Gro Harlem Brundtland

"Une population en bonne santé et éduquée est la plus grande ressource dont dispose un pays"

Entre le pays de Grieg et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), institution onusienne subséquemment abstraite, deux points de convergence : une médiatisation discrète et une femme influente. Gro Harlem Brundtland, médecin de formation, fut, à trois reprises, premier ministre de Norvège avant d'occuper, en 1998, à 59 ans, le poste de directeur général de l'OMS. En 1983, elle préside la Commission mondiale pour l'environnement et le développement, dont les conclusions - le Rapport Brundtland - mèneront à la Conférence des Nations-Unies pour l'environnement et le développement de 1992, dite "Sommet de Rio". "Un parcours remarquable de cohérence", souligne le Pr Monique Mund-Dopchie (FLTR/EGLA), marraine du docteur honoris causa. "Médecin, c'est à la santé publique qu'elle s'intéresse. Son expérience hospitalière l'amène à remonter aux racines du problème de la santé, c'est-à-dire l'enfance. Et, en toute logique, à articuler les enjeux globaux d'éducation, d'environnement et de développement". Aux yeux du doyen de la Faculté de philosophie et lettres, ce parrainage prend sa source à la fois dans une réflexion professionnelle et dans des convictions personnelles. "Il est très important qu'une femme, assumant pleinement les valeurs féminines et incarnant un rapport différent avec le pouvoir, soit présente sur le front de l'engagement. Par ailleurs, je partage la même sensibilité aux problèmes posés par la globalisation et par l'environnement. La diversité est un enjeu non seulement biologique, mais aussi culturel. J'ai longuement étudié l'époque des grandes découvertes et le basculement qui s'y est opéré. Comment permettre aujourd'hui à ces cultures d'Amérique centrale - ces "groupes vulnérables" dont parle le Rapport Brundtland - de survivre dans un contexte de marché mondial et de standardisation américaine ? Compléter nos manières de voir, plutôt qu'exercer une domination, est l'une des directions que prône le Rapport". Humaniste, Gro Harlem Brundtland sait également recourir à un langage pragmatique démontrant l'intérêt bien compris des pays riches. Sous son impulsion, sécurité alimentaire, croissance urbaine, biodiversité, équité, développement soutenable, santé pour tous sont à l'ordre du jour de l'OMS. "Du jour" ? Une vue de l'esprit. En fonction depuis juillet 1998, c'est à une énorme machine administrative qu'a dû s'intégrer Mme Brundtland. Son action s'inscrit dans le long terme. Conditions préalables : récolte d'informations et connaissance du terrain. "Si les résultats apparaissent lentement", conclut le Pr Monique Mund-Dopchie. "ils se manifesteront en profondeur". Parmi les objectifs tracés : améliorer la cohérence entre politiques de santé nationales et internationales, et multiplier les passerelles vers les autres bureaux des Nations unies, les institutions financières internationales, la communauté scientifique, l'industrie et la société civile.

(J.F.V.)



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Dernière mise à jour : 31 mai 2000. Responsable : JeanBlavier. Contact : webreul