Myopathies myofibrillaires

Groupe de dystrophies musculaires qui présentent une image histologique similaire et dont les mutations concernent des protéines associées à la zone Z des fibres musculaires.

La biopsie musculaire montre une dystrophie avec une dégénération de fibres musculaires, de la fibrose et de la nécrose ; l’image typique est celle d’une désorganisation myofibrillaire qui débute au niveau de la zone Z et est accompagnée d’une accumulation de produits de dégradation des microfibrilles et de protéines dont l’expression est ectopique à ce niveau. On peut également observer, là où les microfibrilles ont disparu, une aggrégation de matériel filamenteux dégradé, des vacuoles d’autophagie et des amas de glycogène.

Les formes cliniques sont variables : la maladie se déclare en général entre 35 et 50 ans et on retrouve le plus souvent une faiblesse musculaire distale progressive mais une atteinte cardiaque (cardiomyopathie, troubles de conduction, troubles du rythme) peut être associée.  Les CPK sont élevées.


Selon la protéine associée à la zone Z qui est mutée, on distingue :

 

1)        myopathie myofibrillaire type 1 (desminopathie) [MIM 601 419] : transmission autosomique dominante dune mutation du gène DES (2q35) qui code la desmine, protéine qui forme un filament intermédiaire de type III qui assure lintégrité de la structure musculaire et sa résistance aux stress mécaniques externes. La majorité des patients montrent les premiers signes entre 10 et 60 ans. Faiblesse musculaire distale ou des ceintures ou scapulopéronéale ; atrophie musculaire avec dysphagie, dysarthrie. Une cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit (type 7) est habituelle. Dautres présentations  ressemblent à la maladie dEmery-Dreifuss et dautres mutations du même gène produisent une dystrophie des ceintures autosomique dominante ou récessive sont possibles.

2)        myopathie myofibrillaire type 2 (áâ-cristallinopathie) [MIM 608 810] : transmission autosomique dominante dune mutation du gène CRYAB (11q23.1) ; les á-cristallines sont des petites protéines qui se regroupent en amas qui se lient à des protéines anormales ou dénaturées pour empêcher leur agrégation dans la cellule. Láâ-cristalline est présente dans le cristallin et les muscles squelettiques et cardiaques. La maladie débute en général à lâge adulte avec une faiblesse musculaire distale et proximale, symétrique et associée à une amyotrophie. Parfois : cataracte, faiblesse des muscles palato-pharyngés, cardiomyopathie, insuffisance respiratoire. Une mutation particulière [MIM 613 869] entraîne la dystrophie musculaire hypertonique des autochtones canadiens (indiens Cree) : apparition dune rigidité musculaire rapidement progressive au niveau des membres et du tronc dès les premières semaines de vie ; cette rigidité résiste aux curares ; insuffisance respiratoire sévère et décès dans les 3 premières années de vie.

3)        myopathie myofibrillaire type 3 (myotilinopathie) [MIM 609 200]: transmission autosomique dominante dune mutation du gène MYOT en 5q31 ; longtemps classifiée comme une dystrophie des ceintures de type LGMD1A. Début à lâge adulte (60 ans) ; parfois atteinte cardiaque ou neuropathie périphérique associée.

4)        myopathie myofibrillaire type 4 [MIM 609 452]: transmission autosomique dominante dune mutation du gène LDB3 (10q23.2)

5)        myopathie myofibrillaire type 5 (Filaminopathie) [MIM 609 524] : transmission autosomique dominante dune mutation du gène FLNC en 7q32.1; les filamines sont de larges protéines du cytosquelette. Début à lâge adulte avec une faiblesse musculaire progressive; cardiomyopathie, insuffisance respiratoire et neuropathie périphériques apparaissent ensuite. Une forme apparentée qui se manifeste dès la petite enfance a été récemment décrite suite à la transmission autosomique récessive dune mutation du gène FILIP1 (Filamin A interacting protein 1) (6q14.1) : association dun retard de développement, de malformation cérébrale, dune dysmorphie et dune myopathie.

6)        myopathie myofibrillaire type 6 (BAG-3pathie) : transmission autosomique dominante dune mutation du gène BAG3 (10q26.11) qui code une protéine co-chaperone qui participe à la dégradation des protéines malformées ou agrégées. Début dans lenfance avec une faiblesse musculaire sévère et progressive : une cardiomyopathie et une insuffisance respiratoire par paralysie du diaphragme apparaissent ensuite ; parfois sy ajoute un tableau de « rigid spine » extrême.

7)        Myopathie myofibrillaire type 7 [MIM 617 114] : transmission autosomique récessive dune mutation du gène KY (3q22.2)

8)        Myopathie myofibrillaire type 8 [MIM 617 258] : transmission autosomique récessive dune mutation du gène PYROXD1(12p12.1)

9)        Myopathie myofibrillaire type 9 avec insuffisance respiratoire précoce (Titinopathie, HMERF) [MIM 603 689] : mutation du gène TTN (2q31.2) qui code la titine; voir titinopathies.


Implications anesthésiques

échocardiographie et ECG préopératoires ; évaluation de la fonction respiratoire ; éviter la succinylcholine et les garrots. Pas d’association connue avec l’hyperthermie maligne. Pas de risque majoré de PRIS lors d’une TIVA au propofol. Bien qu’aucun cas de rhabdomyolyse induite par les halogénés n’ait été décrit, il est prudent de les éviter.


Références : 

-         Selcen D. 
Myofibrillar myopathies. 
Neuromusc Disord 2011 ; 21 : 161-71.

-        Cawkwell GD.
Pathological case of the month:progressive hypertonic muscular dystrophy.
Arch Pediatr Adolesc Med 2001; 155: 853-4.

-        Forrest KML, Al-Sarraj S, Sewry C et al.
Infantile-onset myofibrillar myopathy due to recessive CRYAB mutations.
Neuromusc Disord 2011; 21: 37-40.

-         Latham GJ, Lopez G. 
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Pediatr Anesth 2015; 25:231-238 

-        Benarroch L, Bonne G, Rivier F, Hamroun D.
The 2020 version of the gene table of neuromuscular disorders.
Neuromusc Dis 2019 ; 29 : 980-1018 ou  http://www.musclegenetable.fr.


Mise-à-jour  février 2024