SCIWORA
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Acronyme de Spinal Cord Injury WithOut Radiographic Abnormality.
Il désigne une pathologie particulière à l'enfant de moins de 8 ans qui, lors d'un traumatisme de la colonne cervicale, peut développer de graves lésions de la moelle cervicale sans que des lésions radiologiques de la colonne cervicale soient décelées. Les causes de cette fragilité de la moelle cervicale sont:
- une tête relativement plus grande et donc plus lourde
- une musculature du cou peu développée
- des vertèbres cervicales triangulaires (de profil) et dont les facettes articulaires sont plus horizontales que chez l'adulte: elles "glissent" plus facilement les unes sur les autres.
- des ligaments très élastiques, qui permettent un déplacement important des structures osseuses sans fracture et un retour rapide en position normale.
L'endroit de la lésion médullaire cervicale varie aussi avec l'âge: la région C1-C4 est plus à risque de lésion chez l'enfant de moins de 8 ans; plus tard, c'est essentiellement la zone C5-C8 qui est atteinte.
Si 50% des enfants souffrant d'un SCIWORA présentent d'emblée un tableau neurologique (para- ou tétraplégie, faiblesse musculaire), les autres ne présentent que des signes neurologiques discrets et transitoires au moment du traumatisme mais montrent une détérioration neurologique retardée dans les jours qui suivent. La colonne cervicale rendue instable par le premier traumatisme (mais dont l'instabilité a été masquée par un spasme musculaire local) et/ou la moelle cervicale qui a subi une ischémie transitoire se décompensent à l'occasion d'une nouvelle mobilisation (autre accident mineur, manoeuvres d'intubation). Il est essentiel de prévenir cette détérioration secondaire:
- en connaissant cette pathologie typiquement pédiatrique
- en interrogeant l'enfant ou ses parents à propos de la présence même très transitoire de symptômes neurologiques immédiatement après le traumatisme : faiblesse ? paresthésies ? "décharges électriques" dans les membres ?
- en immobilisant au moyen d'une minerve adaptée la colonne cervicale des patients chez qui cette pathologie est soupçonnée en attendant un mise au point radiologique (IRM ou CT, car les radiographies conventionnelles à la recherche d'une instabilité ligamentaire sont peu productives tant qu'il y a un spasme des muscles du cou).
Le risque de lésions neurologiques sévères et la mortalité globale sont d'autant plus élevés que l'enfant est plus jeune.
Implications anesthésiques:
Il faut soupçonner la présence d'un traumatisme de la colonne cervicale chez tout enfant polytraumatisé ou qui a subi un accident où celle-ci a été fort fléchie, étendue, écrasée ou étirée (décélération, coup-contrecoup)
Références :
Kriss VM, Kriss TC
SCIWORA in infants and children.
Clinical Pediatrics 1996, 119-124