[MIM 256 100, 602 088, 604 387, 606 966, 613 159, 613 820, 613 824, 614 377, 614 817, 615 382]
(Néphronophtise familiale juvénile, maladie kystique de la médullaire rénale)
Première cause génétique d’insuffisance rénale chronique avant l’âge de 30 ans. Pathologie tubulo-interstitielle rénale chronique de transmission autosomique récessive. Incidence estimée à 1/100.000 (1/50.000 naissances au Canada). Grande variabilité de la présentation clinique et de l’origine génétique.
A l’histologie : tubules rénaux atrophiques avec membrane basale d’aspect feuilleté ou tubes dilatés avec membrane basale amincie ; fibrose interstitielle ; les kystes apparaissent tardivement.
La plupart des cas (20-40%) sont dus à une anomalie du gène NPHP1 en 2q12-q13, qui encode la néphrocystine-1 localisée dans l’épithélium tubulaire rénal (jonctions intercellulaires, cil primaire apical).
D’autres cas sont dus à une mutation :
- du gène NPHP2 en 9q31 qui encode l’inversine (1%) ; forme infantile
- du gène NPHP3 en 3q22 : qui encode la néphrocystine-3 (1%) ; forme de l’adolescent mais aussi infantile ou fibrose hépatique
- du gène NPHP4 en 1p36 qui encode la néphrocystine-4 qui est présente dans le cil connecteur des photorécepteurs
- du gène NPHP5 en 3q21 qui encode la protéine IQCB1 : formes sévères de rétinopathie ; surtout en cas de syndrome de Senior-Loken
- du gène NPHP6 ou CEP290 en 12q21, qui encode une protéine du centrosome de la base du cil primaire ; rétinopathie sévère, syndrome de Joubert
- du gène NPHP7 en 16p qui encode la protéine GLIS2: indiens Oji-Cree au Canada
- du gène NPHP8 en 16q qui encode la protéine RPGRIP1-L, une protéine localisée à la base du cil des cellules tubulaires : syndrome de Joubert et syndrome de Meckel
- du gène NPHP9 en 17q11, qui encode la protéine NEK8.
Cette pathologie entraîne un défaut de concentration des urines avec perte de sel.: le premier signe est donc souvent une polyurie-polydypsie parfois révélée par une énurésie secondaire.Progression vers l’insuffisance rénale chronique avec diurèse conservée et sans hypertension artérielle, ni protéinurie ni hématurie : indication de greffe rénale. L’imagerie montre des kystes de taille variable au niveau de la jonction cortico-médullaire.
Cliniquement, on distingue :
- forme infantile (NPHP2 ou 3): évolue vers l’insuffisance rénale terminale avant l’âge de 2 ans ; hypertension artérielle sévère, au contraire des autres formes ; apparition précoce de kystes médullaires et corticaux ; gros reins ; parfois, cardiopathie, fibrose hépatique ou situs inversus (pathologie ciliaire) ;
- forme juvénile (5 à 10% des insuffisances rénales terminales de l’enfant) (NPHP1, NPHP3 à NPHP9) : polyurie-polydispsie apparaissant vers 4-6 ans suite à un trouble important de la concentration des urines ; insuffisance rénale entre 10 et 20 ans ; anomalies des membranes basales tubulaires à la biopsie rénale ; kystes médullaires d’apparition tardive
- forme de l’adolescent ou tardive (NPHP1, NPHP3 à NPHP9): similaire à la forme juvénile mais l’insuffisance rénale est plus tardive
Certaines affections extra-rénales peuvent être associées à la néphronophtise :
- syndrome de Senior-Loken (NPHP5): cécité avec nystagmus congénital suite à une dystrophie rétinienne (rétinite pigmentaire) mais certains cas n’ont aucun retentissement clinique (anomalies isolées de l’ERG)
- syndrome de Cogan type II: apraxie oculo-motrice en principe isolée, parfois associée avec une ataxie cérébelleuse (délétion gène NPHP1 dans certains cas)
- syndrome de Joubert OR ou cérébello-oculo-rénal (NPHP7) : retard mental, ataxie cérébelleuse, dégénérescence rétinienne ; une atteinte rénale est présente dans une minorité des cas
- syndrome de Boichis ou Senior-Boichis: fibrose hépatique avec hépatosplénomégalie; prolifération des canaux biliaires [MIM 613 550] ; on parle de syndrome de Boichis-Loken si une dégénérescence tapéto-rétinienne et un retard mental sont également associés
- syndrome de Saldino-Mainzer : anomalies costales, épiphyses en cônes, dystrophie rétinienne sévère
- syndrome de Sensenbrenner : dysplasie cranio-ectodermique, dysmorphie faciale, rétinite
- syndrome de Rhyns [MIM 602 152] : panhypopituitarisme
- syndrome d’Ellis-Van Creveld
Implications anesthésiques:
perte de NaCl, insuffisance rénale chronique ; forme infantile : échocardiographie préopératoire et vérifier l’absence de situs inversus ; vérifier la fonction hépatique.
Références :
- Salomon R.
La néphronophtise et les maladies apparentées : hétérogénéité génétique et oligogénisme.
Journées Parisiennes Pédiatrie 2006, p 1-14.
- Sikora P, Mejewski M, Kandzierski G et al.
Juvenile nephronophtisis, short stature, partial odontia and skeletal abnormalities- a new syndromic association.
Nephrol Dial Transplant 2006; 21: 2335-6
Mise-à-jour: juillet 2014