(allergie alimentaire à l’alpha-gal)

Très rare. Le galactose-á-1,3-galactose est un oligosaccharide qui est un antigène de surface des tissus de la plupart des mammifères sauf les primates et l’homme. La sensibilisation de l’homme (et ainsi la production d’anticorps) est provoquée par une piqûre de la tique à étoile unique (lone star), Amblyoma americanum, qui sévit principalement dans les régions du Sud-Est des USA ou de la tique Ixodes ricinus en Europe.

Ces anticorps  peuvent être à l’origine de réactions allergiques IgE-dépendantes

• immédiates lors de la perfusion de cetuximab (anticorps monoclonal murin utilisé en oncologie)
• immédiates lors de l’administration de colloïdes à base de gélatines modifiées obtenues à partir de collagène osseux bovin
• retardées  (> 2 h après l’administration) lors de l’utilisation de produits contaminés par des tissus de mammifères non-primates : héparine etc
• retardées (urticaire, diarrhée etc) 3 à 6 h après la consommation de viande rouge de mammifère (allergie alimentaire).

Outre certaines bioprothèses (valves, patch péricarde, filets à hernie etc), les tissus animaux sont à la base de nombreux produits retrouvés dans des médicaments comme la gélatine, la glycérine (le glycérol du propofol peut être d’origine animale ou végétale : vérifier), l’acide lactique et l’acide stéarique.

Implications anesthésiques: 

• facteurs de risque: notion d’allergie alimentaire retardée, activités à la campagne (professionnelle ou loisirs), piqûres de tiques fréquentes , allergie au cétuximab, groupe sanguin non-B 
• en cas de prise en charge d’un patient connu pour être allergique à l’alpha-gal, demander l’avis du pharmacien hospitalier et

1)   vérifier l’absence de cette substance dans les médicaments qui seront utilisés:

-        colloïdes à base de gélatines, intralipid

-        paracétamol et ibuprofène sous forme liquide ou de capsules

-        gabapentine, halopéridol

-        agents hémostatiques locaux  (Gelfoam®, Surgicel® etc) et colles biologiques (sprays de thrombine)

2)        la prescription d‘une prémédication à base de corticoïdes et d’antihistaminiques H1 et H2 n’a pas prouvé son utilité

3)        être prudent lors de l’utilisation d’héparine (origine bovine ou ovine) (utiliser la bivalirudine pour la CEC ou le fondaparinux pour la thromboprophylaxie en cas de doute), de protéines humaines recombinées produites sur des cellules de mammifères non-primates ou d’une bioprothèse cardiaque.

Références : 

-        Peters C, Jarlot S, Pirson F.
Anaphylaxie peranesthésique à la gélatine associée à une allergie alimentaire à l’alpha-gal.
Anesth Réanim 2016; 2: 123-5.

-        Kleinman AM, Littlewood KE, Groves DS.
Delayed anaphylaxis to mammalian meat following tick exposure and its impact on anesthetic management for cardiac surgery: a case report.
A&A Case Reports 2017; 8: 125-7.

-        Dunkman WJ, Rycek W, Manning MW.
What does a red meat allergy have to do with anesthesia ? Perioperative management of Alpha-Gal syndrome.
Anesth Analg  2019; 129:1242-8

-        Dewachter P, Kopac P, Laguna JJ, Mertes PM et al.
Anaesthetic management of patients with pre-existing allergic conditions: a narrative review.
Br J Anaesth 2019; 123 (1): e65-81.

-        Nourian MM, Stone CA Jr, Siegrist KK, Riess ML.
Perioperative implications of patients with alpha gal allergies.
J Clin Anesth 2023 ; 86 : 111056

Mise à jour mars 2023