Allocutions du Professeur Bernard Coulie, président du Corps académique

Messeigneurs,
Exellences,
Mesdames, Messieurs,

"A quoi sert le corps académique?" Formulée telle quelle, la question aurait de quoi surprendre, dans une université et dans une circonstance telles que celles-ci. Je vous propose donc de l'entendre au sens de l'association du corps académique en tant que représentante d'une partie de la communauté universitaire.

"A quoi sert le corps académique?" Pourquoi poser la question? Ce n’est pas parce que mon expérience de président du corps académique m'aurait amené à remettre en cause l'association des académiques, mais plutôt parce qu'elle m'a convaincu à la fois de son utilité et de la nécessité de la rappeler à l'ensemble de la communauté universitaire.

Le corps académique est le garant d'un modèle d'université, avec les principes et les valeurs qui la fondent et l'animent, et dont les académiques se sentent, avec d'autres mais parfois plus que d'autres, les dépositaires. Sentiment qui résulte aussi de ce qu'ils incarnent une certaine permanence de l'université.

Le corps académique est aussi et peut-être surtout un observateur attentif de la réalité quotidienne de l'université en général, et des académiques en particulier.

En somme, l'université telle qu'elle devrait être, et l'université telle qu'elle est. Oeuvrer pour sa part à rapprocher ces deux termes est une définition parmi d'autres des objectifs du corps académique.

Deux de ses préoccupations permettent de l'illustrer.

La première est de contribuer au fonctionnement le meilleur possible de l'université en tant qu'organisation, et surtout en tant que groupe humain. Si l'université est le lieu d'objectifs nobles et d'idéaux élevés, elle est aussi un espace dans lequel des personnalités cherchent à trouver leur place — dans tous les sens du terme —, et à vivre ce qui fait la caractéristique de l'engagement académique: une passion et la volonté de mettre cette passion au service des autres.

Concilier les objectifs du groupe et ceux de ses membres, conjuguer les exigences de la qualité, voire de l'excellence, avec les aspirations des personnes requièrent un système et une organisation souples, avec des niveaux de compétences et de décisions clairement identifiés, dotés d'autonomies respectives capables de prendre en compte les individus, avec leurs aspirations et leurs compétences.
Comme l'a déclaré récemment un jeune auteur belge, par ailleurs membre du corps académique de notre université: "Beaucoup de gens ont envie d'être heureux le plus simplement possible. Le problème c'est qu'autour il y en a qui veulent le pouvoir. La quête d'un pouvoir de contrôle (et non d'action) est ce qui entrave le plus le bonheur des individus." (V. Engel, entretien paru dans La Dernière Heure, 17/08/2001).
Un des défis les plus pressants de l'université est d'améliorer son fonctionnement interne en ayant en vue, d'une part, une simplification structurelle et administrative qui permette aux responsables d'entités d'exercer ce pouvoir d'action, et, d'autre part, la volonté de mettre chacun en position de donner le meilleur de ce qu'il peut donner, et même d'apporter un peu plus, ce petit plus qui fait de l'université ce lieu exceptionnel qu'elle doit être.

Une seconde préoccupation du corps académique est de contribuer à préparer l'avenir.

Le recrutement de nombreux nouveaux académiques, dotés d'une expérience extérieure importante et rompus aux règles de la compétition et de la sélection, entraîne l'exigence de critères plus objectifs dans la gestion de la carrière académique. Cette exigence est renforcée à la fois par l'introduction de la monnaie unique et par le processus d'harmonisation universitaire en Europe, qui faciliteront les comparaisons des carrières à l'intérieur de l'Union.

C'est dans l’optique de ces deux préoccupations que le corps académique a défendu devant le Conseil académique l'idée que la carrière devrait être conçue en termes de projets, explicitant pour un terme donné comment l'académique entend s'investir dans des tâches d'enseignement, de recherche et de service. Ces projets répondent à trois objectifs principaux:
- donner l'occasion à chacun de formuler ses attentes;
- fournir une base objective à l'évaluation et donc à la gestion des carrières académiques;
- permettre une répartition harmonieuse des tâches au sein des entités.

Le Conseil académique a accepté ces principes, et les modalités de leur mise en application sont en préparation. Le corps académique continuera à participer à ce dossier, en ayant toujours en vue, comme l'un de ses soucis majeurs, qu'au-delà des aspects matériels et pécuniaires, l'Université catholique de Louvain se présente et soit reconnue comme un milieu de travail de qualité, attractif, et, si j’ose dire, enrichissant.

C'est là une condition nécessaire pour que l'université puisse affronter l'avenir, un avenir qui exigera que chacun accepte de remettre en cause fondamentalement les structures et les modes de fonctionnement traditionnels. Le corps académique se devra de montrer la voie.

Je vous remercie de votre attention.

 


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Dernière mise à jour : 18 septembre 2001. Responsable : Jean Blavier. Contact : Joseline Polomé