Glucose-6-phosphate-deshydrogenase (G6PD), déficit en
|
(Favisme, G6PD)
Prévalence : 0,5 à 26 % (pourtour méditerranéen) selon la zone géographique. Maladie pharmacogénétique : la grande majorité des patients affectés par une mutation ne sont pas malades sauf s’ils sont exposés à un agent extérieur qui provoque une anémie hémolytique aiguë. Transmission liée à l'X (Xq28) d’une mutation, du gène G6PD. Les garçons hémizygotes et les filles homozygotes expriment pleinement le déficit ; les filles hétérozygotes ou homozygotes avec inactivation partielle d’un allèle X présentent un phénotype intermédiaire. La glucose-6-phosphate-déshydrogenase catalyse la première réaction d'oxydation de la voie des pentoses phosphates et qui produit du NADPH. Le NADPH est un donneur d’électrons nécessaire à la biosynthèse des acides nucléiques, des acides gras et des stéroïdes, et son pouvoir réducteur est nécessaire à la défense cellulaire contre les agents oxydants. Dans les globules rouges, dépourvus de noyau et de réticulum endoplasmique, le seul rôle de la G6PD est de fournir le NADPH nécessaire aux 3 réactions enzymatiques qui en éliminent le H2O2.
Le taux normal de glucose-6-phosphate-déshydrogénase est de 7-11 U/g d’hémoglobine, et diminue à mesure que les globules rouges vieillissent.
Plus de 230 variants génétiques sont décrits (A, A-, Andalus, Orissa, Campinas, Chatham, Nilgiri etc) mais les deux formes principales sont :
Selon l'importance du déficit, on classe les sujets atteints en 4 classes:
Le dosage de G6PD peut être à la limite inférieure de la normale immédiatement après une crise hémolytique car la présence de nombreux réticulocytes peut artificiellement en augmenter le taux moyen.
Le déficit en G6PD peut se présenter comme :
1) Une crise aiguë d’anémie hémolytique, la présentation la plus fréquente. Les crises hémolytiques brutales sont déclenchées par la prise de certains médicaments oxydants (certains antipaludéens, sulfamides, analgésiques), de certains aliments (fèves, aliments riches en vitamine C) ou une infection bactérienne. Pour les formes d’origine alimentaire et médicamenteuse, l’importance de l’hémolyse est dose-dépendante.
Tableau clinique : pâleur, ictère, urines foncées. Hyperbilirubinémie non-conjugée, et corps de Heinz intra-érythrocytaires au frottis sanguin.
2) Une anémie hémolytique chronique non sphérocytaire (très rare) Ictère chronique accompagné de lithiases biliaires. Le risque de crise hémolytique est présent.
3) Un ictère néonatal: incidence mal connue. Sans doute très rare.
Implications anesthésiques:
éviter les médicaments qui peuvent provoquer des crises hémolytiques selon la liste du tableau ci-dessous (recommandations de l'AFSSAPS). Le paracétamol, l’ibuprofène et le tramadol peuvent être utilisés comme analgésiques pendant plusieurs jours consécutifs.
Recommandation |
Médicaments concernés |
|
Contre-indiqués |
Acide nalidixique Dapsone Nitrofurantoine Noramidopyrine / Métamizole sodique Rasburicase Sulfadiazine (voie orale) |
Sulfafurazol Sulfaguanidine Sulfaméthoxazole (voies orale et injectable) Sulfasalazine Triméthoprime (voies orale et injectable) |
Déconseillés (sauf situation particulière) en raison de cas observés d’hémolyse aiguë |
Chloroquine Ciprofloxacine (voies orale et injectable) Dimercaprol Glibenclamide Lévofloxacine (voies orale et injectable) |
Norfloxacine (voie orale) Phytoménadione (vitamine K1) Spiramycine (voies orale et injectable) Sulfadiazine (voie locale) |
Utilisation possible après analyse des données disponibles (littérature et pharmacovigilance) |
Bleu de méthylène (voies buccale et ophtalmique) Bupivacaïne Chloramphénicol (voie ophtalmique) Ciprofloxacine (voies ophtalmique et auriculaire) Colchicine Diéthylamine Dihydroquinidine Dimenhydrinate Doxorubicine Fève de Saint -Ignace Isoniazide (orale et injectable) Lévodopa Méfloquine Monoxyde d’azote Morpholine Nitroprussiate |
Norfloxacine (voie ophtalmique) Ofloxacine (voies ophtalmique et auriculaire) Para-aminosalicylate de sodium (PAS) Phénazone (voie auriculaire) Phénylbutazone Phénytoïne Probénécide Proguanil Propylène glycol Pyriméthamine Quinidine Streptomycine Succimer Thiamphénicol Trihexyphénidyle Trinitrine |
Déconseillés (sauf situation particulière) en raison de l’appartenance à une classe pharmacologique à risque, ou d’un risque potentiel d’hémolyse |
Acide pipémidique Carbutamide Enoxacine Fluméquine Glibornuride Gliclazide Glimépiride Glipizide Hydroxychloroquine Loméfloxacine |
Moxifloxacine Ofloxacine (orale/injectable) Péfloxacine (orale et injectable) Phénazone (voie locale) Prilocaïne Quinine Sulfacétamide Sulfadoxine Sulfaméthizol |
Déconseillés à posologie élevée |
Acide acétylsalicylique Acide ascorbique Bénorilate |
Carbasalate calcique Paracétamol (acétaminophène) |
Référence:
- Youngster I, Arcavi L, Schechmaster R, Akayzen Y, Popliski H, Shimonov J, Beig S, Berkovitch M.
Medications and glucose-6-phosphate dehydrogenase deficiency: an evidence-based review.
Drug Saf 2010; 33:713-26.
- Najafi N, Van de Velde A, Poulaert J.
Potential risks of hemolysis after short-term administration of analgesics in children with glucose-6-phosphate dehydrogenase deficiency.
J Pediatr 2011; 159:1023-8
- Luzzato L, Ally M, Notaro R.
Glucose-6-phosphate dehydrogenase deficiency.
Blood 2020 ; 136 :1225-40
Mise-à-jour janvier 2021