Prévalence estimée à 1 à 2% chez l’enfant de moins de 10 ans, à 4 à 5% plus tard. La prédominance féminine apparaît à la puberté.
Classiquement, la douleur migraineuse serait la conséquence d'un trouble vasomoteur qui évolue en deux phases: d'abord une vasoconstriction des artères cérébrales expliquant les phénomènes prémonitoires ou aura, puis leur vasodilatation provoquant la douleur pulsatile. On retrouve souvent une hérédité familiale : le trouble de la régulation vasomotrice des artères cérébrales serait le résultat d'une anomalie biochimique transmise génétiquement. Une hypothèse plus récente associe la migraine à un trouble de l’excitabilité des neurones sensoriels suite à une mutation du gène TRESK.
Depuis 2003, les critères diagnostiques internationaux de la migraine de l’enfant sont (voir tableaux) :
- la durée minimale de la crise est 1 heure, donc plus courte que chez l’adulte (4 heures),
- la localisation est bilatérale dans la majorité des cas.
La crise se termine généralement avec le sommeil.
Ce sont souvent des enfants anxieux, perfectionnistes, travailleurs et consciencieux. La plupart des auteurs sont d'accord pour noter l'émotivité particulière de la majorité de ces enfants
Classification internationale des migraines de l’enfant
(selon la Société Internationale de la céphalée)
- 1. Migraine sans aura
- 2. Migraine avec aura
- 3. Migraine compliquée
----- migraine hémiplégique
----- migraine basilaire
----- migraine ophtalmoplégique
- 4. Équivalents migraineux
----- syndrome des vomissements cycliques
----- vertiges paroxystiques bénin de l’enfant
----- migraine rétiniennes
----- torticolis paroxystique
----- Migraine abdominale et Coliques infantiles
----- Syndrome d’Alice au pays des merveille
CRITÈRES DIAGNOSTIQUES DE MIGRAINE SANS AURA CHEZ L’ENFANT
A
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Au moins 5 crises répondant aux critères B – D
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B
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Crise d’une durée de 1 à 48 heures
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C
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La céphalée présentant au moins deux des caractéristiques suivantes :
- localisation bilatérale
- pulsatile dans 50% des cas
- intensité modéré ou sévère
- aggravée par l’activité physique
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D
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Durant la céphalée, au moins:
- nausée ou vomissement
- photophobie (70%)
- phonophobie (80%)
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E
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Exclusion par l’anamnèse, l’examen clinique et neurologique, éventuellement par des examens complémentaires, d’une maladie organique pouvant être la cause de céphalées.
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Trois syndromes périodiques de l’enfance sont considérés comme des précurseurs de la migraine chez l’adulte:
- Crise de vertige paroxystique bénin (migraine labyrinthique ?)
- accès brusque de vertige sévère durant de quelques minutes à quelques heures avec résolution spontanée. Un nystagmus et des vomissements peuvent être présents.
- Avec un EEG et un examen neurologique normaux.
- Crise de migraine abdominale
- crise durant de 1 à 72 heures.
- d’intensité variable
- localisation médiane ou péri-ombilicale ou mal définie
- Présentant au moins 2 des 4 caractéristiques suivantes :
- pâleur.
- perte d’appétit.
- vomissement.
- nausées.
- Crise de vomissements cyclique (voir ce terme)
- accès épisodiques et stéréotypés d’intenses nausées et vomissements durant 1 à 5 jours.
- 4 épisodes de vomissement par heure pendant une heure au moins.
- aucune autre manifestation entre les crises.
Traitements :
- de la crise :
- ibuprofène chez l’enfant de plus de 6 mois.
- diclofénac chez l’enfant dont le poids est supérieur à 16 kg,
- naproxène chez l’enfant de plus de 6 ans ou dont le poids est supérieur à 25 kg,
- aspirine en monothérapie ou en association au métoclopramide,
- paracétamol en monothérapie ou en association au métoclopramide,
- chez l’adolescent de 12 à 17 ans le sumatriptan spray nasal (10 à 20 mg)
- préventif : en cas d’échec des traitements non-médicamenteux ou de crises fréquentes : vitamine B2 (riboflavine) ?, un béta-bloquant (propranolol, métoprolol), amitryptilline 3-5 mg/jour, flunarizine 5 mg/jour si > 10 ans
Implications anesthésiques:
- anamnèse : quels sont les éléments déclencheurs habituels d’une crise chez le patient ? durée de la crise ? traitement aigu ?
- traitement habituel jusqu’au jour de la procédure
- éviter stress et douleur (AINS systématique si pas de contre-indication)
- prévention des nausées/vomissements
Références :
- Lanteri-Minet M, Valade D, Géraud G, Lucas C, Donnet A.
Prise en charge diagnostique et thérapeutique de la migraine chez l’adulte et l’enfant (Recommandations).
Revue Neurologique 2013; 169:14-29.
- Donnet A.
Migraine de l’enfant.
Douleur Analg 2012; 25: 156-9
Mise-à-jour décembre 2018