Utilisation d’un système Unix¶
Dans cette section, nous allons décrire comment utiliser un système Unix tel que GNU/Linux en mettant l’accent sur l’utilisation de la ligne de commande et l’automatisation de tâches via des scripts.
Utilitaires¶
Unix a été conçu à l’époque des mini-ordinateurs. Un mini-ordinateur servait plusieurs utilisateurs en même temps. Ceux-ci y étaient connectés par l’intermédiaire d’un terminal équipé d’un écran et d’un clavier. Les programmes traitaient les données entrées par l’utilisateur via le clavier ou stockées sur le disque. Les résultats de l’exécution des ces programmes étaient affichés à l’écran, sauvegardés sur disque ou parfois imprimés sur papier.
Unix ayant été initialement développé pour manipuler des documents contenant du texte, il comprend de nombreux utilitaires facilitant ces traitements. Une description détaillée de l’ensemble de ces utilitaires sort du cadre de ce cours. De nombreux livres et ressources Internet fournissent une description détaillée. Voici cependant une brève présentation de quelques utilitaires de manipulation de texte qui peuvent s’avérer très utiles en pratique.
- cat(1) : utilitaire permettant notamment de lire et afficher le contenu d’un fichier.
- echo(1) : utilitaire permettant d’afficher une chaîne de caractères passée en argument.
- head(1) et tail(1) : utilitaires permettant respectivement d’extraire le début ou la fin d’un fichier.
- wc(1) : utilitaire permettant de compter le nombre de caractères et de lignes d’un fichier.
- grep(1) : utilitaire permettant notamment d’extraire d’un fichier texte les lignes qui contiennent ou ne contiennent pas une chaîne de caractères passée en argument.
- sort(1) : utilitaire permettant de trier les lignes d’un fichier texte.
- uniq(1) : utilitaire permettant de filtrer le contenu d’un fichier texte afin d’en extraire les lignes qui sont uniques ou dupliquées (cela requiert que le fichier d’entrée soit trié, car ne compare que les lignes consécutives).
- more(1) : utilitaire permettant d’afficher page par page un fichier texte (less(1) est une variante courante de more(1)).
- gzip(1) et gunzip(1) : utilitaires permettant respectivement de compresser et de décompresser des fichiers. Les fichiers compressés prennent moins de place sur le disque que les fichiers standard et ont par convention un nom qui se termine par .gz.
- tar(1) : utilitaire permettant de regrouper plusieurs fichiers dans une archive. Souvent utilisé en combinaison avec gzip(1) pour réaliser des backups ou distribuer des logiciels.
- sed(1) : utilitaire permettant d’éditer, c’est-à-dire de modifier les caractères présents dans un flux de données.
- awk(1) : utilitaire incluant un petit langage de programmation et qui permet d’écrire rapidement de nombreux programmes de manipulation de fichiers de texte.
Pages de manuel
Les systèmes d’exploitation de la famille Unix contiennent un grand nombre de librairies, d’appels systèmes et d’utilitaires. Toutes ces fonctions et tous ces programmes sont documentés dans des pages de manuel qui sont accessibles via la commande man. Les pages de manuel sont organisées en 8 sections.
- Section 1: Utilitaires disponibles pour tous les utilisateurs
- Section 2: Appels systèmes en C
- Section 3: Fonctions de la librairie
- Section 4: Fichiers spéciaux
- Section 5: Formats de fichiers et conventions pour certains types de fichiers
- Section 6: Jeux
- Section 7: Utilitaires de manipulation de fichiers textes
- Section 8: Commandes et procédure de gestion du système
Dans le cadre de ce cours, nous aborderons principalement les fonctionnalités décrites dans les trois premières sections des pages de manuel. L’accès à une page de manuel se fait via la commande man avec comme argument le nom de la commande concernée. Vous pouvez par exemple obtenir la page de manuel de gcc en tapant man gcc. man supporte plusieurs paramètres qui sont décrits dans sa page de manuel accessible via man man. Dans certains cas, il est nécessaire de spécifier la section du manuel demandée. C’est le cas par exemple pour printf qui existe comme utilitaire (section 1) et comme fonction de la librairie (section 3 - accessible via man 3 printf).
Outre ces pages de manuel locales, il existe également de nombreux sites web où l’on peut accéder aux pages de manuels de différentes versions de Unix dont notamment :
- les pages de manuel de Debian GNU/Linux
- les pages de manuel de FreeBSD
- les pages de manuel de MacOS
Dans la version en-ligne de ces notes, toutes les références vers un programme Unix, un appel système ou une fonction de la librairie pointent vers la page de manuel Linux correspondante.
Shell¶
Avant le développement des interfaces graphiques telles que X11, Gnome ou Aqua, l’utilisateur interagissait exclusivement avec l’ordinateur par l’intermédiaire d’un interpréteur de commandes. Dans le monde Unix, le terme anglais shell est le plus souvent utilisé pour désigner cet interpréteur et nous ferons de même.
Un shell est un programme qui a été spécialement conçu pour faciliter l’utilisation d’un système Unix via le clavier. De nombreux shells Unix existent. Les plus simples permettent à l’utilisateur de taper une série de commandes à exécuter en les combinant. Les plus avancés sont des interpréteurs de commandes qui supportent un langage complet permettant le développement de scripts plus ou moins ambitieux. Dans le cadre de ce cours, nous utiliserons bash(1) qui est un des shells les plus populaires et les plus complets. La plupart des commandes bash(1) que nous utiliserons sont cependant compatibles avec de nombreux autres shells tels que zsh ou csh.
Bien que les interfaces graphiques se soient désormais généralisées, le shell reste un moyen d’interaction avec le système parfaitement complémentaire, particulièrement utile pour les informaticiens, ou toute personne devant automatiser des traitements et opérations sur un système informatique. Avec les interfaces graphiques actuelles, le shell est accessible par l’intermédiaire d’une application qui est généralement appelée terminal ou console.
Lorsqu’un utilisateur se connecte à un système Unix, en direct ou à travers une connexion réseau, le système vérifie son mot de passe puis exécute automatiquement le shell qui est associé à cet utilisateur depuis son répertoire par défaut. Ce shell permet à l’utilisateur d’exécuter et de combiner des commandes. Un shell supporte deux types de commande : les commandes internes qu’il implémente directement et les commandes externes qui font appel à un utilitaire stocké sur disque. Un exemple de commande interne est cd(1posix) qui prend comme argument un chemin (relatif ou absolu) et y positionne le répertoire courant. Les utilitaires présentés dans la section précédente sont des exemples de commandes externes.
Voici quelques exemples d’utilisation de commandes externes.
$ cat exemple.txt
Un simple fichier de textes
aaaaaaaaaa bbbbbb
bbbbb ccccccccccc
eeeee fffffffff
aaaaaaaaaa bbbbbb
$ grep fichier exemple.txt
Un simple fichier de textes
$ wc exemple.txt
5 13 98 exemple.txt
Combiner des commandes¶
La plupart des utilitaires fournis avec un système Unix ont été conçus pour être utilisés en combinaison avec d’autres. Cette combinaison efficace de plusieurs petits utilitaires est un des points forts des systèmes Unix par rapport à d’autres systèmes d’exploitation. On peut imaginer par exemple associer sort(1) et head(1) pour n’afficher que les premiers noms en ordre alphabétique d’une liste d’étudiants disponible initialement sous forme non triée. Afin de permettre cette combinaison, chaque programme Unix en cours d’exécution (appelé un processus) est associé à trois flux standards :
- une entrée standard (stdin en anglais) qui est un flux d’informations par lequel le processus reçoit les données à traiter. Par défaut, l’entrée standard est associée au clavier.
- une sortie standard (stdout en anglais) qui est un flux d’informations sur lequel le processus écrit le résultat de son traitement. Par défaut, la sortie standard est associée au terminal.
- une sortie d’erreur standard (stderr en anglais) qui est un flux de données sur lequel le processus écrira les messages d’erreur éventuels. Par défaut, la sortie d’erreur standard est associée au même terminal que stdout.
La puissance du shell vient de la possibilité de combiner des commandes en redirigeant les entrées et sorties standards. Les shells Unix supportent différentes formes de redirection. Tout d’abord, il est possible de forcer un programme à lire son entrée standard depuis un fichier plutôt que depuis le clavier. Cela se fait en ajoutant à la fin de la ligne de commande le caractère < suivi du nom du fichier à lire. Ensuite, il est possible de rediriger la sortie standard vers un fichier. Cela se fait en utilisant > ou >>. Lorsqu’une commande est suivie de > file, le fichier file est créé si il n’existait pas et remis à zéro si il existait, et la sortie standard de cette commande est redirigée vers le fichier file. Lorsqu’un commande est suivie de >> file, la sortie standard est sauvegardée à la fin du fichier file (si file n’existait pas, il est créé).
Voici un exemple d’utilisation des redirections :
$ echo "Un petit fichier de textes" > file.txt
$ echo "aaaaa bbbbb" >> file.txt
$ echo "bbbb ccc" >> file.txt
$ grep -v bbbb < file.txt > file.out
$ cat file.out
Un petit fichier de textes
Note
Rediriger la sortie d’erreur standard
La redirection > file redirige par défaut la sortie standard vers le fichier file. La sortie d’erreur standard reste dirigé, quand à elle, vers le terminal de l’utilisateur. Il arrive toutefois que l’on souhaite diriger les messages d’erreur vers un fichier différent. On peut pour cela utiliser la notation 2> file_errors (le flux stdout est numéroté 1 et le flux stderr est numéroté 2; la notation > file est implicitement équivalente à 1> file).
Si l’on souhaite rediriger à la fois stdout et stderr vers le même fichier on ne peux pas utiliser > file 2> file ! Il faut d’abord rediriger la sortie stderr vers stdout, puis diriger ce dernier vers le fichier. Le flux stdout est noté &1, on utilise donc 2>&1 > file.
Des informations plus complètes sur les mécanismes de redirection de bash(1) peuvent être obtenues dans le chapitre 20 de [ABS].
Les shells Unix supportent un second mécanisme qui est encore plus intéressant pour combiner plusieurs programmes. Il s’agit de la redirection de la sortie standard d’un programme vers l’entrée standard d’un autre sans passer par un fichier intermédiaire. Cela se réalise avec le symbole | (pipe en anglais). L’exemple suivant illustre quelques combinaisons d’utilitaires de manipulation de texte.
$ echo "Un petit texte" | wc -c
15
$ echo "bbbb ccc" >> file.txt
$ echo "aaaaa bbbbb" >> file.txt
$ echo "bbbb ccc" >> file.txt
$ cat file.txt
bbbb ccc
aaaaa bbbbb
bbbb ccc
$ cat file.txt | sort | uniq
aaaaa bbbbb
bbbb ccc
Le premier exemple utilise echo(1) pour générer du texte et le passer directement à wc(1) qui compte le nombre de caractères. Le deuxième exemple utilise cat(1) pour afficher sur la sortie standard le contenu d’un fichier. Cette sortie est reliée à sort(1) qui trie le texte reçu sur son entrée standard en ordre alphabétique croissant. Cette sortie en ordre alphabétique est reliée à uniq(1) qui la filtre pour en retirer les lignes dupliquées.
Scripts : les bases¶
Tout shell Unix peut également s’utiliser comme un interpréteur de commande qui permet d’interpréter des scripts. Un système Unix peut exécuter deux types de programmes :
Lors de l’exécution d’un programme, le système d’exploitation reconnaît [1] si il s’agit d’un programme directement exécutable ou d’un programme interprété en analysant les premiers octets du fichier. Par convention, sous Unix, les deux premiers caractères d’un programme écrit dans un langage qui doit être interprété sont #!. Ils sont suivis par le nom complet de l’interpréteur qui doit être utilisé pour interpréter le programme.
Le programme bash(1) le plus simple est le suivant :
#!/bin/bash
echo "Hello, world"
L’exécution de ce script shell retourne la sortie suivante :
Hello, world
Par convention en bash(1), le caractère # marque le début d’un commentaire en début ou en cours de ligne. Comme tout langage, bash(1) permet à l’utilisateur de définir des variables. Celles-ci peuvent contenir des chaînes de caractères ou des nombres. Le script ci-dessous utilise deux variables, PROG et COURS et les utilise pour afficher un texte avec la commande echo.
#!/bin/bash
PROG="LINFO"
COURS=1252
echo $PROG$COURS
On note dans l’exemple ci-dessus l’utilisation du symbole $ pour référer à la valeur de la variable. Dans la majorité des cas, cette notation suffit. Il y a une subtilité auxquelles ont doit faire attention : si il y a une ambiguïté possible sur le nom de la variable pour l’interpréteur il convient d’entourer son nom d’accolades { }. Par exemple, milieu = "mi"; echo do$milieuno affichera do seulement car l’interpréteur considère la seconde partie comme la variable $milieuno non définie et donc égale à la chaîne vide (et cela sans générer de message d’erreur). Avec echo do${milieu}no, par contre, le résultat est celui attendu.
Un script bash(1) peut également prendre des arguments passés en ligne de commande. Par convention, ceux-ci ont comme noms $1, $2, $3, ... Le nombre d’arguments s’obtient avec $# et la liste complète avec $@. L’exemple ci-dessous illustre l’utilisation de ces arguments.
#!/bin/bash
# $# nombre d'arguments
# $1 $2 $3 ... arguments
echo "Vous avez passe" $# "arguments"
echo "Le premier argument est :" $1
echo "Liste des arguments :" $@
L’exécution de ce script produit la sortie suivante :
Vous avez passe 2 arguments
Le premier argument est : LINFO
Liste des arguments : LINFO 1252
Concernant le traitement des arguments par un script bash, il est utile de noter que lorsque l’on appelle un script en redirigeant son entrée ou sa sortie standard, le script n’est pas informé de cette redirection. Ainsi, si l’on exécute le script précédent en faisant args.sh arg1 > args.out, le fichier args.out contient les lignes suivantes :
Vous avez passe 2 arguments
Le premier argument est : LINFO
Liste des arguments : LINFO 1252
Scripts : conditionnelles¶
Un script permet d’utiliser des structures de contrôle comme dans tout langage de programmation.
bash(1) supporte tout d’abord la construction conditionnelle if [ condition ]; then ... fi qui permet notamment de comparer les valeurs de variables. bash(1) définit de nombreuses conditions différentes, dont notamment :
- $i -eq $j est vraie lorsque les deux variables $i et $j contiennent le même nombre.
- $i -lt $j est vraie lorsque la valeur de la variable $i est numériquement strictement inférieure à celle de la variable $j
- $i -ge $j est vraie lorsque la valeur de la variable $i est numériquement supérieure ou égale à celle de la variable $j
- $s = $t est vraie lorsque la chaîne de caractères contenue dans la variable $s est égale à celle qui est contenue dans la variable $t
- -z $s est vraie lorsque la chaîne de caractères contenue dans la variable $s est vide
D’autres types de test sont définis dans la page de manuel : bash(1). Le script ci-dessous fournit un premier exemple d’utilisation de tests avec bash(1).
#!/bin/bash
# Vérifie si les deux nombres passés en arguments sont égaux
if [ $# -ne 2 ]; then
echo "Erreur, deux arguments sont nécessaires" > /dev/stderr
exit 2
fi
if [ $1 -eq $2 ]; then
echo "Nombres égaux"
else
echo "Nombres différents"
fi
exit 0
Tout d’abord, ce script vérifie qu’il a bien été appelé avec deux arguments. Vérifier qu’un programme reçoit bien les arguments qu’il attend est une règle de bonne pratique qu’il est bon de respecter dès le début. Si le script n’est pas appelé avec le bon nombre d’arguments, un message d’erreur est affiché sur la sortie d’erreur standard et le script se termine avec un code de retour. Ces codes de retour sont importants car ils permettent à un autre programme, par exemple un autre script bash(1) de vérifier le bon déroulement d’un programme appelé. Le script src/eq.sh utilise des appels explicites à exit(1posix) même si par défaut, un script bash(1) qui n’en contient pas retourne un code de retour nul à la fin de son exécution.
Un autre exemple d’utilisation des codes de retour est le script src/wordin.sh repris ci-dessous qui utilise grep(1) pour déterminer si un mot passé en argument est présent dans un fichier texte. Pour cela, il exploite la variable spéciale $? dans laquelle bash(1) sauve le code de retour du dernier programme exécuté par le script.
#!/bin/bash
# wordin.sh
# Vérifie si le mot passé en premier argument est présent
# dans le fichier passé comme second argument
if [ $# -ne 2 ]; then
echo "Erreur, deux arguments sont nécessaires" > /dev/stderr
exit 2
fi
grep $1 $2 >/dev/null
# $? contient la valeur de retour de grep
if [ $? -eq 0 ]; then
echo "Présent"
exit 0
else
echo "Absent"
exit 1
fi
Ce programme utilise le fichier spécial /dev/null. Celui-ci est en pratique l’équivalent d’un trou noir. Il accepte toutes les données en écriture mais celles-ci ne peuvent jamais être relues. /dev/null est très utile lorsque l’on veut ignorer la sortie d’un programme et éviter qu’elle ne s’affiche sur le terminal. bash(1) supporte également /dev/stdin pour représenter l’entrée standard, /dev/stdout pour la sortie standard et /dev/stderr pour l’erreur standard.
Les scripts servent souvent à réaliser des opérations sur des fichiers, et il est parfois nécessaire de pouvoir tester si un fichier est présent, n’est pas vide, etc. On peut alors utiliser les conditions suivantes :
- -f file est vraie si file existe et est un fichier;
- -s file est vraie si file n’est pas vide;
- -r file, -w file, -x file est vraie si file peut, respectivement, être lu, écrit ou exécuté par l’utilisateur lançant le script;
- -s file est vraie si file est le nom d’un répertoire.
L’exemple ci-dessous illustre l’utilisation des conditions sur les fichiers :
#!/bin/bash
# vérifie si le fichier fourni en entrée contient des données
if [ $# -ne 1 ]; then
echo "Erreur, un seul argument est nécessaire" > /dev/stderr
exit 2
fi
if [ -d $1 ]; then
echo "Erreur, $1 est un répertoire, pas un fichier" > /dev/stderr
exit 2
fi
if [ ! -f $1 ]; then
echo "Erreur, $1 n'existe pas" > /dev/stderr
exit 2
fi
if [ -s $1 ]; then
echo "Le fichier $1 contient des données" > /dev/stdout
else
echo "Le fichier $1 ne contient pas de données" > /dev/stdout
fi
On note l’utilisation du combinateur logique de négation ! pour la troisième condition. Deux autres opérateurs logiques sont disponibles : -a est le ET logique (AND) et le -o est le OU logique (OR) :
- -a renvoie une valeur positive (faux) si au moins une des deux conditions renvoie une valeur positive, et 0 sinon (vrai);
- -o renvoie une valeur positive (faux) si les deux conditions renvoient une valeur positive, et 0 sinon (vrai).
La deuxième et la troisième condition de l’exemple ci-dessus peuvent ainsi être combinées de la manière suivante :
if [ -d $1 -o ! -f $1 ]; then
echo "Erreur, $1 n'existe pas ou est un répertoire" > /dev/stderr
exit 2
fi
La structure case permet de vérifier une entrée contre une série de motifs. Cela est souvent utile, par exemple, pour l’analyse des paramètres fournis à un script (en utilisant - et --). La description de case dépasse cependant le cadre de ce cours.
Scripts : boucles¶
On utilise régulièrement des boucles pour répéter une opération pour plusieurs argument. Voici un exemple d’utilisation de la boucle for :
#!/bin/bash
# exemple_for.sh
students="Julie Maxime Hakim"
for s in $students; do
l=`wc -l TP1-$s.txt | cut -d' ' -f1`
echo "Bonjour $s, ton compte rendu de TP comporte $l lignes."
done
Bonjour Julie, ton compte rendu de TP comporte 26 lignes.
Bonjour Maxime, ton compte rendu de TP comporte 32 lignes.
Bonjour Hakim, ton compte rendu de TP comporte 28 lignes.
Une utilisation courante de la boucle for est pour répéter un même traitement sur tous les fichiers présents dans une liste. La boucle est alors un itérateur : pour chaque itération la variable s prend une des valeurs des éléments de la liste séparés par des espaces.
Cet exemple utilise, par ailleurs, une autre construction utile de bash(1) : les symboles d’apostrophe inversée \`. Ceux-ci permettent d’obtenir le résultat (envoyé sur stdout) de l’exécution de la commande qu’il englobent. Examinons en détail cette commande. Celle-ci combine en utilisant un pipe les commandes wc(1) et cut(1). La première permet d’obtenir le nombre de ligne du fichier fourni en paramètre (utilisation de l’option -l). Toutefois, la sortie de la commande contient trop d’information (par exemple, wc -l TP1-Hakim.txt renvoie `` 28 TP1-Hakim.txt``). Afin d’isoler l’information qui nous intéressent, l’utilitaire cut(1) est utilisé. Celui-ci permet ici de sélectionner quelle colonne (la première ici) conserver, lorsque les colonnes sont séparées par des espaces (comme spécifié en utilisant l’option ``-d’ ‘`).
La boucle for peut aussi prendre comme entrée (liste sur laquelle itérer) une expression utilisant des caractères joker * ou ?. bash(1) transforme alors l’expression en la liste des noms de fichiers et répertoires dans le répertoire courant correspondant à l’expression :
- * représente n’importe quelle suite de caractères (y compris la chaîne vide). ab*xyz correspond à, par exemple, abcdxyz ou abcxyz mais pas à abcdyz.
- ? représente un caractère unique inconnu (mais pas la chaîne vide). ab?de correspond, ainsi, à abcde, abXde mais pas à abde.
Voici un exemple de l’utilisation du caractère *, qui calcule une signature de chaque fichier sous la forme d’un hash SHA-1 :
#!/bin/bash
for f in TP1-*.txt; do
echo "Génération de la signature du fichier $f ..."
sha1sum $f > $f.sha1
done
Génération de la signature du fichier TP1-Hakim.txt ...
Génération de la signature du fichier TP1-Julie.txt ...
Génération de la signature du fichier TP1-Maxime.txt ...
bash(1) permet aussi l’utilisation de boucles while et until sur un principe similaire, mais nous ne les couvrirons pas dans ce cours.
De nombreuses références sont disponibles pour aller plus loin dans la maîtrise de bash(1) [Cooper2011].
Footnotes
[1] | Sous Unix et contrairement à d’autres systèmes d’exploitation, le suffixe d’un nom de fichier ne joue pas de rôle particulier pour indiquer si un fichier contient un programme exécutable ou non. Comme nous le verrons ultérieurement, le système de fichiers Unix contient des bits de permission qui indiquent notamment si un fichier est exécutable ou non. |