[MIM 105 400, 205 250, 300 857, 606 070, 606 640, 608 030, 608 031, 608 627]
(maladie de Charcot, maladie de Lou Gehrig)
Rare: prévalence 1/20.000 en Europe de l’Ouest, plus élevée dans des îles du Pacifique Ouest. Affection neurodégénérative due à une dégénérescence des motoneurones du cortex moteur, de la voie corticospinale, du tronc cérébral et de la moelle épinière. Début habituel vers 60 ans. Cas sporadiques dans la majorité des cas, mais 5 à 10% des cas sont familiaux.
On distingue :
- la forme classique, sporadique : différents facteurs favorisants ont été identifiés comme le tabagisme, les microtraumatismes cérébraux répétés (sports de contact, boxeurs)
- type 1 : transmission autosomique dominante ou récessive d’une mutation du gène SOD1 (21q22.11) qui code la superoxide dismutase Cu/Zn [MIM 105 400]
- type 2 ou juvénile : transmission autosomique récessive d’une mutation du gène ALS2 (2q33.1) qui code l’alsine [MIM 105 100]
- type 3 : transmission autosomique dominante d’une mutation d’un gène en 18q21 [MIM 606 640]
- type 4 ou juvénile: transmission autosomique dominante d’une mutation du gène SEXT1 (9q34.14) qui code la sénataxine [MIM 602 433]
- type 5 ou juvénile : transmission autosomique récessive d’une mutation du gène SPG11 (15q21.1) qui code la spatacsine [MIM 602 099]
- type 6, avec ou sans démence fronto-temporale : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène FUS (16p11.2) [MIM 608 030]
- type 7 : transmission autosomique dominante d’une mutation d’un gène situé en 20p13 [MIM 608 031]
- type 8 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène VAPB (20q13.32) qui code une protéine associée à la membrane des vésicules [MIM 608 627]
- type 9 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène ANG (14q11.2) qui code l’angiogénine [MIM 611 895]
- type 10, avec ou sans démence fronto-temporale : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène TARDBP (1p36.22) [MIM 612 069]
- type 11 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène FIG4 (6q21) [MIM 612 577]
- type 12 : transmission autosomique dominante ou récessive d’une mutation du gène OPTN (10p13) qui code l’optineurine [MIM 613 435]
- type 13 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène ATXN2 (12q24.12) qui code l’ataxine 2 [MIM 183 090]
- type 14, avec ou sans démence fronto-temporale : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène VCP (9p13.3) qui code une protéine associée à la valosine [MIM 613 954]
- type 15, avec ou sans démence fronto-temporale : transmission liée à l’X d’une mutation du gène UBQLN2 (Xp11.21) qui code l’ubiquiline 2 [MIM 300 857]
- type 16 ou juvénile : transmission autosomique récessive d’une mutation du gène SIGMAR1 (9p13.3) [MIM 614 373]
- type 17 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène CHMP2B (3p11.2) [MIM 614 696]
- type 18 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène PFN1 (17p13.2) qui code la profiline 1[MIM 614 808]
- type 19 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène ERBB4 (2q34) MIM 615 515]
- type 20 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène HNRNPA1 (12q13.13) qui code une protéine ribonucléaire du noyau [MIM 615 426]
- type 21 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène MATR3 (5q31.2) qui code la matrine 3 [MIM 606 070]
- type 22, avec ou sans démence fronto-temporale : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène TUBA4A (2q35) qui code la tubuline alpha 4A [MIM 606 070]
- type 23 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène ANXA11 (10q22.3) qui code l’annexine A11[MIM 617 938]
- type 24 : susceptibilité à la sclérose latérale amyotrophique suite à une mutation du gène NEK1 (4q33) [MIM 617 892]
- type 25 : susceptibilité à la sclérose latérale amyotrophique suite à la transmission autosomique dominante d’une mutation du gène KIF5A (12q13.3) [MIM 617 921]
- forme associée à NEFH : transmission autosomique dominante ou récessive d’une mutation du gène NEFH (22q12.2) qui code un neurofilament [MIM 105 400]
- forme associée à PRPH : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène PRPH (12q13.12) qui code la périphérine [MIM 105 400]
- forme associée à la dynactine 1 : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène DCTN1 (2p13.1) qui code la dynactine 1 [MIM 105 400]
- sclérose latérale amyotrophique et/ou démence fronto-temporale : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène C9orf72 (9p21.2) [MIM 105 550]
- sclérose latérale amyotrophique et/ou démence fronto-temporale : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène CHCHD10 (22q11.23) [MIM 615 911]
- sclérose latérale amyotrophique et/ou démence fronto-temporale : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène SQSTM1 (5q35.3) [MIM 664 37]
- sclérose latérale amyotrophique et/ou démence fronto-temporale : transmission autosomique dominante d’une mutation du gène TBK1 (12q14.2) [MIM 616 439].
- la forme dite du Pacifique-Ouest : dans l’île de Guam, elle semble liée à l’accumulation de béta-méthylamino-L-alanine dans le tissu cérébral ; cette molécule est un neurotoxique produit par une algue bleue-verte qui réside sur les racines et dans les semences du sagoutier (cycad).
Physiopathologie mal connue : destruction progressive des motoneurones suite à la diminution de l’élimination du glutamate par les astrocytes : aggrégation de protéines dans le cytoplasme ou les axones ; perte du contrôle inhibiteur GABAergique des motoneurones corticaux etc…
La symptomatologie est très variable et dépend de la topographie des neurones moteurs atteints ; l’atteinte peut être initialement unilatérale ou localisée :
* motoneurones spinaux (2/3 des cas) : faiblesse musculaire puis amyotrophie ; spasticité ; fasciculations ; hyperréflexie ; clonus
* motoneurones bulbaires : dysarthrie, dysphagie, spasmes laryngés, sialorrhée
* en cas d’atteinte bilatérale des faisceaux cortico-bulbaires : crises émotionnelles : rires et pleurs paradoxaux
* l’atteinte des muscles respiratoires entraîne une respiration paradoxale, une tachypnée avec soif d’air ; des apnées obstructives du sommeil
* il n’y a pas de troubles sensitifs ni du contrôle des sphincters ; les fonctions cognitives sont conservées
Diagnostic : EMG
L’évolution de la maladie est évaluée en utilisant la classification du King’s College ou l’échelle MiToS:

Pronostic : sombre : insuffisance respiratoire progressive avec décès dans les 3 à 5 ans.
Traitement :
- symptomatique : kiné, VNI, gastrostomie…
- antispastiques : baclofène, dantrolène, tizanidine, toxines botuliques
- riluzole : qui diminue la taux de glutamates au niveau des terminaisons nerveuses, notamment en bloquant les récepteurs NMDA post-synaptiques ; parfois augmentation des enzymes hépatiques, HTA
- hautes doses vitamine B12
- la ceftriaxone, une béta-lactamine qui augmente un des transporteurs du glutamate
- dexpramipexole : un antioxydant utilisé comme anti-Parkinsonien
- pacing du diaphragme ?
Implications anesthésiques:
évaluer la fonction respiratoire : SpO2 à l’air, épreuves fonctionnelles, toux ; risque de fausse déglutition : extubation à l’éveil complet; éviter la succinylcholine : des cas d’hyperkaliémie ont été décrits. En cas de VNI, il faut la poursuivre en post-opératoire immédiat ; en cas d’insuffisance respiratoire majeure, utilisation prudente d’un supplément d’O2. Curarisation avec prudence: un cas d’antagonisation incomplète du rocuronium par le sugammadex a été décrit.
Plusieurs cas d‘anesthésie péridurale lombaire ou de rachianesthésie combinés à une sédation (propofol, dexmédétomidine ou rémimazolam) ont été décrits sans aggravation de l’évolution clinique.
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Mise-à-jour janvier 2024