Neuroblastome
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Tumeur solide la plus fréquente chez l’enfant après les tumeurs cérébrales : incidence estimée à 9,5 cas par million d’enfants et par année. Elle est dérivée de cellules de la crête neurale embryonnaire. Une mutation d’un des gènes suivants peut produire un neuroblastome : gène KIF1B en 1p36 (NBLST1, MIM 256 700), gène PHOX2B en 4p12 (NBLST2, MIM 613 013), gène ALK en 2p23 (NBLST3, MIM 613 014), un gène en 6p (NBLST4, MIM 613 015), un gène en 2q35 (NBLST5, MIM 613 016), un gène en 1q21 (NBLST 6, MIM 613 017). D’autres pathologies dues à des anomalies de la migration de la crête neurale peuvent y être associées : maladie de Hirchsprung, syndrome d’Ondine, neurofibromatose de type I. Selon le degré de maturation cellulaire des cellules tumorales, on parle de neuroblastome (peu de différentiation), de ganglioneuroblastome (différentiation intermédiaire) ou de ganglioneurome (forme différenciée et bénigne).
Le mode de présentation est très variable. La symptomatologie dépend de la localisation de la tumeur primitive et de la présence de métastases. Par ordre de fréquence, la tumeur primitive est située au niveau :
Quand la tumeur primitive est localisée près de l’axe vertébral, on observe souvent une extension tumorale jusque dans le canal médullaire qui peut entraîner des douleurs ou des signes de compression médullaire (troubles de la marche, paraplégie brutale).
Les métastases peuvent être :
- médullaires : anémie, leucopénie, thrombopénie ;
- hépatiques : insuffisance hépatique par envahissement ;
- rétro-orbitaires : exophtalmie associée à des ecchymoses périorbitaires (signe de Hutchinson); cette localisation est pathognomonique mais souvent attribuée initialement, à tort, à un traumatisme.
- mandibulaires : gonflement douloureux de la mâchoire
L’enfant peut également présenter des signes généraux comme :
Les tumeurs qui secrètent du VIP ou qui entraînent des opso-myoclonies sont histologiquement plus matures et ont un meilleur pronostic. En général, les nourrissons présentent un stade L1 ou MS alors que les enfants âgés de plus d’un an présentent plus souvent un stade L2 ou M.
Un bilan initial d'extension est indispensable pour adapter le traitement. Ce bilan comprend, outre un bilan hématologique et une ponction-biopsie médullaire :
Une biopsie de la tumeur est nécessaire pour rechercher des facteurs de gravité en fonction de l’aspect histologique (degré de maturation cellulaire), du contenu en ADN des cellules tumorales et de l’amplification du MYCN (oncogène situé en 2p24.3 et dont l’expression stimule la croissance tumorale).
Une nouvelle classification clinique a été établie en fonction du bilan d'extension préopératoire. Elle permet d’évaluer le risque vital et de proposer une stratégie thérapeutique. Les éléments cliniques sont pondérés par les résultats biologiques en sachant qu’une faible différentiation cellulaire, une amplification de NMYC ou un faible contenu en ADN sont des éléments péjoratifs.
Stade INRGSS International Neuroblastoma Risk Group Staging System |
Stade INSS International Neuroblastoma Staging System |
Définition |
Implications thérapeutiques |
L1 |
1 et 2 |
Tumeur localisée qui n’envahit pas des structures vitales (imagerie) et limitée à un compartiment du corps |
Exérèse chirurgicale possible |
L2 |
3 |
Tumeur locorégionale avec présence d’une ou plusieurs facteurs de risque d’envahissement local à l’imagerie |
Exérèse chirurgicale difficile à cause de l’envahissement de structures vitales |
M |
4 |
Toute tumeur avec métastases à distance (sauf MS) : ganglions, moelle osseuse, foie, autres organes |
Un traitement médical préopératoire agressif est nécessaire |
MS |
4S |
Tumeur chez un nourrisson de moins de 18 mois et métastases limitées au foie, à la peau et/ou à la moelle osseuse |
Intervention chirurgicale non nécessaire sauf complication vitale |
Système international de classification clinique du neuroblastome
La stratégie de traitement est établie au cas par cas :
Le stade MS (parfois appelé syndrome de Pepper) est particulier car il ne nécessite, en principe, aucun traitement, sauf s’il présente une amplification de NMYC ou une histologie défavorable, puisque la tumeur régresse spontanément. Cependant, si la tumeur est très volumineuse et compromet le pronostic vital (détresse respiratoire, insuffisance hépatique), quelques cures de chimiothérapie sont réalisées pour accélérer la fonte tumorale.
De nouvelles modalités thérapeutiques (MIBG marqué à l’iode 131, acide rétinoïque etc…) sont en cours d’évaluation.
Implications anesthésiques:
- en préopératoire :
Si la tumeur sécrète des catécholamines, il faut administrer un traitement antihypertenseur préopératoire pour compenser progressivement l’hypovolémie induite par la vasoconstriction et prévenir ou améliorer une cardiomyopathie par excès chronique de catécholamines. Le traitement le plus utilisé est à base d'anti-calciques (nifédipine ou nicardipine, par exemple).
- en périopératoire :
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Mise-à-jour février 2024