Cardiomyopathies dilatées ou congestives
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Ce sont les cardiomyopathies les plus fréquentes (60 %) chez l’enfant. Incidence annuelle : 0,58/100.000. Les symptômes sont variables et dépendent de la sévérité de l’atteinte myocardique : fatigue à l’effort, difficultés d’alimentation, syncopes, douleur thoracique, décompensation cardiaque. Le diagnostic est échographique : dilatation du VG ou des deux ventricules qui entraîne une dysfonction systolique (fraction d’éjection < 45 %) et une dilatation télédiastolique des ventricules, hypokinésie, parfois régurgitation mitrale et/ou tricuspide par dilatation de l’anneau de la valve. Il arrive que la dilatation cardiaque provoque une compression extrinsèque de la bronche souche gauche. Mortalité de 14 % endéans les 2 ans qui suivent le diagnostic.
Le traitement comporte un cardiotonique (digoxine) souvent associé à un diurétique et parfois à un vasodilatateur (inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine) qu’il est important de poursuivre jusqu’au jour de l’intervention même si cela majore le risque d’hypotension peropératoire.
La dilatation ventriculaire est associée à une altération de la fonction systolique : il faut donc maintenir un remplissage ventriculaire optimal en évitant la surcharge et l’œdème pulmonaire.
Étiologies |
Pathologies concernées |
Surcharge systolique décompensée |
Rétrécissement aortique, coarctation, hypertension artérielle |
Surcharge diastolique décompensée |
Shunt gauche-droite de longue durée, régurgitation mitrale ou aortique, fistule artérioveineuse systémique |
Ischémie myocardique |
Anomalie de naissance de la coronaire gauche (ALCAPA), maladie de Kawasaki, ischémie néonatale |
Trouble du rythme chronique |
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Infection |
Myocardite virale, trypanosomiase |
Collagénose |
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Toxique |
Chimiothérapie (anthracyclines en début de traitement) ; radiothérapie du médiastin |
Métabolique |
Déficit primaire ou secondaire en carnitine Certaines cytopathies mitochondriales Anomalies de la â-oxydation des acides gras Maladie de Danon (glycogénose) Epidermolyse bulleuse dystrophique (déficit en sélénium et/ou carnitine ) |
Familiale |
voir ce terme |
Dystrophies musculaires |
par exemple : - myopathies de Duchenne, Becker - cardiomyopathie liée à X, laminopathie, desminopathie - α-dystroglycanopathie (myopathie des ceintures) : en général début après l’apparition des signes musculaires mais parfois isolée avec CK élevés |
Mucoviscidose |
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Drépanocytose, â-thalassémie |
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Grand brûlé (>70%) |
Transitoire, débute en général > 100 jours après la brûlure |
Causes de cardiomyopathie dilatée chez l’enfant.
Fonction diastolique |
Diminution de la compliance des ventricules avec dysfonction diastolique Dilatation des oreillettes Augmentation pressions auriculaires |
Fonction systolique |
Diminution de la contractilité : bonne réponse à milrinone sauf si myocarde très fibreux Pas de réserve de remplissage |
Circulation pulmonaire |
L’augmentation de pression dans l’OG entraîne une augmentation de la pression pulmonaire Risque d’augmentation réversible puis irréversible des résistances pulmonaires |
Effet précharge |
Mauvaise tolérance de l’hypovolémie |
Effet fréquence cardiaque |
Eviter bradycardie car le volume éjection est fixe Eviter tachycardie car diminue perfusion sous-endocardique |
Effet post-charge |
Eviter une augmentation des résistances périphériques |
Conséquences hémodynamiques des cardiomyopathies dilatées
Implications anesthésiques:
échographie récente. Monitorage invasif de la TA (+ écho transthoracique ou oesophagien). Eviter une diminution du retour veineux qui peut entraîner une chute importante du débit cardiaque. Le temps de circulation est allongé. L’étomidate associé à de faibles doses d’un morphinique est l’agent d’induction de choix. La kétamine, dont, dans ce contexte, les effets cardiodépresseurs propres ne sont pas compensés par une augmentation du tonus sympathique est à utiliser avec prudence. L’initiation de la ventilation en pression positive doit être prudente car son effet sur le remplissage ventriculaire est peu prédictible chez ces patients.
Références :
- Batisse A, Fermont L, Lévy M
Cardiopathie par dysfonction myocardique.
In Cardiologie pédiatrique pratique, 4ème éd. Doin, 2013, p 187-93.
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- Williams GD, Hammer GB.
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Mise-à-jour juillet 2021