(MIM 213 300, 610 688, 612 291, 614 173)
(Syndrome de Joubert type A, Syndrome de Joubert-Boltshauser)
Rare : incidence estimée à 1/80.000 à 1/100.000. Transmission autosomique récessive, parfois liée à l’X. Génétique hétérogène : 10 gènes ont été identifiés dont JBTS1/INPP5E (9q34), JBTS2/TMEM216 (11p12-q13), JBTS3/AHI1 (6q23), JBTS4/NPHP1 (2q13), JBTS5/CEP290 (12q21), JBTS6/TMEM67 (8q22), JBTS7/RPGRIP1L (16q12), JBTS8/ARL13B (3p12.3-q12.3), JBTS9/CC2D2A (4p15), JBTS10/OFD1.
Il s’agit en fait de mutations du cil primitif : c’est donc une 'ciliopathie'.
L’élément principal est une malformation du tronc cérébral associée à une hypoplasie ou agénésie du vermis cérébelleux. Le signe radiologique commun est, en IRM, une image typique en « dent molaire » en coupe axiale à la jonction ponto-mésencéphalique, suite à l’hypoplasie du vermis et aux malformations du tronc cérébral.

On observe :
- en période néonatale : une respiration irrégulière (alternance de périodes de tachypnée et d'apnées durant l'éveil et le sommeil) qui s’améliore progressivement, et des mouvements oculaires anormaux (nystagmus, absence de poursuite oculaire) associées à une dystrophie rétinienne
- plus tard, une hypotonie et une ataxie cérébelleuse
- un retard mental très variable, souvent sévère
- des malformations cérébrales diverses : hydrocéphalie, anomalies de la fosse postérieure, anomalies du corps calleux, absence de l’hypophyse, polymicrogyrie
- une scoliose
- une sensibilité aux effets dépresseurs respiratoires de tous les agents anesthésiques, y compris le N2O
Le faciès est caractéristique : grosse tête avec front proéminent, épicanthus, sourcils hauts et arrondis, nez retroussé, bouche ouverte avec protrusion de la langue qui est animée de mouvements rythmiques, oreilles bas implantées.
Selon les malformations associées, 6 phénotypes différents sont décrits :
- JS ou syndrome de Joubert pur (ou type A) [MIM 213 300] : aucune autre malformation associée
- JS-O : avec problème oculaire (ou type B) (gène AHI1 dans 20 % des cas): une dystrophie rétinienne (parfois amaurose de Leber) due à une dégénération progressive des cellules photoréceptrices
- JS-R (gènes NPHP1, RPGRIP1L) : il existe une pathologie rénale (néphronophtise, dysplasie rénale kystique) qui entraîne une insuffisance rénale progressive.
- JS-OR (ou syndrome cérébello-oculo-rénal) (gène CEP290 dans 50 % des cas): il existe une dysplasie rétinienne (parfois amaurose de Leber) et une néphronophtise (syndrome de Senior-Loken) [MIM 266 900] et/ou une dysplasie rénale kystique (syndrome de Dekaban-Arima) [MIM 243 910]
- JS-H : il existe une fibrose hépatique congénitale (gène TMEM67 dans 80 % des cas) qui peut évoluer vers la cirrhose avec hypertension portale ; en cas d’association avec un colobome, on parle de syndrome COACH [MIM 216 360]
- JS-OFD (avec défect oro-facio-digital) (ou syndrome oro-facio-digital de type VI ou de Varadi-Papp) [MIM 277 170]:
il existe une polydactylie postaxiale, une langue bifide ou lobulée par des hamartomes, parfois une fente palatine ; parfois : absence de l’hypophyse, harmatome de l’hypothalamus ou autre tumeur cérébrale.
Les différentes formes de syndrome de Joubert peuvent être associées à une maladie de Hirschprung.
Implications anesthésiques:
Chez le nouveau-né : problèmes respiratoires ; vérifier les fonctions rénale et hépatique ; retard mental ; parfois épilepsie (si d’autres malformations cérébrales sont associées) ; sensibilité accrue aux effets respiratoires des morphiniques : indication du rémifentanil si un morphinique est nécessaire ? Pour réaliser une sédation, la dexmédétomidine semble être une solution idéale car elle n’altère pas le contrôle de la respiration.
Références :
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Mise-à-jour mars 2020