Paludisme

(Malaria)

Incidence en Europe et Amérique du Nord : 2,36/100.000 population/an. Mortalité en Afrique et en Asie : 7,5 à > 80/100.000/an. Lagent infectieux est en général Plasmodium falciparum en Afrique alors que P. vivax, ovale, malariae et knowlesi sont plus fréquents en Asie et dans les autres régions endémiques.



Le vecteur est le moustique anophèle femelle. Les sporozoïtes inoculés lors de la piqûre dune femelle infectée se réfugient dans le foie où ils envahissent les hépatocytes et y produisent en 7-10 jours des schizontes qui contiennent des mérozoïtes (schizogonie extra-érythrocytaire). Les schizontes éclatent et libèrent des milliers de mérozoïtes qui entrent dans le courant sanguin et envahissent les globules rouges. Ces mérorozoïtes contiennent de se reproduire dans les globules rouges (schizogonie érythrocytaire) mais certains se transforment en gamétocytes mâles ou femelles. Ces mérozoïtes et gamétocytes font éclater les globules rouges qui les abritent, ce qui produit une hémolyse et une nouvelle libération de mérozoïtes dans le sang. Ces cycles dinfection des globules rouges durent environ 48h. Les gamétocytes présents dans le courant sanguin sont ingérés par lanophèle lors dune autre piqûre et le reste du cycle du parasite se déroule dans linsecte (voir tableau).



La période dincubation varie de 5 jours à 4 semaines. Les manifestations cliniques de laffection sont causées par ces accès dhémolyse : crises de fièvre (frissons durant 1-2 h, suivis dune hyperthermie majeure durant 3-4 h puis de sueurs profuses durant 2-4 h) qui réapparaissent toutes les 48 à 72h, et une hypoperfusion des organes car les shizontes adhèrent aux parois des petits vaisseaux et des capillaires. Durant leur cycle de maturation, P.vivax et ovale peuvent passer par un stade dit hypnozoïte qui permet au parasite de rester dans un état quiescent dans le foie durant une longue période avant une reprise de linfection active


La sévérité des manifestations cliniques du paludisme est variable, de quasi asymptomatique (maux de tête) à des formes très sévères : anémie, thrombopénie, coagulopathie avec parfois déclenchement dune CIVD, choc, insuffisance respiratoire, atteinte neurologique (neuropaludisme), hypoglycémie, insuffisance rénale aiguë.


Prévention:


poids (kg)

cé adulte

cé junior

5-8

-

1/2

8-10

-

3/4

11-20

1/4

1

21-30

1/2

2

31-40

3/4

3

>40

1

-



Implications anesthésiques

-        y penser : zone endémique, migrants ou retour de voyage (voir carte mondiale). Il y a parfois des récurrences post-opératoires après une longue période asymptomatique (surtout P vivax et P ovale).

-        symptômes aspécifiques

-        un examen sanguin négatif nexclut pas le diagnostic

-        en cas de goutte épaisse positive sans signes de paludisme : traiter et reporter lintervention dune semaine.

-        en cas danesthésie durant un accès : surveiller la glycémie (risque dhypoglycémie), éviter lhypoventilation (risque dhypertension intracrânienne en cas datteinte cérébrale) et la surchage volémique (dysfonction ventriculaire), et enfin : surveiller les plaquettes, lhémoglobine et la fonction rénale (risque de nécrose tubulaire, dhyponatrémie et dhyperkaliémie)

-        en cas de crise durant une anesthésie : diagnostic différentiel avec lhyperthermie maligne

-        traitement dun accès sévère : suivre lavis dun infectiologue.


sinon, artésunate IV très lente ou IM : 3 mg/kg/dose si < 20 kg

                                                          2,4 mg/kg/dose si > 20kg

               1 dose 12 et 24h après la 1ère dose puis 1 dose/j max 7j

               relais par artémisinine p os, dès que possible

               risque dhémolyse 2-3 semaines après si hyperparasitémie ou jeune enfant


LOMS recommande dassocier lartésunate à un des antipaludiques suivants : méfloquine ; pyronaridine ; sulfadoxine-pyriméthamine ; artéméther-luméfantrine ; dihydroartémisinine-pipéraquine. Des cas de résistance partielle à artémisinine ont été décrits dans le Mékong, en Erythrée, en Ouganda et au Rwanda.


Références :         

-        Zanfini BA, Dell'Anna AM, Catarci S, Frassanito L, Vagnoni S, Draisci G.
Anesthetic management of urgent cesarean delivery in a parturient with acute malaria infection.
Korean J Anesthesiol 2016 ; 69 : 193-6.

-        Soltanifar D, Carvalho B, Sultan P.
Perioperative considerations of the patient with malaria.
Can J Anesth 2015 ; 62:30418

-        Shafya SZ, Hakima M, Henga R, Tobias JD.
Anesthetic implications of malarial infection in a child.
J Med Cases 2019;10: 84-8

-        Espina-Bertoso S.
Malaria for the anaesthetist.Tutorial 176.
Update in Anaesthesia, Sept 2010, p 24-7.

-        Kayentao K, Ongoiba A, Preston AC et al.
Subcutaneous administration of a monoclonal antibody to prevent malaria.
N Engl J Med 2024;390:1549-59.


Mise-à-jour mai 2024