Auteur(s) : Annick LALLEMAND (Univ. de Paris Sorbonne, France)
Titre : Le safran et le cinnamome dans les Homélies sur le Cantique des cantiques de Grégoire de Nysse
Revue : L’Antiquité Classique
Volume : 71
Date : 2002
Pages : 121-130


Résumé :
Loin d’effacer les difficultés du sens littéral du Cantique des Cantiques, Grégoire souligne les paradoxes du poème pour justifier son interprétation allégorique. Face à l’énumération de plantes aromatiques hétérogènes du jardin auquel est comparée la beauté de l’Épouse (Cant. 4, 13-14), le théologien utilise ses connaissances sur les propriétés médicinales attribuées aux plantes aromatiques pour expliquer « des mystères divins » contenus dans les merveilles de la création. La fleur de safran, seule de toutes ces plantes qu’il a pu réellement observer, est décrite avec précision ; elle présente à l’intérieur d’une triple corolle trois fleurs parfumées, utiles en médecine, trois autres fleurs sans intérêt prêtant à confusion, donc à la possibilité d’erreur sur la foi trinitaire. La démarche de Grégoire concernant le cinnamome, plante exotique, est tout aussi rationnelle. Grégoire rapporte des mirabilia sur cet aromate qui a fasciné les Anciens, mais refuse une attitude de crédulité, et préfère enrichir par cette ekphrasis son commentaire spirituel.