Leucémies lymphoblastiques aiguës

Les leucémies lymphoblastiques aiguës (LLA) sont les formes les plus fréquentes de leucémie de l'enfant avec un pic de fréquence compris entre les âges de 2 et 6 ans. Elle survient plus fréquemment chez les enfants présentant certaines anomalies chromosomiques comme la trisomie 21, l'anémie de Fanconi, le syndrome ataxie-télangiectasie, le syndrome de Li Fraumeni ou le syndrome de Bloom.

L'étiologie des LLA est, globalement, inconnue même si de nombreux facteurs génétiques et environnementaux ont une association démontrée avec elles. La gravité de l'affection et son traitement dépendent de la morphologie, des marqueurs de surface et des caractéristiques cytogénétiques des cellules hématopoïétiques en cause.


Les marqueurs de surface montrent que les LLA dérivent :


Chez la majorité des enfants atteints, il existe des anomalies chromosomiques (translocations, délétions, multiplications) dont la nature a une forte incidence pronostique.


Classification OMS 2016 des LA lymphoblastiques et des LA de lignée ambiguë

Le terme leucémie ou lymphome peut être employé indifféremment, selon la présentation initiale de la maladie : dans les 2 situations le même type de blastes est en cause mais la présentation est différente :


•        LLA : envahissement médullaire massif et phase leucémique

•        Lymphomes lymphoblastiques : envahissement médullaire moindre et parfois des masses leucémiques (médiastin, paroi intestinale, ganglions,…)


  1. LEUCÉMIE AIGUË / LYMPHOME LYMPHOBLASTIQUE B SANS AUTRE SPÉCIFICATION


LLA1 [MIM 615 545] : mutation prédisposante en 10q21

LLA2 [MIM 613 067] : mutation prédisposante en 7p12.2

LLA3 [MIM 615 545] : mutation prédisposante en 9p13.2


La LLA de type Burkitt (LLA3 - FAB) [MIM 113 970] correspond au lymphome de Burkitt leucémisé et est incluse parmi les tumeurs à cellules B matures. Elle est associée à une infection par le virus dEpstein-Barr. Mutations somatiques ou translocations impliquant le gène MYC (8q24.21).

 

  1. LEUCÉMIE AIGUË / LYMPHOME LYMPHOBLASTIQUE B AVEC ANOMALIES CYTOGÉNÉTIQUES RÉCURRENTES :

 


  1. Leucémies aiguës / lymphomes lymphoblastiques T

 

Très rare, qui exprime le CD56.


  1. leucémies aiguës de lignée ambiguë  (< 2 %)


 Il s'agit de LA rarissimes, à différencier des LA à précurseurs plasmacytoïdes dendritiques, ou à cellules NK, ou à basophiles, et des envahissements médullaires par des cellules métastatiques de tumeurs solides. Les blastes ne présentent pas de différentiation morphologique myéloïde, sont négatifs pour les cytochimies MPO et estérase, et n'expriment aucun antigène lymphoïde B, T, ou myéloïde, NK, dendritique ou basophile

 

LA qui remplit les critères d'une LA de phénotype mixte, mais avec un chromosome Ph1.

 

Observables à tous les âges mais surtout dans la petite enfance.

Il s'agit souvent d'une LA hyperleucocytaire, avec une double population de blastes, l'une ressemblant à des lymphoblastes et l'autre à des monoblastes.

Le plus souvent le partenaire de la translocation est AF4 localisé en 4q21.

 

 Les blastes ressemblent habituellement à des lymphoblastes, ou sont un mélange de cellules ressemblant à des lymphoblastes et d'autres à des myéloblastes.

 

 L'aspect morphologique évoque celui de la catégorie précédente, mais peut aussi correspondre à un mélange de petits et grands lymphoblastes tous avec un rapport N/C très élevé.


Manifestations cliniques

Le début des manifestations est le plus souvent insidieux : anorexie, fatigabilité et irritabilité progressive parfois associée à un état subfébrile ou fébrile. Il s'y associe souvent des douleurs osseuses ou articulaires. La symptomatologie est souvent progressive, dominée par la pâleur, la formation d'hématomes cutanés spontanés ou après traumatisme minime, un purpura, des saignements muqueux, une infection respiratoire et un état fébrile.

Le bilan biologique standard trouve habituellement une hyperleucocytose (>20.000/mm3), une anémie et une thrombopénie. C'est la ponction de moelle qui va permettre de confirmer le diagnostic et de préciser le type de l'affection. Une batterie de prélèvements et d'examens complémentaires va alors être programmée pour préciser le degré d'extension de la maladie au niveau des différents organes (système nerveux central notamment).


Traitement et complications

Le traitement repose sur l'application de protocoles de chimiothérapie appliqués de manière séquentielle ("cures"), en fonction de l'âge du patient, de la forme histologique et des marqueurs de surface, de la réponse initiale au traitement. Le traitement initial (cure d'induction, d'une durée habituelle de 4 semaines environ) vise à détruire la lignée hématopoïétique cancéreuse au niveau de la moelle osseuse, mettant l'enfant en aplasie.

Les agents les plus utilisés sont la vincristine, la L-asparaginase, la daunomycine et, en complément, une corticothérapie à forte dose (dexaméthasone ou prednisone). Des injections intrathécales de méthotrexate et/ou de cytarabine sont également réalisées, soit à titre curatif (dès la cure d'induction) soit à titre préventif, après la cure d'induction. La cure d'induction permet habituellement d'obtenir un taux de rémission de 98% (défini par  l'existence d'un taux de cellules blastiques dans la moelle inférieur à 5% avec une normalisation de la numération sanguine en plaquettes et en polynucléaires neutrophiles).

Les étapes ultérieures du traitement suivent des protocoles complexes, variant selon les équipes et les pays. En général, un traitement de consolidation est appliqué après la cure d'induction pendant une durée de plusieurs mois à plusieurs années avec des contrôles régulier vérifiant l'absence de rechute, ce qui survient dans 15 à 20% des cas et va conduire à de nouvelles chimiothérapies particulièrement agressives et à d'autres méthodes de traitement (radiothérapie, immunothérapie, transplantation médullaire etc.).


Les chimiothérapies ont des effets toxiques importants non seulement sur les cellules blastiques mais aussi sur de nombreuses cellules normales de l'organisme :


La lyse cellulaire brutale en début de traitement provoque une forte élévation de l'uricémie qui doit être traitée préventivement (hyperhydratation, allopurinol ou rasburicase) pour éviter l'installation d'une insuffisance rénale. Le risque de syndrome de lyse tumorale aiguë est important en tout début de traitement et des cas dinsuffisance rénale et dhyperkaliémie ont été décrits après des doses habituelles de corticoïdes.

L'aplasie ou myélosuppression  médullaire entraîne:



Implications anesthésiques


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Mise à jour  mars 2021