Promotion des médecins du 29 juin 2002

Discours du Professeur R. Krémer, Président de l'AMA-UCL

 

Récemment, un journal distribué gratuitement à tous les médecins belges a réalisé une enquête intitulée « Qui êtes-vous docteur ? ».  Elle révélerait le blues, voire la démotivation de notre corps médical.

De nos jours, les enquêtes et les sondages sont à la mode et ne semblent intéressants à publier et à commenter que dans la mesure où ils apportent des éléments nouveaux, de préférence négatifs, traduisant le malaise de notre société et prédisant des catastrophes.  Les cheminots et les facteurs surmenés et agressés accumulent les jours de congé non prestés, les enseignants sont démotivés, les magistrats débordés, les infirmières n’ont plus le temps de s’occuper des malades… Pour les médecins qui seraient surmenés, harcelés, mal payés, on a trouvé dans le bric-à-brac des « phrasal verbs » une expression qui fait fureur, c’est le « burn-out », terme qui peut s’appliquer également au moteur de Formule 1 qui explose, au poète à court d’inspiration et à l’épouse épuisée par des grossesses répétées.  Bref, les médias semblent vivre des catastrophes, des malheurs et des dysfonctionnements selon un principe qui semble être « les gens heureux ne font pas l’histoire ».  La presse monte en épingle les procès pour faute ou erreur médicale, mais ne parle pas du travail quotidien du médecin, de son rôle social et humain, de conseiller et d’ami.

Si les journaux parlent des progrès de la médecine, ils choisissent souvent les avancées spectaculaires, dévoilées avant qu’elles n’aient été confirmées, au risque de générer des espoirs qui se révèleront faux ou prématurés.

Pour en revenir à l’enquête d’une certaine presse médicale, elle ferait apparaître que 40 % des répondants choisiraient plutôt d’autres études que la médecine s’ils pouvaient recommencer leur vie ;  35 % d’entre eux souhaiteraient pratiquer ailleurs qu’en Belgique et 70 % n’encourageraient pas leurs enfants à faire des études de médecine.  L’enquête était probablement biaisée par la formulation des questions destinées à mettre en évidence le malaise de la profession, par l’absence de réponse de cette majorité silencieuse, la grande absente de la plupart des sondages et par une certaine manipulation des résultats.
Chers jeunes diplômés.  En choisissant la médecine, avez-vous fait fausse route ?  Allez-vous devenir des fonctionnaires mal payés ?  Bien sûr que non.  Vous avez choisi un très beau métier, le plus beau à mes yeux…  Vous devez et devrez bien évidemment le défendre.  Certes, si vous aviez voulu gagner beaucoup d’argent, il eut mieux valu être banquier ou plombier, si vous briguiez les honneurs et la gloire, la politique ou le barreau vous eussent donné plus de chances.

Votre futur métier reste passionnant, enraciné dans l’humain, avec un rôle social, des progrès incessants que vous pourrez appliquer dans chaque décision ou chaque acte.  Que vous soyez généraliste ou spécialiste, à propos de chacun de vos malades votre attitude sera dictée par la question : « Que ferais-je pour moi-même ou pour quelqu’un de ma famille ? »

Il n’y a pas de petite médecine, ni comme certains le disent parfois, de petits médecins : de bonnes paroles, un conseil judicieux, un geste, une hypothèse diagnostique basée sur des données simples, peuvent être aussi importants que des interventions spectaculaires.
Nous avons la chance de vivre dans un pays où la médecine est librement exercée, accessible à tous et où la qualité des médecins, du personnel paramédical et de l’équipement hospitalier est égale ou supérieure à celle de nos voisins et où nous bénéficions d’un enseignement de qualité, qu’il s’agisse de la formation elle-même ou de la formation postgraduée.

Bien sûr, la pratique médicale change ;  des problèmes surgissent : la féminisation de la profession, le numerus clausus qui risque de conduire à une pénurie dans les années à venir, l’hyperspécialisation avec ses écueils et ses limites, les problèmes éthiques que l’acharnement législatif ne nous aide pas toujours à résoudre, la progression constante du coût de la santé…
Ces défis, les médecins ne pourront pas s’en désintéresser et devront aider à les résoudre en apportant dans le débat la défense de la profession dans un esprit humaniste et social.

Quelle que soit la voie que vous choisirez, médecine générale ou spécialisée, enseignement ou recherche, ou tout autre forme de pratique médicale, efforcez-vous de garder votre idéal de médecin, sans corporatisme étriqué, dans un esprit de dialogue et de tolérance.
Dans le monde de la santé, efforçons-nous de supprimer les égoïsmes, les fractures, le manque de communication et tentons de favoriser la collaboration et le dialogue  avec tous les acteurs : infirmières, assistantes sociales, kinésithérapeutes, psychologues…
De plus en plus, le médecin généraliste devra travailler en réseau ou en maison médicale ;  les hôpitaux et les facultés de médecine devront être complémentaires.  La formation continue sera de plus en plus nécessaire, étant donné l’évolution rapide des connaissances et les découvertes incessantes.
Il est pourtant important et enrichissant de rester proche de son Université pour y retrouver des collègues, des amis, ses professeurs et un enseignement, suite logique de la formation qu’on a reçue.  Il est passionnant d’apprendre comment notre Alma Mater évolue, se perfectionne, s’organise, rénove et affine sa pédagogie, lutte pour maintenir l’excellence de l’enseignement et de la recherche dans une Europe qui se construit et retrouve entre ses élèves et ses professeurs une mobilité qu’elle avait connue au Moyen Age.

De son côté, l’Université ressent de plus en plus la nécessité de répondre à sa mission universelle, de se répandre « urbi et orbi », de rechercher des synergies par exemple avec les entreprises et les hôpitaux, de se préoccuper de l’amont de la formation (enseignement secondaire et choix des études) et de l’aval (accès à une carrière, formation continuée).  Dans ces actions universitaires d’amont et d’aval, le rôle des anciens peut être important.

Les rencontres à la carte que l’Association des Médecins organise en 1er et 2ème doctorat en médecine, avec les pratiques médicales les plus diverses, permettent aux étudiants de mieux choisir leur future orientation ;  ils ont pu se rendre compte sur le terrain que la profession de médecin était exigeante, mais combien variée et passionnante.  Les Anciens sont là pour vous conseiller et vous aider.   La formation continue est essentielle.  En médecine, l’UCL vous l’offre avec le groupe soudé et actif constitué par les Anciens, la Commission d’Enseignement Continu et Louvain Médical.  Affiliez-vous (vous avez des conditions très favorables en début de carrière), visitez nos sites Webb, écrivez-nous et venez nous rencontrer.   Nous vous attendons.


René Krémer
Président de l'AMA-UCL 

AMA-UCL Association des Médecins Alumni de l'Université catholique de Louvain

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