Titinopathies

Groupe des pathologies musculaires (muscle squelettique et ou cardiaque) causées par une mutation du gène de la titine (TTN (2q31.2). La titine ou connectine est la plus grande protéine du corps humain, et est la protéine la plus abondante dans le muscle strié après la myosine et lactine. Cette protéine élastique liée aux filaments de myosine est le principal constituant des filaments longitudinaux qui assurent le maintien de larchitecture myofibrillaire. Au niveau de la bande A, la titine possède de multiples sites de fixation avec la myosine, la protéine C ou lAMP désaminase. Au niveau de la bande I, elle est liée à la calpaïne 3. Au niveau de la strie Z, son association avec lactine garantit le maintien de lassemblage myofibrillaire au cours de la contraction musculaire.



Plus de 127 mutations du gène TNT, associées à au moins 10 phénotypes différents (myopathie, cardiomyopathie ou les 2), selon quun isoforme musculaire squelettique et ou cardiaque est atteint, étaient décrites en 2020.Ces mutations peuvent entraîner des cardiomyopathies dilatées  ou hypertrophiques, des dysplasies ventriculaires droites arythmogènes, une dizaine de phénotypes différents de myopathie.


Atteintes cardiaques : on distingue,



Atteintes musculaires (tableau): on distingue,


A.        Les formes à début congénital ou infantile : souvent début anténatal (immobilité fœtale, arthrogrypose). En général, retard moteur et faiblesse musculaire non sélective, avec une atteinte relativement diffuse, à prédominance proximale et axiale (muscles paravertébraux, diaphragme), et une composante rétractile (rétractions des tendons dAchille, Rigid Spine). Latteinte myocardique primaire (cardiomyopathie dilatée) nest pas toujours présente.



B.        les formes qui débutent après 10 ans (juvénile) ou à lâge adulte : histologie ; dystrophie ou images myofibrillaires


A lhistologie, on peut observer, selon le phénotype : lésions dystrophiques, vacuoles bordées, cores, centralisation nucléaire, amas myofibrillaires, inclusions éosinophiles (en lacet), une prédominance des fibres de type 1, une irrégularité de la taille des fibres.


nom

transmission

âge de début

phénotype

biopsie
musculaire

Dystrophie musculaire tibiale

AD

>35 ans

déficit des releveurs des pieds

fibrose modérée

vacuoles bordées

Dystrophie musculaire tibiale à début précoce

AR

20 ans

déficit des releveurs des pieds

dystrophie

Myopathie des ceintures LGMDJ2 ou LGMDR10

AR

<20 ans

déficit très évolutif des ceintures pelviennes et scapulaires

vacuoles bordées

Myopathie héréditaire

avec atteinte

respiratoire précoce

(HMERF)

AD

(rares AR)

>20 ans

atteinte distale puis

proximo-distale

Très évolutive

Atteinte respiratoire

précoce

Corps cytoplasmiques

Vacuoles bordées

Myopathie Emery

Dreifuss-like

AR

<10 ans

déficit des ceintures

Rétractions dapparition

précoce

« rigid Spine »

atteinte respiratoire

Corps cytoplasmiques

Vacuoles bordées

Absence de minicores

Myopathie précoce

avec cardiopathie

létale (EOMFC)

AR

néonatale

déficit moteur modéré

ptosis, parésie faciale

pseudo-hypertrophie

des mollets

cardiomyopathie

dilatée sévère et précoce

évolution rapide. décès

< 20 ans

Aspect dystrophique

Minicores

Myopathie

congénitale à

multiminicores avec

cardiomyopathie

AR

<20 ans

déficit à prédominance

axiale

Rétractions diffuses avec

« rigid spine

Minicores

Dépôts basophiles en

forme détoile

Myopathie

'centronucléaire'

AR

<20 ans

déficit axial et proximal

modéré

Parésie faciale

Syndrome restrictif

Absence de

cardiomyopathie

Noyaux centraux dans la

plupart des fibres

musculaires

Minicores

Dystrophie musculaire

proximale

AR

adulte

déficit proximal moins

sévère que LGMD2J

Aspect dystrophique

LGMD avec

cardiomyopathie

AD

adulte

Cardiomyopathie sévère

et LGMD modéré

Minicores

Myopathie distale des

membres inférieurs à

prédominance

postérieure

AD

adulte

déficit distal avec

évolution proximale

Atteinte des mollets

Noyaux centraux

Minicores

arthrogrypose

AR

prénatal

Contractures, avec ou sans cardiomyopathie




Implications anesthésiques

échocardiographie ; vérification des CPK ; traitement de l’insuffisance cardiaque ; parfois défibrillateur automatique implanté. En cas d’atteinte musculaire, considérer comme à risque de rhabdomyolyse induite par les halogénés et la succinylcholine.


Références : 

-        Juntas-Morales R, Perrin A, Cossée M.
Corrélation phénotype-génotype dans les titinopathies.
Cahiers de Myologie 2020; 21: 16-20.

-        Oates EC, Jones KJ, Donkervoort S, Charlton A et al.
Congenital titinopathy : comprehensive characterization  and pathogenic insights.
Ann Neurol 2018 ; 83 : 1105-24

-        Wacker J, Di Bernardo S, Lobrinus JA, et al.
Successful heart transplant in a child with congenital core myopathy and delayed-onset restrictive cardiomyopathy due to recessive mutations in the titin (TTN) gene.
Pediatric Transplantation  2023; e14561. doi:10.1111/petr.14561


Mise-à-jour mars 2024