Reflux vésico-urétéral

Affection fréquente. Dans 35% des cas, un membre de la fratrie est atteint, ce qui justifie une exploration systématique de la fratrie dun enfant atteint. Le reflux vésico-urétéral prédispose aux infections urinaires et, en particulier à la pyélonéphrite, sa forme la plus grave. Ces infections récurrentes sont souvent un mode révélateur de la maladie et menacent la fonction rénale. La réalisation dune échographie mictionnelle en cas dinfection urinaire chez lenfant permet de faire le diagnostic sans exposer lenfant à une irradiation importante.


On distingue :


       Anomalie congénitale de la jonction urétéro-vésicale qui associe à des degrés divers 3 éléments : une laxité du trigone, une déficience des fibres musculaires de luretère terminal et un trajet sous muqueux trop court avec ectopie latérale du méat.

-        destruction chirurgicale du mécanisme valvulaire.

-        sclérose du détrusor.

-        vessie neurologique.

-        anomalie congénitale de limplantation urétéro-vésicale (uretère ectopique ou surnuméraire).

-        obstacle cervico-urétral.

Il y a probablement des jonctions à la limite de la compétence pour lesquelles, linfection urinaire (notamment à bacilles Gram -) entraîne une béance du méat et favorise un RVU.


La classification internationale de Duckett comporte cinq stades :

Type I :        reflux dans un uretère pelvien fin.

Type II :        reflux total sans dilatation urétéro-pyélo-calicielle.

Type III :        dilatation urétéro-pyélique modérée sans atteinte calicielle.

Type IV :        dilatation urétéro-pyélo-calicielle avec bombement et déformation des papilles.

Type V :        dilatation et tortuosité urétérale majeure, grosse dilatation pyélo-calicielle avec perte de la vision des papilles.


Il faut ajouter à ces 5 stades la notion du reflux intra-rénal qui peut être présent dans les stades IV et V et apparaît comme un facteur de gravité. 



Le traitement du reflux vésico-urétral est controversé car la prise en charge actuelle, a dominante médicale est associée à un fort taux de survenue dune hypertension artérielle à lâge adulte. Le traitement initial est médical et consiste en une antibiothérapie, curative d'abord, puis prophylactique quotidienne, tant que l'enfant n'a pas acquis de contrôle sphinctérien, de manière à maintenir la stérilité des urines. Une surveillance échographique régulière est assurée, tous les 3 à 6 mois habituellement. Ultérieurement ou en cas de récidive infectieuse, on pratique une cystographie mictionnelle et/ou une étude isotopique pour déterminer le grade du reflux, son évolution et son retentissement sur la fonction rénale.

Il existe 3 types de procédures chirurgicales dont le but est de rétablir un environnement musculaire suffisant autour de la portion terminale de l'uretère et créer ou prolonger son trajet sous-muqueux (au moins 5 fois le diamètre de l'uretère) de manière à éviter le reflux d'urine vésicale dans l'uretère au moment de la miction:



Implications anesthésiques

  1. L'injection de macroplastique est un geste peu douloureux, tant en peropératoire qu'en postopératoire, pratiquement assimilable à la réalisation d'une simple cystoscopie. Une anesthésie générale classique, en ventilation spontanée ou assistée, sous masque laryngé le plus souvent, est tout à fait appropriée.

En cas dexamen endoscopique des voies urinaires, il faut veiller à utiliser un liquide réchauffé (pour éviter de provoquer une hypothermie qui sinstalle dautant plus rapidement que lenfant est plus jeune) et dutiliser du NaCl 0,9% afin déviter des accidents dhyponatrémie par résorption ou extravasation. Il ne faut utiliser de lH2O  que dans les cas où lusage de courant électrique est nécessaire pour la chirurgie (incision durétérocèle).


  1. Les abords chirurgicaux ouverts sont des actes chirurgicaux invasifsLincision est sous-ombilicale (de type Pfannenstiel). Ils sont réalisés sous anesthésie générale profonde, avec intubation trachéale ou pose d'un masque laryngé, et l'analgésie est idéalement assurée par un bloc périmédullaire, anesthésie caudale ou épidurale lombaire, avec anesthésiques locaux et adjuvants destinés à prolonger l'analgésie pendant au moins 24h (clonidine ou morphine). La mise en place d'un cathéter de réinjection permet de poursuivre ladministration continue dun mélange danesthésique local pendant 48 à 72h. On peut également réaliser un bloc transverse de labdomen (TAP bloc) sous échoguidage

Un des problèmes de la chirurgie intravésicale est lapparition de spasmes vésicaux postopératoires : leur suppression requiert un bloc sympathique étendu (racines T9 à L2 mais aussi les afférences dorigine sacrée (S2-S4).Il semble que ces spasmes soient provoqués par la réactivation par linflammation locale de fibres C directement connectées au muscle détrusor Une étude a démontré que lutilisation dun cathéter caudal est plus efficace quun cathéter péridural lombaire pour prévenir ces spasmes. De plus, une position plus céphalique du cathéter entraînerait davantage de spasmes.

En labsence de contre-indication à ladministration dun AINS (fonction rénale, hydratation, antibiotiques néphrotoxiques), ladministration systématique de kétorolac 0,5 mg/kg par voie IV 3 à 4 fois par jour durant les deux premiers jours postopératoires permet habituellement de contrôler ces douleurs en diminuant la production intravésicale de prostaglandines. En cas de contre-indication aux AINS, on peut administrer un anticholinergique comme loxybutinine per os.


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Mise-à-jour: octobre 2021