Numéro 33 :
Promotion des médecins du 28 juin 2003
Discours des jeunes promus :
Leila Belkhir, Nicolas Christian, Eve Duchêne, Claire Mairiaux, Florence Tremouillault, Maaike Versyck
Lors de la promotion solennelle du 28 juin 2003, les nouveaux promus se sont exprimés à plusieurs voix. Le discours de Christophe Dauge a été publié dans la livraison précédente du supplément AMA de la revue Louvain. Il exprimait le point de vue des étudiants face à la problématique de la limitation de l’accès aux études et à la profession médicale. La position des étudiants sur ce dossier est soutenue par la faculté comme cela a été clairement exprimé dans l’allocution du doyen publiée parallèlement. Le discours des docteurs Belkhir, Christian, Duchêne, Mairiaux, Trémouillault et Versyck exprime le vécu de certains étudiants qui ont donc entrepris leurs études en 1996. Bien que le discours ait été pré circulé parmi les étudiants, les enseignants qui ont entendu ce discours s’interrogent sur l’adhésion de l’ensemble des jeunes promus. Il leur est apparu que certaines informations étaient fragmentaires voire erronées. Après discussion avec les auteurs de ce discours qui n’ont accepté aucune correction ou modification, il a été décidé de publier le texte avec, en parallèle, des commentaires du doyen de la faculté en caractères italiques.
J.J. Rombouts, Doyen de la Faculté de Médecine
Monsieur le Recteur,
Messieurs les Vices-recteurs et Prorecteurs,
Monsieur le Doyen,
Mesdames, Messieurs les Professeurs,
Chers parents,
Chers amies, amis et futur(e)s confrères,
Bonjour !
Merci à toutes et à tous d’être présents ce jour, couronnement de nos sept années d’étude.
Merci au professeur Krémer et à l’AMA-UCL d’avoir organisé cette journée et de nous donner l’occasion de prendre la parole.
Il est évidemment impossible de résumer en quelques pages et une vingtaine de minutes le vécu, les joies, les peines, l’ardeur et le travail de 250 étudiants réunis durant sept ans.
Néanmoins, nous vous livrons ces quelques lignes, en espérant pouvoir vous faire partager quelques fragments de nos vies passées et faire ainsi la synthèse d’un chapitre sur lequel une nouvelle page s’ouvre. Ces quelques mots ont peu de prétention, mais ont été écrits avec ferveur et quelques grammes d’hémoglobine. Nous avons essayé d’y mettre toutes vos idées et de vous être fidèles. Voyez dans ce discours un moyen de rendre ces fabuleuses études encore meilleures pour nos successeurs. Nous espérons être entendus et que nos quelques remarques seront prises en considération.
Nous allons aborder avec vous tous les moments importants de notre parcours dans l’ordre chronologique de notre formation : doctorats, stages, filières générale et spécialisée. Nous terminerons par quelques mots sur notre future profession et envisagerons l’avenir dans ce domaine.
Notre formation commune a débuté en quatrième année, lors du passage de candidatures en doctorats. Un fait marquant a été l’union réussie des étudiants de Namur, Mons et Woluwe, d’ailleurs fêtée en beauté lors de l’half-time 2000. Durant ces doctorats, l’enseignement est resté scolaire et trop théorique.
A la décharge des professeurs, il leur manque une formation pédagogique ce qui limite la portée de leur enseignement. Une évaluation annuelle, par les étudiants, des professeurs et de leur cours, comme cela se fait dans d’autres facultés de l’UCL et en médecine générale, nous paraît un bon moyen pour améliorer la qualité de notre formation.
Une tradition d’évaluation…
La Faculté de Médecine participe depuis de nombreuses années à la culture de l’évaluation des enseignements.
En 1993, le programme des études de médecine a été soumis à une évaluation externe qui a été transmise à la faculté au printemps de 1994. Cette évaluation qui avait été formalisée selon des critères internationaux a justifié la mise en route d’une réforme de programme dont la mise en place a été faite en 2000.
Dès avant cette évaluation réalisée à la demande de la faculté elle-même, une procédure d’évaluation des enseignements se faisait quasi annuellement dans le cadre du premier cycle des études médicales selon le protocole en vigueur à l’université. L’évaluation des enseignements de second cycle a été systématisée après la mise en place du nouveau programme. Le groupe d’étudiants diplômés aujourd’hui correspondant à la dernière cohorte de l’ancien curriculum a effectivement échappé à la procédure d’évaluation, ce que soulignent les orateurs.
Cependant, pour pallier cet excès de théorie, des cliniques, mini-cliniques, travaux pratiques et tutorats existent et permettent une approche plus concrète et ce, dès le premier doctorat. L’organisation et la gestion de ces cliniques sont difficiles : il s’agit de nous transmettre un savoir-faire médical sans perdre de vue le patient qui se trouve dans une situation délicate où son vécu est dévoilé devant tout un auditoire. Il en fait parfois les frais. Effectivement, il arrive que l’enseignant, trop concentré dans sa clinique, oublie la présence du patient. Le tutorat, quant à lui, est bien perçu par les étudiants puisqu’il permet une immersion dans le monde médical tout en offrant un contact privilégié avec un médecin.
Une « trop » solide formation théorique…
Une réforme du second cycle des études médicales a été entreprise à partir de 1993. Un des objectifs de cette réforme était précisément de permettre un contact précoce des étudiants en médecine avec la pratique de la médecine chez le généraliste ou au sein des cliniques. Les stages de premier et de second doctorat ont été mis en place juste après le passage des étudiants diplômés aujourd’hui…à savoir en 2000. La réforme d’un programme d’étude est une entreprise de longue haleine surtout s’il s’agit de dégager 12 semaines de cours sans rogner sur les vacances. Les étudiants ont actuellement 21 mois de stage à plein temps répartis sur les quatre doctorats avec une progressivité logique ( un mois en premier doctorat, deux mois en second doctorat, six mois en troisième doctorat et douze mois en quatrième doctorat). Outre ces 21 mois de stage, la faculté a mis en place le tutorat. Le tuteur attribué à l’étudiant s’engage à l’introduire au sein des cliniques et à le faire participer à sa pratique.
Nous trouvons également que les doctorats forment des spécialistes et dénigrent quelque peu la médecine générale. Il est temps de dépasser ces clichés. En effet, au vu de l’évolution de la médecine à savoir un nombre restreint de médecins et une charge de travail croissante, une collaboration étroite entre le médecin généraliste et le spécialiste devient indispensable. C’est pourquoi, il nous semble nécessaire de nous éduquer à cette collaboration et ce, dès le premier doctorat
Soulignons néanmoins que la connaissance théorique enseignée principalement par des spécialistes nous offre une connaissance de base de qualité et une vision globale plus au moins complète des pathologies médicales même si elle rend difficile la distinction entre affections rares et fréquentes.
Une formation « trop » spécialisée…
La spécificité de la médecine générale s’est imposée à partir des années ’80. Jusqu’à récemment, l’enseignement spécifique de la médecine générale était réservé aux étudiants qui en faisaient le choix. Depuis la rentrée 2000, il y a donc trois ans, un cours de médecine générale donné par des médecins généralistes est inscrit au programme de tous dès le premier doctorat. En outre, les médecins généralistes participent à des enseignements cliniques. Le Centre Universitaire de Médecine Générale qui a été renforcé poursuit sa mission spécifique de formation des médecins qui souhaitent s’orienter vers la médecine générale qui attire près de 40% des étudiants.
Une dernière remarque : lors de nos recherches à la bibliothèque de médecine, nous avons constaté que le support offert était largement obsolète et insuffisant, en décalage complet avec la renommée de notre université. Dans d’autres facultés, on a pu constater un accès plus aisé à la documentation, leur bibliothèque mettant à disposition des revues on-line et de multiples ouvrages actualisés, ainsi que des heures d’ouverture adaptées à l’étudiant.
Une infrastructure qui a mal vieilli…
Le “Centre Faculté” où se trouve la bibliothèque et les salles informatiques a été construit il y a près de 30 ans. Un projet de rénovation a été approuvé et les crédits nécessaires seront débloqués malgré la situation économique difficile de l’Université.
Après cinq années d’aride théorie et d’inconfortables tablettes d’auditoires, nous allions enfin débuter le point culminant de notre formation : les stages. Quel réel plaisir de pouvoir pour la première fois rencontrer en face à face un patient vivant qui ne soit pas un résumé clinique minimum, une projection vidéo ou un médecin simulateur.
Nous nous souvenons probablement tous de ce premier examen clinique réalisé seul au chevet du patient, notre cœur battant certainement plus fort que celui du patient que l’on auscultait. Ce fut l’heure des premières émotions avec les malades, partageant aussi bien leurs joies que leurs peines… Pour la première fois, nous commencions à approcher ce dont nous avions toujours rêvé : être médecin. Nous déplorons cependant que ce premier contact arrive si tard dans notre formation.
Durant ses stages, le stagiaire doit se faire une place et l’énergie nécessaire pour y parvenir est fort variable d’un endroit à l’autre et d’un stagiaire à l’autre. Certains services l’accueillent favorablement et l’intégration est rapide. Dans bien d’autres endroits, cela est plus ardu… Conflits avec les infirmières, conflits entre les médecins du service, parfois même conflits avec l’assistant lui-même rendent la tâche malaisée et donnent l’envie d’être partout sauf dans le service en question. Et le travail s’en ressent automatiquement. C’est pourquoi, nous pensons qu’un espace de parole durant nos stages devrait être instauré. Quelques minutes, une fois par semaine, passées avec un professionnel pour faire le point, partager les moments forts ou éventuellement les difficultés rencontrées seraient bénéfiques pour chacun. D’autres facultés l’ont déjà instauré, comme en kiné ou en psycho… pourquoi pas chez nous ?
Concrètement, comment pourrions-nous définir le rôle actuel du stagiaire. Responsabilité ? Apprentissage ? Recherche ? Malheureusement, le rôle de notre pauvre petit stagiaire est souvent tout autre…. Certes, le service a besoin de lui… Mais besoin de lui pour aller chercher des résultats, pour classer les dossiers, besoin de lui pour « badger » les demandes de prise de sang, pour taper les lettres de sortie. Besoin de lui pour faire un excellent boulot de secrétaire médical… C’est d’ailleurs un domaine dans lequel notre maison mère excelle ! La lourdeur des tâches administratives y est étouffante... Elle l’est évidemment pour tout le monde, médecins et assistants y compris. Mais ces tâches dégringolent très rapidement l’échelle hiérarchique pour aboutir au plus bas de l’échelon : notre stagiaire qui n’aura qu’à les accomplir servilement y consacrant parfois la majorité de la journée. C’est si confortable. Nombre de services de la périphérie fonctionnent pourtant très bien sans… Une question de volonté ?
Cela va peut-être renverser une idée bien établie, mais nous sommes forcés de constater que la plupart des meilleurs stages sont en périphérie et non pas à Saint-Luc. Les seuls services ayant la cote sont ceux où le maître de stage s’investit dans la pratique quotidienne auprès du stagiaire. Malheureusement, le plus souvent, le patron reste parfaitement inaccessible au stagiaire, la seule entrevue étant habituellement celle de la cotation de fin de stage.
En conclusion, le stagiaire est tout bonnement confié aux bons soins de l’assistant qui s’en occupera comme il le peut s’il ne le confine pas tout simplement aux tâches administratives.
La qualité d’un stage devient donc assistant-dépendant.
Un autre élément explique la vacuité pédagogique de certains endroits de stage : la surpopulation estudiantine : 6 stagiaires pour 6 patients. Où est l’intérêt ?
Mais puisque pour la majorité des têtes pensantes, St-Luc constitue le must, il n’y a pas de raison d’y mettre moins de stagiaires… et puis il en faut suffisamment pour faire tourner les services et assurer le rôle de garde.
Dans ce contexte, les gardes ECG constituent certainement le summum en la matière. Le stagiaire de garde de nuit ou de week-end est appelé aux étages pour réaliser des ECG d’urgence ou préopératoires. Aux critiques nombreuses des étudiants ayant tout simplement l’impression de remplacer un technicien trop onéreux pour St Luc, nos professeurs nous répondent que nous ne percevons pas l’intérêt didactique de ces gardes et qu’il s’agit plutôt d’une garde d’étage. La vérité se situe sans doute entre ces deux positions… Néanmoins, il serait intéressant de redéfinir officiellement ces gardes afin de leur donner un peu plus de consistance.
En résumé, le stagiaire à Saint-Luc est le plus souvent un secrétaire administratif et un technicien bon marché. Le stagiaire est non seulement rentable mais il continue en plus à payer ses repas ainsi que son minerval pour des cours qu’il n’a plus. Cette situation est difficilement acceptable mais pour certains étudiants qui financent seuls leurs études, elle est même dramatique. En effet, avec une charge horaire de plus de 50 heures semaine et des gardes, subvenir à leurs besoins devient une mission quasi impossible.
Nous pensons donc qu’il est impératif de redéfinir la place du stagiaire dans les années à venir, au risque de voir gérer sa formation, réforme audacieuse de notre enseignement, être réduite à de la poudre aux yeux et ce, d’autant plus que cette période de stage constitue le sommet de notre apprentissage et que dans ce contexte de Numerus Clausus, la majorité des stagiaires resteront en milieu universitaire.
Des alternatives existent et sont possibles, déjà d’application dans d’autres grands centres : un petit nombre de patients sont directement sous la responsabilité du stagiaire qui s’en occupe personnellement, sous supervision de l’assistant. Ce mode de fonctionnement aurait non seulement l’avantage de responsabiliser le stagiaire, d’améliorer sa formation, mais également de décharger partiellement l’assistant.
Les stages.
La pédagogie des stages est une des priorités de la faculté depuis plusieurs décades. La création des CREMEC (Centres régionaux d'enseignement médical complémentaire) remonte à 1955 et témoigne de la volonté de la faculté de donner accès aux pratiques médicales en dehors de l’hôpital universitaire. L’administration des stages et l’unité STAC (stages et Cremec) ont été mis en place à la fin des années ’70. C’est pendant les années’80 qu’ont été écrits les objectifs de stage et mis en place les évaluations des terrains de stage. Plusieurs services de stage ont été supprimés, d’autres ont été recrutés et soumis à évaluation. L’unité STAC est une structure où la participation étudiante est particulièrement présente puisque son bureau compte des délégués de chacun des quatre doctorats à côté des délégués académiques des quatre grandes disciplines de stage. Les évaluations annuelles sont analysées et transmises aux maîtres de stage qui peuvent se situer par rapport à leurs collègues. Au sein des cliniques universitaires, des actions de remédiation ont été entreprises chaque fois qu’un problème a été identifié : il faut noter qu’un excès d’étudiants est aussi mal perçu que l’isolement d’un seul étudiant au sein d’une unité. L’administration des stages veille sous la direction de ses responsables académiques à établir des programmes de rotation qui répondent aux objectifs pédagogiques des études médicales.
Si, à une époque, le stagiaire médecin a pu être chargé de missions de secrétariat, il faut bien admettre que ce biais disparaît avec l’introduction du dossier informatique et l’accès électronique aux protocoles.
Malgré tout, pour la majorité des étudiants, ces périodes de stage ont été fructueuses et riches en enseignements. Pour la première fois, nous avons été plongés dans ce qui sera notre future profession. Les stages constituent ainsi un premier contact avec le monde du travail. Ils nous ont permis de nous intégrer dans une équipe de soins et d’y découvrir les autres acteurs (kiné, infirmières, psychologues), méconnus jusque là, et d’échanger avec eux nos connaissances. La rencontre avec les patients nous a également fait découvrir des vécus très différents et parfois difficiles. Elle nous a fait prendre conscience des réalités des différents milieux sociaux, les plus nécessiteux étant loin des cages dorées de nos universités. Ces quelques mois de pratiques nous ont aussi tout simplement permis de nouer ou des resserrer les liens entre nous. Nous tenons à remercier les maîtres de stage qui nous ont consacré du temps et nous ont transmis les finesses du métier.
Cette année de stage s’est terminée sur un choix essentiel : médecine générale ou spécialisée ?
Vous qui avez choisi la médecine générale, vous avez découvert un nouvel univers… Des profs vous parlaient de qualité de vie, de travail en équipe, de l’importance de s’aménager du temps pour son épanouissement personnel. Enfin un discours qui correspond aux aspirations de notre génération de jeunes médecins.
Chaque vendredi, des professeurs passionnés et motivés vous ont permis d’apprendre toutes les astuces pratiques indispensables à la profession, de la gestion de la consultation à celle du cabinet. De tels cours auraient dû être introduits dans la formation des futurs spécialistes. Un point négatif, cependant, vous êtes nombreux à regretter une infantilisation excessive durant certains cours. Vos stages en médecine générale vous ont fait découvrir un univers jusqu’alors inconnu : celui de la médecine de première ligne, plus ancrée dans l’univers propre des patients et plus proche de leur quotidien. Certains d’entre vous diront même s’être sentis parrainés par leurs maîtres de stage comme l’apprenti par l’artisan.
Autre choix, autre univers : la médecine spécialisée : une autre ambiance !
Le teint blafard, les yeux cernés, le regard vide, on pouvait vous voir errer dans les longs couloirs de Saint-Luc. Alors que vous remarquiez les futurs généralistes s’épanouissant de semaine en semaine, vous, vous sombriez. Bien sûr, personne n’avait sous-estimé la difficulté du pré-concours. Compétitions, stress, fatigue, désillusions, furent le quotidien de tous, en particulier dans les spécialités où l’on se bousculait. Cela semblait difficilement évitable bien que toujours regrettable. Par contre, rien ne vous préparait à ce qui allait suivre…
Le moment des choix…
Pendant ses études l’étudiant a été exposé aux différentes spécialités médicales et à la médecine générale. Pour certaines spécialités l’exposition est automatique, pour d’autres comme l’anesthésie par exemple l’étudiant doit faire une démarche dans le cadre des cours à option et des stages recommandés qui couvrent quatre des douze mois de stage continu. Il a donc été préparé à choisir son orientation professionnelle.
Le choix professionnel, comme dans toutes les professions est à ce stade dépendant de l’offre. La formation de troisième cycle se fait avec le statut rémunéré d’assistant candidat spécialiste dans des postes validants définis par le ministre de la santé publique. L’université assure la formation théorique des candidats spécialistes et organise leur programme de stage en fonction des postes de formation rémunérés disponibles au sein du réseau hospitalo-universitaire.
L’université a pour mission de sélectionner les candidats spécialistes (Arrêté Royal du 16.3.1999 publié au Moniteur Belge du 24 juin 1999). Elle le fait selon une procédure connue et approuvée (“concours”) qui prend place pendant la dernière année des études médicale. L’objectivité et l’impartialité de la sélection est un souci de l’UCL qui a depuis longtemps, à la différence d’autres institutions, définit les règles des concours. Celles-ci peuvent être adaptées par les responsables des DES (diplôme d’études spécialisées) qui soumettent leur projet au comité d’année de 4ème doctorat qui est chargé de la diffusion et du contrôle.
Suivant les spécialités, les injustices furent variées :
- Absence de surveillance durant les épreuves dans certains concours
- Modification a posteriori de critères de sélection tels que l’importance accordée au CV
- Incertitude quant au nombre final de places, faux espoirs entretenus et même, étudiant reçu en 2ème place au concours se voyant refuser l’accès à la spécialité pour laquelle il avait été reçu
Tout processus de sélection génère des déceptions et de l’amertume.
Certains candidats malheureux peuvent être “rattrapés” en faisant appel à des stages de rotation ou à des échanges inter-réseau ou internationaux qui sont régis par des règlements locaux. Le nombre de postes de formation peut être modifié tardivement suite à des décisions des commissions d’agrément ministérielles. C’est ce qui s’est passé cette année en chirurgie plastique, discipline dans laquelle nous attendions deux postes de formation. La commission d’agrément n’a agréé qu’un seul poste. L’étudiant qui était classé deuxième au concours de chirurgie s’est vu offrir un plan de stage dans une discipline chirurgicale proche avec l’espoir de réorienter son plan de stage vers la spécialité de son choix au terme du tronc commun. Les candidats spécialistes qui se trouvaient dans des situations difficiles ont été reçus par le doyen qui a utilisé tous les moyens de droit pour les aider.
La procédure de sélection va encore être plus critique à l’avenir suite aux conséquences de l’arrêté royal relatif à la planification de l’offre médicale, daté du 30 mai 2002 et qui deviendra d’application en 2004 : cet arrêté définit de façon très précise, et pour chaque spécialité, le nombre de candidats qui auront annuellement accès à la formation pour un titre de médecin généraliste ou de médecin spécialiste.
Par ailleurs, le décret de la communauté française sanctionné le 27 février 2003 et publié au Moniteur Belge le 11 avril 2003 précise les éléments à prendre en compte dorénavant et en particulier impose que le classement des candidats résulte pour moitié des résultats académiques de toutes les années d’étude du second cycle des études médicales.
- Assistants devant faire une partie de leur formation sans rémunération ou avec une rémunération sous-minimale
- Impossibilité d’obtenir les résultats des concours, ceux-ci étant considérés comme des secrets d’état
- Pour certains, refus total d’une entrevue avec le responsable de leur concours
Les Maccs ont un statut…
Le statut des Maccs (médecins assistants cliniciens candidats spécialistes) est diffusé à tous les étudiants lors des séances d’information de 3ème et de 4ème doctorat. Il est disponible sous forme d’un petit livret bleu à l’administration des stages.
L’arrêté ministériel du 30 avril 1999 dit « arrêté Colla » précise les règles en matière de temps de travail, de récupération des gardes et de rémunération des médecins assistant-candidats spécialistes. Il est définitivement respecté au sein du Réseau Hospitalo Universitaires (CHRU). Les maîtres de stage qui proposeraient des postes non rémunérés ne respectent pas la loi et la Faculté comme l’Université ne peuvent approuver cette façon de faire.
Certains de ces comportements ne peuvent susciter que la révolte d’autant plus qu’ils viennent de nos futurs maîtres et collègues. Devant ces modifications inacceptables des règles, la question de l’objectivité de certains concours peut se poser. Une chose est sûre, le respect le plus élémentaire de la personne humaine s’est parfois vu bafouer. Et comment se défendre dans un système de sélection où la moindre réclamation peut se voir solder d’une sanction.
Nous réclamons pour nos successeurs :
- Une transparence des concours : que chaque étudiant puisse avoir connaissance de l’intégralité du classement et le détail de sa cotation.
- La possibilité de rencontrer personnellement le responsable de son concours
- Le respect des critères de sélection préalablement fixés
- Le respect des places attribuées
- Une surveillance stricte de tous les concours durant l’examen
- Une décision rapide quant au nombre de places disponibles en arrêtant de faire miroiter des postes utopiques.
Nous sommes persuadés que les étudiants et l’université ont tout à y gagner.
Permettez-nous à présent de vous faire part de quelques réflexions plus politiques…
Il règne un esprit particulier en faculté de médecine de l’UCL, une sorte d’immobilisme politique très différent du dynamisme présent dans d’autres facultés de l’UCL ou même dans d’autres universités. Nous voulons signifier par là que notre système ne favorise pas l’exercice démocratique chez les étudiants et pour les étudiants, et cela aussi bien au niveau estudiantin qu’au niveau académique. Au niveau estudiantin, il existe bien sûr le cercle médical dont une partie des membres est académiquement active, malheureusement cette structure reste trop confidentielle et donc méconnue par les étudiants eux-mêmes. Les étudiants en médecine ne disposent donc pas en tant que tel d’un organe de défense visible et reconnu par eux. En effet, la partie politique du cercle n’est pas assez distincte de son côté festif ce qui, aux yeux des étudiants, la dessert. Par ailleurs, les élections elles-mêmes posent problème : chaque année, une équipe tout entière est élue et non pas un individu par poste, sauf en ce qui concerne les délégués, directement élus en auditoires. Il est donc parfois difficile pour un étudiant motivé d’accéder à certains postes, sans rassembler toute une équipe derrière lui. Il nous semble donc utile que le cercle redonne souffle à ses branches politiques et académiques et facilite l’intégration des délégués élus. A la décharge du cercle, admettons que les étudiants motivés par l’action politique se font de plus en plus rares !
Cette situation s’aggrave ces dernières années sous l’influence d’un double phénomène : d’une part, le numerus clausus instaure un lourd climat de compétition et d’individualisme et ne favorise pas du tout des comportements désintéressés indispensables pourtant à l’exercice démocratique. D’autre part, gérer sa formation, la nouvelle réforme des doctorats, maintient une pression scolaire continue pendant toute l’année avec 4 sessions par an et empêche la majorité des étudiants de s’investir dans d’autres secteurs, et cela par manque de temps évident.
Réflexions politiques :
La faculté de médecine est bien entendu favorable à la participation étudiante qui est institutionnalisée au sein des comités d’année, des commissions d’enseignement, de la commission des stages, du bureau et du conseil de faculté. La participation étudiante est plus ou moins visible selon l’assiduité et la personnalité des délégués. Le décret communautaire sanctionné le 12 juin 2003 et publié au Moniteur Belge le 10 juillet 2003 est un stimulant à améliorer et structurer cette participation. Notre volonté est de favoriser la participation des étudiants concernés en évitant la politisation et le blocage lié à des quotas de participation au sein des assemblées. Certains représentants étudiants ont eu, à la faculté de médecine, un rôle déterminant dans l’avancement de certains dossiers : je pense aux examens de synthèse défendus par Pierre Maldague et aux stages précoces mis en place grâce à Jean-Marc Raymaekers, alors président de cercle
Nous tenons à insister sur ce point : le numerus clausus et gérer sa formation ne sélectionnent pas seulement une élite intellectuelle, mais ils conditionnent également les étudiants à un individualisme navrant, ce qui va à l’encontre de notions essentielles telles que l’esprit critique, le travail en équipe et la conscience professionnelle indispensables à la pratique médicale.
Un autre élément participe à cet immobilisme politique, il est plus difficile à définir. Il s’agit d’une sorte de fantasme collectif : la peur de la sanction. « Et si nous faisions quelque chose, est-ce que le ciel ne nous tomberait pas sur la tête ? » Cela tend à paralyser l’action estudiantine et atténue le plus souvent sa portée ou sa vindicte.
Le dernier élément qui nous semble participer à cet immobilisme est la structure extrêmement hiérarchisée de cette faculté. On nous autorise un espace pour notre action et notre parole sans souvent nous reconnaître comme interlocuteur effectif et valable. On nous laisse une place dans certaines réunions sans même parfois nous écouter et le plus souvent sans nous entendre, ce qui est également vécu par certains professeurs. Nous ne réclamons pas une présence massive au sein des organes directeurs mais simplement que les quelques étudiants qui s’y trouvent soient écoutés et que leurs avis soient pris en compte.
La question est donc la suivante : quel est l’espace d’action et de parole dont nous disposons réellement ? Vous vous demandez peut être pourquoi cette question nous semble si importante ? Simplement parce que vous formez des futurs médecins méconnaissant leurs droits et leurs intérêts, et méconnaissant surtout la possibilité même de les défendre. Or cette situation est dangereuse à l’heure où un autre avenir de la médecine se dessine, à l’heure où tout le secteur hospitalier, médical et paramédical va se transformer. Le choix doit se faire entre la perpétuation d’une structure médicale rigide, d’une caste de médecins fermée à la critique, et un système plus dynamique, interactif et adaptable ce qui présuppose la participation de tous à l’exercice démocratique.
Des moments agréables néanmoins…
Nous espérons que vous avez perçu notre volonté d’être constructifs tout au long de ce discours et surtout, que vous tiendrez compte de nos remarques, le tout visant un mieux pour nos successeurs. Il ne nous reste plus qu’à nous remémorer les souvenirs agréables de ces dernières années et fixer l’horizon qui se profile à nous… Nous avons tous été marqués par la cohésion qui régnait dans notre auditoire. Nous nous souvenons tous de nos interminables files chez « fac copy » pour recueillir les derniers tuyaux mis à la disposition des étudiants ou encore les cartes circulant discrètement dans l’auditoire pour soutenir ou féliciter l’un des nôtres. Vous nous répondrez que tous les étudiants n’étaient pas aussi généreux que d’autres. C’est vrai… Tout comme il est vrai, qu’au fil de nos études, certains d’entre nous ont perdu l’humilité de leur début, ont oublié qu’un jour, eux aussi, ils ont été et seront patients.
A la veille de l’exercice de notre profession médicale, il est important de nous souvenir et de ne pas oublier qu’être bon médecin, c’est avant tout être homme et non technicien, c’est être à l’écoute de personnes en souffrance, c’est respecter le vécu de chacun quel qu’il soit… Mais c’est aussi respecter son confrère et ne pas dénigrer telle ou telle spécialité comme c’est parfois le cas.
Avoir un diplôme nécessite détermination et courage, beaucoup sont ceux qui, parmi nous, n’ont pas eu la chance d’avoir une famille ou un entourage les soutenant psychologiquement et financièrement… et nous tenons à les féliciter plus particulièrement eux qui ont su associer, études et jobs d’étudiants, études et responsabilités familiales…
Pour la plupart d’entre nous, médecine rimait avec don de soi, humanité. Peu nombreux sont ceux qui n’ont pas rêvé de MSF mais combien partiront ? Peu importe… Quel que soit l’avenir qui nous attend, ne nous laissons pas blaser par le temps, ne perdons pas l’émerveillement des premiers cours de médecine, des premières cliniques, des premiers jours de stage pour que, dans 10, 20 ou 30 ans, on puisse encore accueillir nos patients avec une lueur dans le regard, une curiosité de découverte…
Merci
Le moment va être venu de rendre la parole, mais nous ne pourrions le faire sans remercier tous ceux qui nous ont accompagnés durant ce long voyage. Merci à tous, amis et nouveaux confrères, pour ces sept années passées côte à côte. L’expérience fut unique et le résultat probant. Nous espérons que vous vous souviendrez des bons moments vécus ensemble, que ce soit nos soupers de cours, nos week-ends, nos fameux cabarets et nos festivités en tous genres… Pourvu que nos liens restent vivaces ! Merci à tous nos enseignants. Vous avez réussi à faire de nous ce que nous sommes actuellement. Merci pour la motivation insufflée, l’expérience partagée et les QCM bien ficelés ! Merci à tous les assistants qui ont assumé bon gré mal gré une part importante de notre formation pratique. Merci à nos appariteurs pour leur dévouement et leur volonté de rendre nos cours toujours plus agréables. Merci à toutes les secrétaires qui, chacune à leur façon, ont pu nous rendre service au cours de notre formation. Nos dernières pensées vont à nos parents, nos conjoints et notre entourage. Vous nous avez apporté votre soutien indéfectible durant ces années malgré la longueur du cursus, le stress des examens et les exigences des stages. Pour beaucoup d’entre nous, ce soutien fut crucial et ce fut grâce à lui que nous nous trouvons aujourd’hui tous réunis et pouvons pour la dernière fois de ces études vous dire, tout simplement… MERCI !