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Allocution de Monsieur Jean-Jacques Viseur, président du Conseil d'administrationCette année a été riche en événements et en enseignements Dabord la continuité de notre institution à travers la succession de ceux qui en assument la gestion. Quatre membres quittent le Conseil dadministration. Les professeurs LAUWERYS et WUNSCH achèvent comme prorecteurs une carrière universitaire passionnante et diverse. Ils ont été des prorecteurs enthousiastes et dévoués. Ils ont porté les sensibilités des sciences médicales et des sciences humaines, tout en intégrant pleinement la logique de lintérêt général de luniversité. Pierre BEAUSSART a été un administrateur actif et de bon conseil. Secrétaire général de lUnion Wallonne des Entreprises, il a facilité le concours de lUniversité au développement économique et social de la Région. Il a aidé à établir des liens sans cesse plus solides avec le monde de lentreprise. Achevant son mandat à lUWE, il accepta de dynamiser lassociation des anciens de lUCL et le fit avec beaucoup de doigté et de volonté. La fête des anciens du 12 mai, succès de foule sous un soleil éclatant, fut pour lui une juste récompense. Durant 13 ans, Gabriel RINGLET a été Vice-Recteur aux affaires étudiantes. Sa réussite exceptionnelle dans une fonction délicate et difficile tient dabord à sa méthode. Ni paternalisme, ni démagogie ni complaisance, mais un respect attentif de lautre, de sa personne, de ses forces et de ses faiblesses, de sa liberté et de sa responsabilité. Grâce à son action incessante, létudiant a été reconnu dans sa singularité et dans sa dignité comme membre à part entière de la communauté universitaire, avec les droits et devoirs qui en découlent. Souvent, il a mesuré que, pour certains, la vie universitaire est aussi un lieu de souffrance, de rupture, déchec, disolement et de solitude. À chacun dentre nous, il a, en permanence, rappelé que, dans une université, excellence et sélection nétaient pas incompatibles avec le respect de chacun et dabord des plus faibles. Au sein du Conseil, nous accueillons un nouveau Vice-Recteur aux affaires étudiantes, le professeur RENDERS et deux nouveaux Pro recteurs. Les professeurs DEHEZ et DENEF. Cette année a aussi été riche en événements politiques. Si leuphorie nest pas de mise, on peut donc, aujourdhui, davantage parler dobjectifs que de contraintes. Et dobjectifs ambitieux nous nen manquons pas. Je voudrais en citer trois qui marqueront les années à venir. Dabord la modernisation de la pédagogie.
La vision ambitieuse qui sous-tend cette pédagogie nouvelle est de devenir le creuset dun nouvel humanisme alliant connaissance, regard critique, créativité responsabilité et citoyenneté. La deuxième priorité est le recrutement du personnel académique et scientifique. Dans les 10 années à venir, 42% du personnel académique et scientifique arrivera au terme de sa carrière. Cela représente 280 équivalents temps plein. Le recrutement cest aussi la préparation en notre sein de candidats de qualité exceptionnelle et larrivée détrangers de premier plan acquis à notre vision de luniversité. Enfin, ladhésion des enseignants à nos objectifs pédagogiques est indispensable. À travers " gérer sa formation ", un grand nombre dentre vous accepte de se remettre en question, de modifier le contenu et la méthode denseignement, de sinvestir davantage dans le premier cycle. Votre engagement essentiel dans cette mission denseignement se réalise sans sacrifier en rien à la recherche sans laquelle se tarit lâme et lesprit dun universitaire. Par ailleurs, beaucoup dentre vous ne ménagent pas leurs efforts pour assumer le service à la société. Ces trois conditions sont indispensables mais il faut franchement aborder un élément que lon tait trop souvent. Demain, la concurrence sera aiguë entre universités européennes. Toutes les institutions et dabord celles acquises au modèle anglo-saxon vont surenchérir pour sattacher à grand frais les services des plus prestigieux et aussi de ceux qui, à linstar des vedettes sportives et médiatiques ou de certains gourous, entraîneront dans leur sillage récompenses prestigieuses, financements alternatifs et étudiants - disciples prêts à investir des fortunes dans des masters classes à la mode. Sous limpulsion des grandes universités anglaises, on assiste, déjà, à dimportantes distorsions entre les revenus et les moyens attribués aux facultés, aux unités et aux individus. Longtemps, il a paru incongru de comparer rémunérations et conditions de travail des universitaires comme dailleurs de se comparer avec le secteur marchand. Les problèmes matériels qualifiés de vulgaires ont été évacués au prétexte que lépanouissement intellectuel navait pas de prix. Cette pudeur est excessive. Pour prendre un seul exemple, est-il acceptable quun fondamentaliste, en faculté de médecine, perçoive une rémunération souvent inférieure au quart de ce que gagne, après quelques années, un médecin spécialiste dans nimporte quelle clinique du royaume. Lattrait dune université ne se réduit évidemment pas à la seule rémunération. Lenvironnement humain, culturel, intellectuel, les moyens de recherche sont autant datouts. Mais au moment où la fonction publique, étalon en la matière, est engagée dans une révolution copernicienne et a lambition de modifier profondément son échelle de rémunération, il me paraît indispensable que sengage avec les pouvoirs publics une discussion sur les aspects pécuniaires de la carrière scientifique et académique. Il y va, à moyen terme, de notre avenir et du rôle de luniversité dans la société. Troisième priorité que je voudrais mettre en évidence : la nécessaire transversalité au sein de luniversité. Pour terminer, je voudrais tirer quelques conclusions de notre cinq cent septante-cinquième anniversaire. Colloques, expositions, réunions, concerts furent, sans arrogance, autant dexpressions de notre force, de notre harmonie et de notre ouverture. Je voudrais mettre en exergue trois moments du 575ème.
Cette Aula Magna où nous sommes aujourdhui devait être réalisée pour donner un lieu privilégié à la culture, ce compagnon indispensable de luniversité. Luniversité est naturellement un conservatoire de la culture, des cultures. Nombreux sont les départements et les unités dont la mission est son analyse, sa protection et sa diffusion. Mais luniversité doit assumer une tâche culturelle plus vaste. Le risque est grand, en effet, de voir demain simposer la culture anglo-saxonne, véhiculée par langlais, langue universelle et portée par une puissance économique dominant les instruments de diffusion et de communication. Tout modèle culturel de cette dimension saccompagne dun modèle social et économique qui bouscule et appauvrit les identités. Grande université située à la marche de linfluence latine, sans complexe comme sans fermeture à légard du monde germanique et anglo saxon, notre devoir est dassumer et de promouvoir un modèle culturel original nourri de nos valeurs humaines et sociales. En cela, université et culture doivent sadosser lune à lautre et agir dans une commune appartenance. Mesdames, Messieurs, Notre histoire est source inépuisable denseignements. Puisse, aujourdhui, notre université avoir lambition dêtre un nouveau collège des trois langues où culture et science se conjugueront pour faire éclore un nouvel humanisme pour notre temps.
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