Auteur(s) : Anna PANAYOTOU-TRIANTAPHYLLOPOULOU
(Univ. de Chypre, Nicosie)
Titre : Évolution des constrictives en Chypriote ancien
Revue : L’Antiquité Classique
Volume : 73
Date : 2004
Pages : 1-14
Résumé
:
À la suite d’un article
important d’A. Morpurgo Davies (1988), l’article réexamine,
dans une perspective différente, l’évolution en chypriote
ancien des constrictives dans leur ensemble. Le matériel étudié
provient pour l’essentiel de l’anthroponymie, un domaine de linguistique
à part et très conservateur. Les conclusions auxquelles on arrive
sont que dans ce dialecte et dès l’époque archaïque
: (1) /s/ en position intervocalique, initiale ou à la fin du
mot devant une frontière forte s’est affaiblie ou amuïe dès
le VIIe s. av. J.-C., dans toutes les régions de Chypre. Ce processus
est parallèle, là où cela est permis pour des raisons phonotactiques,
à l’évolution du /w/ ; on a des indications que
les autres fricatives, de toute façon rares en grec avant la période
hellénistique, ont tendance à s’affaiblir, et ceci concerne
aussi les sons de transition. Cette tendance constitue une preuve supplémentaire
que le chypriote fut un dialecte psilotique. Il donne aussi une indication contre
la thèse que le signe <se> notait aussi h- issue
de s-. (2) /s/ n’est pas notée devant une consonne
continue, y compris une autre fricative ou présumée telle. (3)
Dans un groupe de consonnes du type [s+ occlusive sourde] (en général
la dentale) la séquence (C)VstV est considérée comme hétérosyllabique,
(C)Vs tV : c’est ainsi que s, faiblement articulée ou
amuïe, n’est pas souvent notée de part et d’autre de
la coupe syllabique. L’amuïssement des constrictives en chypriote
grec médiéval et contemporain est un des traits caractéristiques
de plusieurs parlers locaux.
Abstract:
After the pioneering article of A. Morpurgo
Davies (1988), this study attempts to reconsider, from a different perspective,
the development of all fricatives in ancient Cypriot. The relevant date consists
mainly of personal names, a very conservative and particular linguistic domain.
This paper argues that the following occurred at least from archaic period:
(1) Intervocalic, initial or final /s/ before strong pause shows a tendency
to weakening or to sheer loss from the seventh century B.C. on, in all regions
of the island. This tendency is in parallel in place and time with that of [w],
in the positions where the latter is permitted in terms of phonotactic constraints.
The same loss seems to happen to all the constrictives, these being anyway rare
before the Hellenistic period. This constitutes a supplementary indication that
Cypriot was a psilotic dialect. It also indicates that the thesis about a recent
(classical?) [h-], resulting from s- and supposed to be represented
by the sign <se>, is untenable. (2) Within a word or in sandhi
conditions, /s/ is occasionally omitted before a continuant consonant,
including another that is fricative (or supposed so). (3) In clusters of s +
voiceless stop (usually the dental stop), the sequence (C)VstV is in most cases
considered as heterosyllabic, (C)VstV, and because of the loose (if any) pronunciation
of s, the latter is usually omitted in writing. The weakening and/or the loss
of fricatives, mainly in intervocalic position, are live characteristics in
many Cypriot greek local varieties.