Syndrome métabolique dû à la libération massive de composants cellulaires lors de la lyse de cellules malignes. Cette lyse peut être spontanée (30% des cas) ou survenir lors de la première cure de chimiothérapie.

Les tumeurs malignes à risque sont celles dont le temps de doublement est rapide, c’est-à-dire : lymphome non-Hodgkinien (surtout lymphome de Burkitt), les leucémies lymphoblastiques aiguës avec hyperleucocytose majeure, certaines tumeurs solides.

Deux facteurs de risque supplémentaires sont :

• une hyperuricémie > 450 µmol/l
• la présence d’une oligurie ou d’une insuffisance rénale préexistante ou due à la précipitation de cristaux d’urates ou phosphocalciques dans les tubules rénaux, ou à la compression des voies urinaires (tumeur)

Les signes biologiques sont :

• hyperuricémie > 475 µmol/L
• hyperkaliémie > 6 mmol/L
• hypocalcémie < 1,75 mmol/L
• hperphosphorémie > 3mmol/L

On observe parfois : pneumopathie aléolaire, troubles de l’hémostase (fibrinolyse, CIVD).

Traitement :

• hyperhydratation (sauf en cas d’insuffisance rénale ou d’oligurie) : si > 10kg : 200ml/kg/j d’un mélange ¼ glucose5% et ¾ NaCl 0,9%.
• traitement hypouricémiant : urate-oxydase (rasburicase, Fastuterc®) : 0,15 à 0,2 mg/kg /j IV en 30 minutes ; contre-indication : déficit en G6PD ; effets secondaires possibles : détresse respiratoire, methémoglobinémie
• diurétique en cas de diurèse insuffisante
• alcalinisation (NaHCO3) seulement en cas d’acidose
• ne corriger la calcémie que si elle est symptomatique
• épuration extrarénale (dialyse) si hyperkaliémie persistante, phosphorémie > 3,2 mmol/L ou produit [P x Ca] < 4,6 (en mmol/L)

Implications anesthésiques: 

• y penser dans les situations à risque : tumeurs à croissance rapide (biopsie, pose de cathéter central)
• monitorage très fréquent K, P et créatinine sanguines
• en cas d’arrêt cardiaque : à traiter comme une hyperkaliémie jusqu’à preuve du contraire
• éviter toute corticothérapie, y compris l’administration de faibles doses de dexaméthasone comme antiémétique, sans l’avis d’un hématologue : des cas d’arrêt cardiaque hyperkaliémique ont été décrits.

Références : 

-        Jabbour E, Ribrag V.
Traitement actuel du syndrome de lyse tumorale.
Revue Méd Interne 2006 ; 26 : 27-32.

-        Farley-Hills E, Byrne AJ, Brennan L, Sartori P.
Tumour lysis syndrome during anaesthesia.
Pediatr Anesth 2001; 11: 233-6.

-        Mc Donnel C, Barlow R, Campisi P, Grant R, Malkin D.
Fatal peri-operative tumour lysis syndrome precipitated by dexamethasone.
Anaesthesia 2008; 63: 652-5.

-        Osthaus WA, Linderkamp C, Bünte C, Jüttner B, Sümpelmann R.
Tumor lysis syndrome with dexamethasone use in a child with leukemia.
Pediatr Anesth 2008; 18:268-70.

-        Sinha R, Bose S, Subramaniam R.
Tumor lysis under anesthesia in a child.
Acta Anaesthesiol Scand 2009; 53: 131-3.

Mise-à-jour juillet 2017