VIPome
|
(WDHA, acronyme en anglais de Watery Diarrhea, Hypokalemia, Achlorhydria)
(autrefois : syndrome de Verner-Morrison)
Incidence estimée à 1/10. 000 000 habitants/an. Tumeur qui secrète du peptide vasoactif intestinal (en anglais VIP pour 'Vasoactive Intestinal Peptide ») qui produit un syndrome associant une diarrhée aqueuse réfractaire, une hypokaliémie, une achlorhydrie et une tumeur endocrine du pancréas. Cette tumeur issue des îlots â pancréatiques sécrète également le peptide histidine méthionine, mais seul le VIP est à l’origine des symptômes. La localisation de la tumeur est surtout pancréatique (85-95 %), avec une prédominance dans la région caudale ; de rares cas de VIPome sont secondaires à une tumeur carcinoïde intestinale, un phéochromocytome, un ganglioneurome ou un ganglioneuroblastome. Chez l’enfant, le VIPome peut se développer dans le cadre de tumeurs dérivées de la crête neurale comme le neuroblastome dont la localisation est surrénalienne dans 38 % des cas. On distingue les formes primaires, qui apparaissent avant la tumeur ou permettent d’en établir le diagnostic, et les formes secondaires qui apparaissent en cours du traitement d’un neuroblastome et sont de moins bon pronostic. Cette forme de neuroblastome secrète souvent de grandes quantités de catécholamines.
Dans sa forme adulte, la masse est souvent supérieure à 3 cm de diamètre et solitaire. La tumeur est maligne dans 80 % des cas. Dans 60 à 80 % des cas, il existe des métastases au moment du diagnostic, néanmoins le taux de survie à 5 ans est de 50 à 70 %
Le VIP est une hormone de 28 acides aminés qu’on retrouve au sein de différents tissus : le système nerveux central et périphérique, le cœur, les poumons, le tractus urinaire et intestinal. Son mode d’action n’est pas complètement élucidé à ce jour ; deux récepteurs appelés VPAC1 et VPAC2 sont à l’origine de la bioactivité du VIP, ces récepteurs sont retrouvés sur de nombreuses cellules, notamment des cellules du système immunitaire.
Les symptômes principaux sont
- une diarrhée hydrique massive et prolongée (volume des selles à jeun > 750 à 1000 mL/jour et des selles de non-jeûne > 3000 mL/jour),
- des symptômes d'hypokaliémie, d'acidose métabolique et une déshydratation. Chez la moitié des patients, la diarrhée est constante; la gravité de la diarrhée varie dans le temps. Environ 33% des patients ont de la diarrhée < 1 an avant le diagnostic, mais 25 % avaient de la diarrhée dans les ≥ 5 ans avant le diagnostic. D'autres signes fréquemment observés sont la somnolence, la faiblesse musculaire, les nausées, les vomissements et les douleurs abdominales. Au cours des crises diarrhéiques, on observe chez 20 % des patients des bouffées de chaleur comme dans le syndrome carcinoïde.
Comme les pertes fécales hydriques et d'électrolytes augmentent une fois que la réhydratation est obtenue, le remplacement IV en continu peut devenir difficile.
L'octréotide permet habituellement de contrôler les diarrhées, mais des posologies importantes sont requises. La résection chirurgicale est curative chez 50 % des patients qui présentent une tumeur localisée. De nouvelles chimiothérapies à l'étude contre le vipome comprennent des protocoles à base d'évérolimus, ou de sunitinib. La chimiothérapie n'est pas curative.
Implications anesthésiques:
vérifier la volémie et l’ionogramme ; en présence de signes de syndrome carcinoïde voir la fiche consacrée à ce syndrome ; implications des pathologies associées. En cas de neuroblastome, vérifier s’il y a une sécrétion associée de catécholamines par la tumeur.
Références :
- Bourgois B, Boman F, Nelken B, Bonnevalle M, Turck D.
Diarrhée profuse révélatrice d’une neuroblastome hypersécrétant le vasoactive intestinal peptide.
Arch Pédiatr 2004 ; 11 : 340-3.
- De Carli E, Timsit S, Coze C, Chastagner P, Rubie H et al.
Neuroblastomes sécrétant du VIP. SFCE-P32.
Arch Pédiatr 2008 ; 15 : 1016
Mise-à-jour janvier 2020