Numéro 55 :

In Memoriam Eugène Georges Lebacq

A l’UCL, Eugène Lebacq a une place, et non la moindre, dans la lignée des internistes de l’UCL, depuis les ancêtres comme Albert Lemaire et Manille Ide, jusqu’aux plus jeunes comme Jean Sonnet et  Henoch Meunier, en passant par Paul Lambin et  Joseph Hoet.

Je ne l’ai pas connu dans son service à l’hôpital de Jolimont, qui n’avait rien à envier aux services des cliniques universitaires et où a été formé un grand nombre de spécialistes de l’UCL : ces élèves du professeur Lebacq évoquent leur séjour à Jolimont, avec émotion, comme un des moments importants de leur carrière et le souvenir d’un service bien organisé à la fois pour les malades et pour l’enseignement des stagiaires et des assistants.

Fréquemment souriant, de l’humour, un sens critique, un langage châtié, Monsieur Lebacq, comme l’on dit aujourd’hui avait de l’autorité sans être autoritaire.  Sa culture médicale très étendue était mise au service d’un remarquable bon sens clinique.

Deux petits souvenirs personnels sont assez caractéristiques.  Il y a plus de 50 ans, je l’ai vu à un staff de l’hôpital Laennec à Paris, présenter brillamment un cas de péricardite constrictive de diagnostic difficile, à une époque où l’iconographie médicale était encore balbutiante.
Quelques années plus tard, il m’avait invité à Jolimont dans le local de l’école d’infirmières pour y donner une conférence d’enseignement post gradué pour médecins généralistes.  Je crois me souvenir que le sujet était la fibrillation auriculaire.  Au moment des questions de l’auditoire, il me demande d’un ton très doux : «  Pourriez-vous nous expliquer les effets secondaires de la Cordarone au niveau thyroïdien? »  Un sujet qu’il connaissait certainement beaucoup mieux que moi.  Ce fut un moment difficile : mes explications furent plutôt vagues.

La formation continue des médecins a été le souci de toute sa vie.  En tant que président de l’AMA-UCL, pendant 15 ans il a donné une impulsion considérable aux réunions d’enseignement pour généralistes, notamment en les délocalisant partiellement dans les villes de Wallonie.

Lui-même se tenait à jour en médecine en participant à des congrès et réunions scientifiques
et en assistant assidûment aux staffs de médecine interne à Saint Luc, jusque peu de temps avant sa mort.

Ce grand médecin devrait rester un exemple pour nous tous.