[MIM 209 880]
(Hypoventilation alvéolaire centrale congénitale)
Très rare : de 1/50.000 à 1/200.000 naissances vivantes. En général, mutation hétérozygote de novo du gène PHOX2B en 4p12 (90% des cas) qui provoque une répétition supérieure à 20 fois de l’alanine (mutation PARM) : l’affection est d’autant plus sévère que le nombre de répétitions est important. Quelques cas de transmission autosomique dominante à pénétrance et expressivité très variables ont été observés. Le génotype normal est décrit comme 20/20, ce qui indique le nombre d’alanine dans la zone d’expansion de l’exon 3 sur chaque allèle. Les génotypes PARM vont de 20/24 à 20/33. Les formes égales ou supérieures à 20/27 produisent les phénotypes les plus sévères (pauses sinusales prolongées nécessitant la pose d’un pacemaker cardiaque, association à la maladie de Hirschprung). D’autres mutations, plus rares, ont été décrites et sont appelées non-PARM : par exemple, des mutations des gènes MYO1H et LBX1 (transmission autosomique récessive dans des familles consanguines). Le risque de neuroblastome est accru chez les enfants non-PARMs. En cas de répétitions moins fréquentes de l’alanine (entre 23 et 25), l’hypoventilation centrale à un début retardé (enfance, âge adulte), et qui se manifeste par des problèmes respiratoires aigus (nécessité de ventilation durant le sommeil, voire de trachéotomie) en cas d’hypertrophie amygdalienne, ou suite à l’usage de sédatifs ou d’agents anesthésiques. L’hypoventilation alvéolaire centrale congénitale est parfois associée à une maladie de Hirschsprung (13 -26% des cas) (syndrome de Haddad).
L’hypoventilation alvéolaire centrale congénitale sans doute due à une anomalie d'intégration, au niveau du système nerveux central, des informations afférentes reçues par les chémorécepteurs.
On observe :
- une hypoventilation alvéolaire sévère (hypoxémie et hypercarbie) en respiration spontanée due à une absence de réponse ventilatoire à l’hypercapnie : cette hypoventilation est due à une diminution de la fréquence et de l’amplitude des mouvements respiratoires. Elle est plus sévère durant le sommeil, surtout durant le sommeil calme (non-REM)
- cette hypoventilation est permanente jusque vers 6 à 12 mois : le nourrisson devient alors généralement capable de contrôler sa fréquence respiratoire à l’éveil ; cependant, l’hypoventilation reste permanente dans 10 à15% des cas
- des anomalies du contrôle autonomique cardiovasculaire (40%) : pauses sinusales, bradycardies sévères, parfois asystolie brève nécessitant la pose d’un pacemaker cardiaque (indication si intervalle R-R > 3 sec à l’ECG) ; syncopes vaso-vagales ; hypertension nocturne et hypotension diurne, hypotension orthostatique
- des accès de sudation, d’hypoglycémie avec hyperinsulinisme et des troubles de l’homéostasie de la température corporelle
- un faciès d’aspect carré et plat
- reflux gastro-oesophagien sévère secondaire à une dysmotilité de l’oesophage
- des anomalies oculaires (66%) : strabisme intermittent, pupilles ou iris anormaux avec difficulté de la dilatation pupillaire, anisocorie fréquente
Il existe également des formes acquises suite à un traumatisme ou à une tumeur au niveau du tronc cérébral.
Selon sa gravité et l’âge du patient, cette affection nécessite :
- une ventilation non-invasive nocturne
- une trachéotomie avec ventilation nocturne
- une ventilation en pression négative (« poumon d’acier »)
- une stimulation électrique des nerfs phréniques (intervention réalisée sous thoracoscopie et ventilation unipulmonaire) pour assurer la ventilation nocturne.
Centre de référence en France : www.ondinefrance.org
et Hôpital R Debré: ha.trang@rdb.aphp.fr
Implications anesthésiques:
ECG et échocardiographie récents. Reflux gastro-oesophagien. Parfois hypoplasie de l’étage médian de la face secondaire à l’application d’un masque pour ventilation non-invasive nocturne dans l’enfance. Si possible éviter l'usage des anesthésiques généraux et des morphiniques à longue durée d’action et leur préférer des techniques d'anesthésie locorégionale. Un cas de BAV complet associé à l’injection d’un bolus de 3 mg/kg de propofol. Y penser en cas de réveil prolongé et d’apnée inexpliqués après une sédation ou une anesthésie générale.
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Mise-à-jour octobre 2020