Cardiomyopathies hypertrophiques

Représentent 25 % des cardiomyopathies de lenfant, et 50 % dentre elles sont familiales. Il est essentiel de distinguer les formes obstructives, où une hypertrophie septale asymétrique crée en systole un gradient de pression dans le VG, des formes non obstructives. Un élément utile pour évaluer la fonction myocardique en préopératoire est de mesurer la masse du VG en 2 dimensions (2DLVmass) : elle est normalement denviron 60g/m2 chez le nourrisson ; le risque de troubles du rythme et dischémie est majoré si elle est supérieure à 150 g/m2.


Étiopathogénie

Pathologies concernées

Secondaires à une surcharge systolique (hypertrophie concentrique)

Rétrécissement aortique, coarctation, hypertension artérielle, anomalie mitrale

Transitoires 

Nouveau-né de mère diabétique

Corticoïdes chez le prématuré

Associées à  dautres localisations dune pathologie 

Noonan, Friedreich, glycogénose (Pompe), certaines cytopathies mitochondriales,  anomalies de la â-oxydation des acides gras, maladie de Danon

Isolées 

Formes familiales ou idiopathiques (voir ce terme)

Causes de cardiomyopathie hypertrophique chez lenfant



Fonction diastolique

Diminution de la compliance du VG

Dysfonction diastolique du VG

Dilatation de lOG

Augmentation pression dans lOG

Fonction systolique

Contractilité VG normale ou augmentée (si obstructive)

VD normal

Circulation pulmonaire

Laugmentation de pression dans lOG entraîne une augmentation de la pression pulmonaire

Risque daugmentation réversible puis irréversible des résistances pulmonaires

Effet précharge

Diminution du remplissage mal tolérée si obstructive

Eviter lhypervolémie car la diminution de compliance du VG va augmenter la pression dans lOG

Effet fréquence cardiaque

Bradycardie bien tolérée (surtout si obstructive)

Eviter la tachycardie car diminue le remplissage du VG et la perfusion sous-endocardique

Les troubles du rythme (perte onde P, fibrillation auriculaire) sont très mal tolérés

Effet post-charge

Eviter une diminution des résistances périphériques (surtout si obstructive)

Laugmentation des résistances périphériques bien tolérée

Conséquences hémodynamiques des cardiomyopathies hypertrophiques


Cardiomyopathies hypertrophiques non obstructives

Peut rester longtemps asymptomatique ou se présenter sous forme dune décompensation cardiaque, dune syncope, dune mort subite ou de signes dischémie myocardique.


Implications anesthésiques

échographie cardiaque récente; le myocarde épais a besoin de pressions de remplissage élevées et de résistances systémiques (et donc une PAs et PAd) normales ou élevées pour préserver sa perfusion coronarienne. Il est donc utile dutiliser un ECG à 5 dérivations et de surveiller les modifications du segment ST.

La kétamine et létomidate, qui préservent les résistances périphériques, sont donc préférables au propofol, sauf à très faibles doses. Le sévoflurane peut être utilisé avec prudence car il diminue les résistances périphériques et comporte un risque de perte du rythme sinusal. LALR est une alternative à lanesthésie générale dans ce contexte. Risque de pathologie musculaire associée.


Cardiomyopathies hypertrophiques obstructives

Un traitement par â-bloquant diminue la contractilité du VG et donc lobstacle fonctionnel ; en cas d'échec, une septoplastie est réalisée. Un traitement par mavacantem (un inhibiteur allostérique de la â-myosine cardiaque) p os permet de diminuer le gradient intraventriculaire et déviter la septoplastie.


Implications anesthésiques:

échographie cardiaque récente; il est important de limiter la composante obstructive en diminuant la contractilité myocardique et en assurant un remplissage adéquat tout en maintenant un rythme sinusal : la kétamine nest donc pas un bon choix et il faut lui préférer le sévoflurane à faible dose et les morphiniques.

Il faut éviter lhypovolémie et la vasodilatation qui vont induire une tachycardie réflexe et une diminution du volume du VG. Il est utile de prévoir de lesmolol en salle pour pouvoir rapidement contrôler une tachycardie.


Références : 

-        Batisse A, Fermont L, Lévy M
Cardiopathie par dysfonction myocardique.
In Cardiologie pédiatrique pratique, 4ème éd. Doin, 2013, p 187-93.

-        Ing RJ, Ames WA, Chambers NA.
Paediatric cardiomyopathy and anaesthesia.
Br J Anaesth 2012 ; 108 : 4-12

-        Kipps AK, Ramamoorthy C, Rosenthal DN, Williams GD.
Children with cardiomyopathy: complications after noncardiac procedures with general anesthesia.
Pediatr Anesth 2007; 17:775-81.

-        Lynch J, Pehora C, Holtby H, Schwarz SM, Taylor K.
Cardiac arrest upon induction of anesthesia in children with cardiomyopathy : an analysis of incidence and risk factors.
Pediatr Anesth 2011 ; 21 : 951-7

-        Williams GD, Hammer GB.
Cardiomyopathy in childhood.
Curr Opin Anaesthesiol 2011 ; 24 : 289-300.


Mise-à-jour septembre 2023