Laparoschisis

[MIM 230 750]

(gastroschisis)

Prévalence : 1/5. 000 à 1/15.000 naissances vivantes avec une nette tendance à l'augmentation au cours des dernières décennie : de 3,92 à 6,17 pour 10.000 naissances au Texas de 1999 à 2008. Il existe une légère prédominance masculine. La malformation est plus fréquente chez les femmes jeunes, ayant des comportements à risque (tabac, drogues récréatives, infections génito-urinaires fréquentes, herpès) et ayant eu un faible nombre de grossesses. Il est possible quune mutation dun des gènes NOS3, ADD1, ICAM1, ICAM4 ou ICAM5 sensibilise le développement foetal à des facteurs environnementaux.

Anomalie de fermeture de la paroi abdominale qui se présente comme une fente longitudinale située latéralement, généralement dans le muscle grand droit du côté droit, au niveau de la base du cordon ombilical qui n'est pas concerné par la lésion. De ce fait, une partie plus ou moins importante de l'intestin moyen reste extra-abdominale et baigne directement dans le liquide amniotique sans couverture tissulaire. À la naissance, les viscères (intestins, parfois foie et rate) sont extériorisés et directement exposés au milieu extérieur



Les nouveau-nés naissent, en moyenne, à la 35-36ème semaine avec un retard de croissance intra-utérin souvent important (poids inférieur au 10ème percentile pour l'âge gestationnel dans plus de 20% des cas). On considère classiquement quau contraire de lomphalocèle le gastroschisis est rarement associé à dautres anomalies congénitales. Les données épidémiologiques récentes contredisent ce point : au moins une malformation associée est observée dans 32% des cas :

Les facteurs à lorigine de lanomalie de fermeture pariétale ne sont pas connus. Plusieurs hypothèses ont été successivement évoquées:

Le diagnostic de laparoschisis est facile à faire avant la naissance au cours dune échographie. Toutefois, le contexte socio-économique particulier de certaines jeunes mères fait que le suivi de la grossesse nest pas toujours optimal et que le diagnostic soit porté au moment de la naissance (ou juste avant). Lorsque la malformation est reconnue en cours de grossesse, le suivi doit être assuré par un centre obstétrical tertiaire où la mère sera transférée vers la 34-35ème semaine pour son accouchement. La stratégie de laccouchement varie selon les centres :

La prise ne charge dès la naissance comprend :

Une fois lenfant pris en charge dans lunité de soins intensifs néonataux, la conduite ultérieure varie selon les équipes et limportance de la lésion.

Plusieurs stratégies sont possibles ensuite :

Un score de pronostic du gastroschisis a été proposé au Canada : il est basé sur lexamen des anses intestinales dans les 6 heures qui suivent la naissance (voir tableau) : un score supérieur à 2 implique une majoration de la morbidité (délai de la réalimentation et de larrêt de lalimentation parentérale) et un score supérieur à 4 une mortalité


Adherences

absentes = 0

modérées = 1

sévères = 4

Atrésie

absente = 0

suspectée = 1

présente = 2

Perforation

absente = 0


présente = 2

Nécrose

absente = 0


présente = 4

Score du gastroschisis


La réintégration d'un volume variable d'anses intestinales dans une cavité abdominale partiellement ou très hypoplasique expose à trois risques principaux :

Les suites opératoires, passée la période postopératoire immédiate, sont dominées par les problèmes de réalimentation car le tube digestif est pathologique, inflammatoire et souvent de longueur réduite (syndrome de grêle court). Un nombre non négligeable des enfants ayant survécu à la malformation en période néonatale dépendra toute sa vie d'une diète alimentaire particulière (et contraignante), voire d'une alimentation parentérale au long cours (avec toutes ses complications possibles).


Implications anesthésiques

Le temps délicat est celui de la réintégration des anses intestinales dans la cavité abdominale. Plusieurs mesures de pression réalisées lors dun essai de fermeture de la paroi aident à évaluer le risque de syndrome compartimental abdominal post-opératoire. Il vaut mieux renoncer à réaliser une fermeture primaire lorsque :

Lorsque ces mesures de pressions font craindre une pression intra-abdominale trop élevée en cas de fermeture primaire, il faut opter pour la mise en place d'un sac de silastic qui est mis en traction verticale pour éviter l'effet de pression des viscères extra-abdominaux sur la paroi abdominale. En 2 à 10 jours, les viscères protégés par le sac sont progressivement réintégrés dans la cavité abdominale et la fermeture définitive est alors réalisée au bloc opératoire.

Dans la plupart des cas, les enfants sont gardés intubés et placés sous ventilation mécanique en postopératoire.


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Mise-à-jour mars 2017