; Kant lui donne un statut subjectif tandis que dans l'esthétique contemporaine (qui est plus le fait des créateurs eux-mêmes que des philosophes) comme Klee ou Kandinsky, se pose la question de la subjectivité et des normes dans une contestation radicale de la traditionnelle définition de l'art comme imitation.
Luc Ferry dans Homo aestheticus(1990) et dans la version remaniée de cet ouvrage sous le titre Le Sens du beau(1998) , a tâché de retracer le cheminement et la mutation de la réflexion sur le beau en montrant ce passage, aux origines de la culture contemporaine, de l'art comme se référant au Kosmos ou à un Dieu transcendant, à un art comme pure expression de la subjectivité , puis de l'individualité.
En suivant Marc Sherringham , il est stimulant de considérer la pertinence de parler de « paradigme » esthétique. En philosophie, la notion de
« paradigme » provient du domaine de l'épistémologie et de l'histoire des sciences.
Ce concept a été mis en évidence par Thomas Khun . L'auteur a montré que l'histoire des sciences était déterminée par une succession de différents paradigmes, c'est-à-dire par une série de « modèles » du savoir qui guidait la recherche à un moment donné. Par exemple, à propos du modèle de l'univers tel que l'a proposé Newton, on parle de paradigme newtonien. Un paradigme, c'est une manière d'appréhender la réalité autour de laquelle la communauté scientifique s'accorde. Chaque rupture épistémologique implique un changement de paradigme, c'est-à-dire une révolution conceptuelle qui entraîne un nouveau modèle de la science . Pour Scherringham, ce vocabulaire propre à la science peut être appliqué au domaine de l'esthétique.
Ainsi, si l'on considère l'esthétique selon un point de vue historique, on peut distinguer trois grands moments de la pensée, trois grands paradigmes qui constituent un ensemble complet et cohérent de questions et de réponses relatives à l'art :

1. Le modèle classique
Le modèle classique de Platon et Aristote jusqu'à la crise des Lumières au XVIIIème siècle. Cette esthétique, qui a régné sur les arts pendant vingt-deux siècles jusqu'à l'avènement des Lumières, a tenté d'établir des canons du beau en référence à un ordre transcendant et selon le critère définitoire de la mimèsis. Il trouve son fondement doctrinal dans la pensée de Platon. Nous verrons que la plus grande partie des oeuvres contemporaines devraient être jugées laides à l'aune de ces critères. L'évolution des arts plastiques peut d'ailleurs se comprendre comme une transgression de cet idéal classique.

2. Le modèle critique
Au XVIIIème siècle, l'art deviendra « affaire de goût » plus que détermination de critères objectifs et idéaux. Ce moment confirme une rupture essentielle avec une vision théologique, à tout le moins transcendante du monde. La Révolution française a en effet affirmé des valeurs humaines et laïques. Nous verrons comment Kant a rompu avec les notions classiques du beau comme idéal pour lui substituer une esthétique de la subjectivité.

3. Le modèle romantique
Inauguré par Nietzsche comme porte-drapeau des avants-gardes, ce modèle est le fondement de l'esthétique au sens actuel du terme. Si les modèles classiques et critiques ne reposent que sur les théories d'un seul homme - respectivement Platon et Kant - le modèle romantique est un modèle éclaté qui s'organise autour de plusieurs figures marquantes : Schopenhauer, Nietzsche et Heidegger. Mais aussi et surtout, sous l'influence de la psychanalyse et des spéculations scientifiques, autour des artistes de l'avant-garde
eux-mêmes : Klee, Breton, Kandinski. Leur credo proclame qu'il faut en découdre avec la définition de l'art traditionnel (et son asservissement) comme imitation des formes visibles. Il faut désormais non pas restituer le visible mais rendre visible »(Klee), « voir le monde avec le plus grand nombre d'yeux possible » (cubisme), exprimer « la pure vie intérieure de l'individu » (Breton, Kandinsky).

Crise de la représentation, crise de la figuration, tels sont les enjeux du bouleversement conceptuel de l'esthétique moderne dont nous sommes les héritiers, et qu'il nous appartient de déchiffrer pour comprendre les principaux enjeux de notre temps.

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