Numéro 51 :

Promotion des médecins du 30 juin 2007

Allocution du Professeur Bernard Coulie, Recteur de l'UCL

 

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Monsieur le Prorecteur,
Monsieur le Doyen,
Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Chères étudiantes, chers étudiants,
Ou plutôt chers nouveaux diplômés de l’UCL,

C’est à vous que je souhaite m’adresser particulièrement aujourd’hui.

Vous voilà arrivés au terme de votre parcours. Vous avez suivi des cours, participé à des séminaires, passé de nombreuses heures dans les bibliothèques ou les laboratoires ; vous avez assimilé des manuels et des syllabi, lu de nombreux livres et articles ; vous avez remis des travaux, et présenté des examens, et tout cela avec succès, puisque vous êtes ici aujourd’hui.

Je tiens, en mon nom personnel, et au nom de l’Université catholique de Louvain, à vous en féliciter très sincèrement. Ce succès est le vôtre, et vous pouvez légitimement en être fiers. Je souhaite que ce moment soit pour vous une occasion de joie, une occasion de joie partagée.

Je pense d’abord à vos parents, à vos familles et à vos proches, qui ont rendu vos études possibles. Vous devez leur en être reconnaissants, et je tiens à les remercier d’avoir confié leurs enfants à notre université et à cette faculté. C’est une preuve de confiance vis-à-vis de l’université, et nous espérons nous en être montrés dignes. Mais c’est aussi une preuve de confiance vis-à-vis de vous, une manifestation de dévouement, une expression d’altruisme dont vous devrez toujours vous rappeler, à la fois en témoignant à vos parents la reconnaissance qu’ils méritent, et en vous engageant vous aussi, dans votre vie à venir, au service des autres. L’attention aux autres est une des valeurs fondamentales de notre université: faites vivre cette valeur en demeurant attentifs à mettre vos compétences au service des autres. C’est mon premier message pour vous aujourd’hui.

La qualité de l’enseignement dont vous avez bénéficié, le dévouement de vos professeurs et des chercheurs, l’aide attentive du personnel administratif, technique et ouvrier ont également compté dans le succès de vos études. Je tiens à remercier ici tous les membres de la faculté : par leur travail et leur engagement, ils ont contribué à votre formation et ils ont contribué aux missions de l’université.
   
Certains d’entre vous ont entamé leurs parcours dans une autre institution, je pense en particulier aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur, qui sont nos partenaires au sein de l’Académie Louvain : je veux associer à mes remerciements les collègues et les membres de cette institution pour la part qu’ils ont prise à votre formation.

Je ne saurais non plus oublier ici le professeur Jean-Jacques Rombouts, qui, dans deux mois, va terminer son mandat de doyen de la faculté de médecine et sa carrière à l’UCL. Durant les années passées à la tête de la faculté, il n’a eu de cesse de défendre les études de médecine, et surtout vous, étudiantes et étudiants, pour que vous puissiez accomplir votre parcours dans les meilleures conditions possibles. Contraint de mettre en oeuvre le système regrettable du numerus clausus, contre lequel il n’a jamais cessé de lutter, il a voulu que cela se fasse dans de la manière la plus juste, la plus humaine et la plus équitable possible. Pour son dévouement à l’université, aux études de médecine et aux étudiants et étudiants, je veux lui adresser les remerciements de l’UCL.

Enfin, vous êtes ici aujourd’hui, mais vous étiez bien plus nombreux il y a quelques années, lorsque vous avez commencé vos études. Et vous avez sûrement tous encore en mémoire des visages, des voix, des noms d’étudiantes et d’étudiants qui avaient les mêmes envies, les mêmes passions et les mêmes ambitions que vous, mais qui n’ont pas pu les concrétiser. Les raisons en sont nombreuses: les aléas de la vie, la santé, les circonstances sociales, économiques, psychologiques, le numerus clausus. Je ressens l’échec de chaque étudiant comme un échec de l’université, et je souhaite mettre tout en oeuvre pour y remédier.

Mais vous, devez-vous vous considérer comme des élus, des choisis? Non. Comme des privilégiés? Peut-être. Mais surtout comme les dépositaires des espoirs de tous les autres, et de tous ceux qui n’ont jamais eu accès à l’université. Il fait partie des valeurs de l’UCL que vous vous souveniez toujours de cette responsabilité. En tant qu’universitaires, vous devenez, au sein de notre société, responsables de tous les autres. C’est mon second message.
   
Mettre vos compétences au service des autres et vous sentir responsables des autres dans la société : comment répondre à ces deux messages ? Il y a certainement plusieurs voies possibles ; je vous en propose une, qui consiste à vous inspirer directement de la dimension universitaire de votre formation, et je vais essayer de vous l’expliciter brièvement.

Cours, séminaires, travaux, examens : ce qui a rythmé votre vie à l’université n’est cependant pas le plus important.

Le plus important est l’expérience de vie que vous avez acquise durant ces années : à travers vos études, à travers l’animation et la vie étudiantes, à travers les nombreuses autres activités organisées à l’université, et qui viennent prendre place à côté de toutes celles qui sont organisées en dehors de l’université, vous êtes passés, pour la plupart d’entre vous, de l’adolescence à l’âge adulte. Et quand je dis « la plupart d’entre vous », je ne veux pas dire que certains ne seraient pas encore devenus adultes, mais je pense aux étudiants déjà adultes et qui s’inscrivent à l’UCL pour compléter une formation ou acquérir un nouveau diplôme.

Pour la plupart d’entre vous, donc, ce passage s’inscrit à l’université dans la démarche de l’enseignement, ou, mieux encore, de la formation. Je voudrais mettre en lumière les éléments essentiels de votre formation d’universitaires.

Le prorectorat à la formation et à l’enseignement a publié, il y a quelques semaines, une remarquable brochure sur l’enseignement à l’UCL, sous le titre « Nous enseignons... apprennent-ils ? ».  J’ai eu la chance de pouvoir en rédiger un bref avant-propos, et j’en reprends ici les termes.

Enseigner les autres, au sens du latin “in-segnare”, c’est graver un signe, porter sa marque sur celui qui est enseigné, lui transmettre son savoir comme une gravure dans l’âme et dans le cœur.

Il faut donc être deux pour enseigner, et la démarche dépasse la simple transmission des connaissances.

L’enseignement prend ainsi tout son sens dans une université comme l’UCL, qui place l’étudiant au centre de ses préoccupations. L’enseignement est une relation, de maître à élève, de professeur à étudiant, souvent d’un adulte à un jeune ; il est surtout une relation qui réunit deux personnes autour de la volonté d’apprendre. Il y a plusieurs facettes à cette volonté, en particulier la passion et la curiosité. Lorsque la passion et la curiosité se rencontrent, lorsqu’un maître passionnant se retrouve face à un élève curieux, le miracle de l’apprentissage se produit. Miracle, parce que le phénomène est immatériel, impalpable, mais qu’il enrichit et grandit les deux personnes en même temps.

A l’UCL, l’enseignement n’est qu’un des éléments de la formation, intellectuelle et humaine, de l’étudiant. Etudier à l’UCL, c’est vivre une expérience, faite d’actes multiples, qui aideront à l’épanouissement de la personnalité d’un futur adulte responsable.

L’enseignement contribue tout autant à la formation du maître. Une carrière d’enseignant se construit jour après jour ; chaque leçon de matière est une leçon de vie. C’est encore plus vrai lorsque, comme c’est le cas à l’UCL, la recherche nourrit l’enseignement.

Enseigner à l’UCL, c’est aussi proposer des savoirs encore en cours d’élaboration, et introduire l’élève à cette mystérieuse alchimie qu’est la création de connaissances. Alchimie faite d’esprit critique, de rigueur, d’espoir, mais aussi de doute et de déception. Car le savoir est vie, et en connaît tous les aléas.

Enseigner, c’est graver un signe, qui donne vie à l’attente de l’étudiant.

L’ambition de l’université est de vous aider à donner vie à vos attentes et à trouver des réponses à vos questions, particulièrement celles qui concernent le sens de votre existence, le sens de votre engagement dans la société et de vos relations avec les autres. L’université ne vous donne pas toutes les réponses, parce qu’elle les cherche elle-même ; mais par votre passage à l’université, vous avez appris, vous aussi, comment chercher ces réponses.

Il y a quelques jours, j’ai assisté à une défense de thèse de doctorat ; un des membres du jury a prononcé cette phrase à propos du travail qui était jugé : « il est bon d’avoir des hypothèses pour conclusions ». C’est une phrase qui fait réfléchir, et elle s’applique bien à votre situation : votre diplôme constitue une conclusion de vos études, mais il est aussi une hypothèse d’avenir, car c’est à vous qu’il appartient de démontrer la vraie valeur de votre diplôme. Il ne vous donne pas de certitude quant à votre avenir, mais vous savez, aujourd’hui, par votre formation universitaire, qu’il ne faut pas toujours vouloir tout démontrer ou rechercher des certitudes. La vie avance souvent à coup de paris : choisir ses études, son métier, une place. La formation universitaire, parce qu’elle est nourrie par la démarche de la recherche et parce qu’elle donne au sens critique plus d’importance qu’à la certitude, y prépare mieux qu’aucune autre.

Ne vous laissez donc pas enfermer par votre diplôme, mais regardez-le comme une clé capable de vous ouvrir toutes les portes ; faites-le rayonner, déployez-le pleinement, en exploitant tout le potentiel de votre formation universitaire : rigueur, esprit critique, transmission des connaissances, mais aussi recherche de l’inconnu, ouverture au changement, capacité d’entreprendre et d’innover.

La formation universitaire est la composante la plus importante de votre diplôme. Elle ne s’arrête pas aujourd’hui : au contraire, c’est aujourd’hui que tout commence. Il vous appartient désormais de faire vivre cette formation, en continuant à apprendre et en mettant vos compétences au service des autres.

Vous avez appris beaucoup de choses à l’université, et pas seulement des matières ; continuez à apprendre, et communiquez-le autour de vous.

Demeurez fidèles à votre formation universitaire : ce sera la meilleure manière de rencontrer votre responsabilité d’universitaire dans la société.

Demeurez fidèles aussi à votre université : participez aux missions de l’UCL en participant aux actions de ses anciens, partout dans le monde. Vous faites désormais partie d’une famille qui partage des valeurs et des idéaux, et qui se rassemble autour de l’UCL.

Ce que l’UCL attend de vous, à partir de maintenant, c’est que les anciens de l’UCL que vous devenez rayonnent dans la société: contribuez à son amélioration, soyez des porteurs de changements, fidèles aux missions et aux valeurs de votre Alma Mater. Ne vous laissez jamais fondre dans la masse: que votre appartenance à l’UCL vous distingue, non pas parce qu’elle serait un privilège, mais parce qu’elle est une exigence.

Votre vie est devant vous: elle sera à la mesure de la place que vous y accorderez aux autres. Vivez en universitaires, et soyez fiers de l’être. Vivez en anciens de l’U.C.L., et faites en sorte d’en être fiers.

Bernard Coulie
Recteur 

AMA-UCL Association des Médecins Alumni de l'Université catholique de Louvain

Avenue Emmanuel Mounier 52, Bte B1.52.15, 1200 Bruxelles

Tél : 02/764 52 71 - Fax : 02/764 52 78