Encéphalite paranéoplasique

Rare : atteint < 1 % des patients atteints dun cancer. Les anticorps onconeuronaux sont dirigés contre des protéines neuronales et sont responsables de syndromes paranéoplasiques comme lencéphalopathie limbique, lataxie cérébelleuse ou les neuropathies sensitives periphériques  (Denny-Brown) classiquement associés au cancer pulmonaire à petites cellules mais aussi à dautres cancers (sein, utérus, lymphome hodgkinien ou non-hodgkinien, prostate, neuroblastome). Les signes neurologiques précèdent souvent la découverte du cancer mais il arrive quon ne retrouve pas la tumeur causale. Lhypothèse actuelle est que ces anticorps sont le reflet dune réaction immune contre des antigènes communs aux cellules tumorales et aux cellules nerveuses. Les patients porteurs de ces anticorps ont habituellement une meilleure réponse au traitement et une meilleure survie que ceux qui nen nont pas. Il arrive aussi que le risque vital lié au syndrome paranéoplasique soit plus important que celui lié à la tumeur initiale comme si la poussée auto-immune persistait après la régression tumorale.


Ces anticorps sont en général des IgG que lon recherche dans le sang ou le LCR.
On distingue :

-        groupe I : anticorps onconeuronaux à cible intracellulaire (nucléaire ou cytoplasmique)

-        groupe II : anticorps onconeuronaux à cible membranaire, comme en cas de syndrome de Lambert Eaton (voir ce terme) (en italiques dans le tableau).


Les principaux anticorps onconeuronaux sont :


Anticorps autoimmun

Atteintes paranéoplasiques possibles

Tumeur

Anti-Hu (ANNA-1)

Encéphalomyélite, myélite, dégénérescence cérébelleuse, neuropathie sensitive

Cancer bronchique à petites cellules, neuroblastome, prostate, rhabdomyosarcome

Anti-Yo (PCA-1)

Dégénérescence cérébelleuse

Gynécologique, sein

Anti-Ri (ANNA-2)

Dégénérescence cérébelleuse, opsonies-myoclonies, encéphalite du tronc

Gynécologique, sein, cancer bronchique à petites cellules

Anti-CV2/CRMP5

Dégénérescence cérébelleuse, encéphalomyélite, chorée, uvéite, névrite optique, neuropathie périphérique

cancer bronchique à petites cellules, thymome

Anti-Ma1 ou Ma2

Encéphalite limbique, hypothalamique, du tronc, dégénérescence cérébelleuse

Tumeur germinale testiculaire, cancer bronchique à petites cellules,

Anti-amphiphysine

Homme raide, encéphalomyélite, myélopathie

cancer bronchique à petites cellules

Anti-Tr

Dégénérescence cérébelleuse

Hodgkin

Anti-Zic4

Dégénérescence cérébelleuse

cancer bronchique à petites cellules

mGluR1

Dégénérescence cérébelleuse

Hodgkin

ANNA-3

Divers

cancer bronchique à petites cellules

PCA2

Divers

cancer bronchique à petites cellules

Anti NR1/NR2 du récepteur NMDA

Encéphalite limbique

Tératome (ovaire)

Anti-VGKC

Encéphalite limbique, hyperexcitabilité des nerfs périphériques

thymome, cancer bronchique à petites cellules

Anti-VGCC

Syndrome Lambert-Eaton, dégénérescence cérébelleuse

cancer bronchique à petites cellules

Anti-AChR

Myasthénie

Thymome

Anti-nAChR

Dysautonomie subaiguë

cancer bronchique à petites cellules

Anti-AMPAR

Encéphalite limbique

cancer bronchique à petites cellules

Anti-GABA-A

Encéphalite limbique

cancer bronchique à petites cellules

Anti-Gly-R

Encéphalomyélite avec rigidité

Thymome

Anti-GAD

Homme raide, ataxie cérébelleuse, épilepsie partielle, encéphalite limbique

Thymome


On parle souvent dencéphalite limbique paranéoplasique : ladjectif limbique définit la localisation anatomique préférentielle des lésions à des structures cérébrales situées autour du diencéphale (hippocampe, amygdale temporale, gyrus cingulaire, noyaux du septum, corps mamillaires etc.).


Présentation clinique :

-        convulsions,

-        atteinte progressive de la mémoire (qui peut évoluer vers la démence)

-        manifestations psychiatriques : dépression,  changements de la personnalité, perte de l'inhibition sociale,  idéation paranoïaque, hallucinations.

-        ataxie et ou dystonie,

-        tremblements, hypersomnie,

-        y penser devant un tableau encéphalite aiguë sans cause infectieuse identifiée

-        caractéristique commune : développement rapide des symptômes neurologiques et présence de signes dinflammation dans le LCR (pléiocytose, hyperprotéinorachie, IgG)


Traitement : ablation de la tumeur associée à une corticothérapie, des immunoglobulines, des plasmaphérèses


Implications anesthésiques:

en fonction de la tumeur initiale et des signes neurologiques


Références :

-        de Broucker T.
Encéphalites paranéoplasiques et autoimmunes : quand y penser, comment en faire le diagnostic ?
Réanimation 2011 ; 242-50.


Mise-à-jour janvier 2020