[MIM 176 270, 601 491]
(Syndrome de Prader-Willi-Labhardt)
Prévalence : 1/10.000 à 1/25.000. Délétion du chromosome 15q11-q13 d'origine paternelle (70% des cas) ou disomie maternelle du chromosome 15 (20-25 %). Manifestations cliniques diverses qui semblent être le résultat de dysfonctionnements hypothalamiques.
Évolution en 4 phases :
- période néonatale : hypotonie, difficultés d'alimentation
- petite enfance : hyperphagie, hypogonadisme, croissance très rapide
- enfance et adolescence : boulimie avec obésité de type tronculaire, souvent petite taille, hypogonadisme, troubles du comportement (crises de colère, troubles compulsifs et obsessionnels), retard mental, épilepsie; au contraire des autres formes d’obésité, ces patients ont un général des taux élevés de ghreline
- plus tard : diabète, scoliose, cœur pulmonaire chronique, troubles du comportement (vols, mensonges, agressivité).
Dysmorphie faciale :
- dolichocéphalie dans l’enfance
- visage étroit, bouche triangulaire, yeux en amande, petite bouche, cheveux bas implantés vers l'avant.
Mains et pieds petits par rapport à la taille.
Anomalies respiratoires : apnées centrales et obstructives : dans environ 10 % des cas, les apnées obstructives sont aggravées par le traitement à l’hormone de croissance ; syndrome restrictif lié à l'obésité ; réponse anormale à l'hypoxie et à l'hypercarbie.
Micrognathie, caries dentaires, cou court et peu mobile, salive épaisse. Troubles de la thermorégulation : tendance à l’hypo-et à l’hyperthermie. Reflux gastrooesophagien, rumination et méricisme.
Augmentation du seuil de perception de la douleur. Certains enfants reçoivent un traitement à l'hormone de croissance pour améliorer la fonction ventilatoire, accélérer la croissance et prévenir l'obésité, mais des cas de mort subite ont été décrits. Risque cardiovasculaire accru : hypokinésie liée à l’insuffisance en hormone de croissance, athéromatose précoce.
Un risque d’insuffisance corticosurrénalienne d’origine centrale serait présent : il augmente avec l’âge. Il se caractérise par des taux normaux de cortisol au repos mais une réponse insuffisante en cas de stress. C’est pourquoi certaines équipes préconisent d’administrer une dose d’hydrocortisone à l’induction de l’anesthésie.
Recommandations de prudence (Prof V Beauloye, Clin univ St Luc, Bruxelles) :
- la plus grande prudence est requise en cas d’infection respiratoire même banale. Pour les plus petits considérer la nécessiter d'une surveillance sous monitoring pendant 24H. En effet, les apnées obstructives du sommeil, la salive épaisse, la cyphoscoliose ou l’hypertrophie adénoïdienne, associées à des voies aériennes supérieures étroites, l’obésité, l’hypotonie des muscles respiratoires mettent rapidement l'enfant en difficulté lors d'une infection respiratoire banale.
- ces enfants ne font pas toujours de la fièvre: on peut avoir une infection sévère même sans température ; de même la perturbation de la sensation de soif entraîne un risque accru de déshydratation. En cas d’altération de la conscience , il faut exclure une possible hyponatrémie de dilution (mécanisme mal connu).
- sensibilité accrue aux médicaments (en particulier les psychotropes), ce qui justifie l’utilisation de posologies de départ plus faibles. Les benzodiazépines sont contre-indiquées! Il y a un risque de dépression respiratoire avec hypoxémie en cas d’administration de clonidine à une dose orale > 4 µg/kg
- risque de fausses routes sévères dues à leur voracité (8 % de décès) et des ruptures gastriques (2 % des décès) dans un accès boulimique. L’impossibilité de vomir souvent retrouvée chez ces patients peut compliquer ou retarder le diagnostic d’un tableau digestif aigu. Des vomissements, inhabituels chez ces enfants, doivent faire craindre une psychose
- une insuffisance en cortisol particulièrement en cas de stress a été décrite chez certains patients: en cas de doute, administrer de l'hydrocortisone (50 mg/m2/j <12 ans et 100 mg/m2/j >12 ans en 4 x) en IM, IV ou per os, mais les doses habituellement de dexaméthasone habituellement administrées à titre antiémétique sont sans doute suffisantes (0,75 mg dexaméthasone = 20 mg hydrocortisone).
- Le risque anesthésique est a priori plus important chez ces patients qui peuvent présenter des complications respiratoires (spasmes laryngés à l’intubation, risque d’apnées ou d’hypoventilation post-anesthésie) et un risque thromboembolique majoré dû à l’obésité. Les patients atteints du SPW doivent être surveillés avec un monitoring en hospitalisation pendant les 24 premières heures au minimum.
- Le seuil de la douleur peut être élevé, ce qui peut entraîner un retard de diagnostic des complications postopératoires.
- Du fait de la fréquence des grattages, la cicatrisation peut être retardée et/ou compliquée par des surinfections.
Implications anesthésiques:
Jeûne préopératoire problématique (surveillance). Abord veineux difficile. Risque d'obstruction des voies aériennes. Reflux gastro-œsophagien. Syndrome restrictif. Réponse anormale à l'hypoxie et à l'hypercarbie. Prudence avec les á2 agonistes (clonidine). Problèmes de thermorégulation : hypo- ou hyperthermie. Échocardiographie préopératoire. Problèmes respiratoires périopératoires : bronchospasme, atélectasies, apnées. Risque d’insuffisance surrénalienne d’origine centrale dans l’enfance et l’adolescence : évaluation de cette fonction en préopératoire ou administrer une dose d'hydrocortisone à l'induction de l'anesthésie.
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Mise-à-jour avril 2022