Phénylcétonurie

[MIM 261 600]

(Oligophrénie phénylpyruvique, Phénylcétonurie type 1, maladie de Folling)

Prévalence : 1/18.000, mais varie de 1/2600 en Turquie à 1/50.0000 en Grande Bretagne et  1/100.000 au Japon.  Transmission autosomique récessive : 98% des cas sont dus à une mutation (plus de 950 variants décrits) du gène PAH (phénylalanine hydroxylase qui intervient dans la synthèse de T-Tyrosine et ainsi de la L-dopa et de noradrénaline)  en 12q23.2.  Une minorité de cas (phénylcétonurie type 2) est due à une mutation dun des gènes qui assure la synthèse ou la régénération de la tétrahydrobioptérine (BH4) : GTPCH, PTPS, PCD, DHPR (voir Déficit en tétrahydrobioptérine).

La phénylcétonurie fait l'objet d'un dépistage systématique quelques jours après la naissance (test de Guthrie). Le traitement à vie, qui consiste en une alimentation restreinte en Phe associée à la prise de substituts dacides aminés, est instauré si le taux sanguin de Phe dépasse 360 µmol/l. Taux cible : 120 à 360 µmol/L. Taux cible : 120 à 360 µmol/L avant lâge de 12 ans ou en cas de grossesse, 120 à 600 µmol/L après lâge de 12 ans.

Les autres causes dhyperphénylalaninémie doivent être exclues (prématurité, insuffisance hépatique, anomalie du métabolisme de BH4). Un test de réponse à ladministration orale de BH4 est réalisé: 20 mg/kg/j pendant 48h. Si on observe une diminution des taux sanguins de Phe de > 30% du taux initial, un traitement à base de BH4 et dun régime moins sévère est proposé (voir Déficit en tétrahydrobioptérine). En cas dhyperphénylalaninémie sans mutation de la phénylalanine hydroxylase ni anomalie du métabolisme de la tétrahydroptérine, il faut rechercher une mutation du gène de la DNAJC12, une protéine chaperone qui contribue au déploiement de la phénylalanine hydroxylase.


Sans régime alimentaire, l'affection entraîne un retard mental sévère (troubles du comportement, psychoses, spasmes en flexion, épilepsie) et une hypomélanose (peau claire, cheveux blonds, yeux bleus) ainsi quune odeur caractéristique dite « de souris ».

Il faut donc y penser devant ces manifestations chez  les enfants provenant de pays où le dépistage néonatal nest pas pratiqué.


Le phénotype est très variable et dépend de lactivité enzymatique résiduelle et de la sensibilité à la prise de BH4.


On distingue 4 formes dhyperphénylalaninémie en fonction de la tolérance à la Phe, cest-à-dire la dose quotidienne maximale de Phe dorigine alimentaire qui permet de garder les taux sanguins de Phe entre 120 à 360 µmol/L :


Un nouveau traitement permet de traiter ces patients sans régime alimentaire. Il sagit de la pegvaliase (Palynziq® BioMarin, Novato, CA), une forme injectable de phénylalanine ammonia lyase, une enzyme qui métabolise la phénylalanine sanguine et remplace lactivité déficitaire de la phénylalanine hydroxylase. Dose par voie sous-cutanée: 2,5 à 40 mg/semaine. Objectif thérapeutique : taux de Phe sanguin entre 30 et 360 µmol/L.

On parle dhyperphénylalaninémie non-phénylcétonurique quand le taux sanguin de Phe reste < 600 µmol/L avec un régime alimentaire normal.  Ces patients ont un développement et un comportement normaux  et la nécessité de leur imposer un régime est un sujet de controverse.





Attention : l’aspartame et la gélatine sont à éviter chez les enfants atteints de phénylcétonurieLaspartame est lester méthylique de laspartate de phénylalanine qui se scinde dans lorganisme en deux acides aminés, lacide aspartique et la phénylalanine, et en méthanol. La gélatine, qui entre souvent dans la composition des gélules, est particulièrement riche en protéines (86 g/100 g de produit). Ces deux substances sont très souvent des composants des médicaments. Il faut donc veiller à éviter les médicaments contenant ces substances. La quantité apportée de phénylalanine par ces deux substances reste cependant faible. Le médicament peut donc être administré en surveillant le taux et en diminuant la quantité de phénylalanine dans lalimentation (contact nécessaire avec la diététicienne) si un traitement est vraiment nécessaire et quil nexiste pas dalternative sans aspartame ou sans gélatine. Il est toujours utile de vérifier dans un compendium la composition dun médicament (liste des excipients).


Chez ladulte qui suit un régime pauvre en Phe depuis la naissance on observe:


- une dyslipidémie athérogène, une tendance au surpoids et une augmentation de la  rigidité des parois artérielles

- une protéinurie et une diminution de la filtration glomérulaire


Implications anesthésiques:

-        contacter lendocrinologue pour avis et connaître le taux habituel de Phe chez le patient ; les implications dun traitement par la pegvaliase ne sont pas encore connues

-        chez ladulte, vérifier les fonctions cardiaque et rénale

-        toute infection  augmente le taux sanguin de phénylalanine et nécessite une adaptation des apports en Phe

-        éviter le catabolisme protéique : durée du jeûne préopératoire courte et assurer un apport suffisant de glucose en périopératoire; monitorage de la glycémie.

-        du fait du risque de déficience en vitamine B12 si le régime alimentaire n'est pas adéquatement supplémenté, il est prudent d'éviter le N2O.

-        en cas dalimentation parentérale : utiliser une solution sans phénylalanine.

-        colloïdes à base de gélatines : bien que leur élimination se fasse principalement sous forme urinaire inchangée, il faut les utiliser avec prudence.

-        en cas de risque dingestion de sang (chirurgie oropharyngée : amygdalectomie, végétations, fente palatine, stomatologie) il est utile de placer un packing pharyngé et de vider lestomac avant le réveil car le sang dégluti est riche en protéines.


Références : 

-        Dal D, Celiker V. 
Anaesthetic management of a strabismus patient with phenylketonuria. 
Paediatr Anaesth 2003; 13: 740-1. et correspondance: Pediatr Anesth 2004; 14: 701-2.

-         Feillet F, Bonnemains C. 
La phénylcétonurie : nouveaux traitements. 
Arch Pédiatr 2013 ; 20 : 1165-8. 

-        Van Wegberg AMJ, MacDonald A, Ahring K, Bélanger-Quintana A, Blau N, Bosch AM, Burlina A et al. The complete European guidelines on phenylketonuria: diagnosis and treatment. Orphanet Journal of Rare Diseases 2017; 12:62

-        Mahan KC, Gandhi  MA, Anand S.
Pegvaliase: a novel treatment option for adults with phenylketonuria.
Curr Med Res Opin 2019;35:647-51. doi: 10.1080/03007995.2018.1528215.

-        Cunningham A, Rohr F, Splett P, Mofidi S, Bausell H, Stembridge A, Kenneson A, Singh RH.
Nutrition management of PKU with pegvaliase therapy: update of the webbased PKU nutrition management guideline recommendations.
Orphanet Journal of Rare Diseases (2023) 18:155 doi.org/10.1186/s13023-023-02751-0


Mise à jour  juillet 2023