Compléments de C¶
Dans les sections précédentes, nous n’avons pas pu couvrir l’ensemble des concepts avancés qui sont relatifs à une bonne utilisation du langage C. Cette section contient quelques notions plus avancées qui sont importantes en pratique.
Pointeurs¶
Les pointeurs sont très largement utilisés dans les programmes écrits en langage C. Nous avons utilisé des pointeurs vers des types de données primitifs tel que les int, char ou float et des pointeurs vers des structures. En pratique, il est possible en C de définir des pointeurs vers n’importe quel type d’information qui est manipulée par un programme C.
Un premier exemple sont les pointeurs vers des fonctions. Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, une fonction est une séquence d’instructions assembleur qui sont stockées à un endroit bien précis de la mémoire. Cette localisation précise des instructions qui implémentent la fonction permet d’appeler une fonction avec l’instruction calll. En C, il est parfois aussi souhaitable de pouvoir appeler une fonction via un pointeur vers cette fonction plutôt qu’en nommant la fonction directement. Cela peut rendre le code plus flexible et plus facile à adapter. Nous avons déjà utilisé des pointeurs vers des fonctions sans le savoir lorsque nous avons utilisé printf("fct : %p\n",f) où f est un nom de fonction. L’exemple ci-dessous montre une autre utilisation intéressante des pointeurs vers des fonctions. Lorsque l’on écrit du code C, il est parfois utile d’ajouter des commandes qui permettent d’afficher à l’écran des informations de débogage. L’exemple ci-dessous est une application qui supporte trois niveaux de débogage. Rien n’est affiché au niveau 0, une ligne s’affiche au niveau 1 et des informations plus détaillées sont affichées au niveau 2. Lors de son exécution , l’application affiche la sortie suivante.
$./fctptr 0
fct debug_print : 0x100000d28
$ ./fctptr 1
fct debug_print : 0x100000d32
debug: Hello
$ ./fctptr 2
fct debug_print : 0x100000d5f
debug: Hello
g=1
Cette application qui supporte plusieurs niveaux de débogage utilise pourtant toujours le même appel pour afficher l’information de débogage : (debug_print[debug_level])(...);. Cet appel profite des pointeurs vers les fonctions. Le tableau debug_print est un tableau de pointeurs vers des fonctions qui chacune prend comme argument un char *. La variable globale debug_level est initialisée sur base de l’argument passé au programme.
int g=1;
int debug_level;
void empty (char *str) {
return;
}
void oneline(char *str) {
fprintf(stderr,"debug: %s\n",str);
}
void detailed(char *str) {
fprintf(stderr, "debug: %s\n",str);
fprintf(stderr,"g=%d\n",g);
}
void (* debug_print[])(char *) = { empty,
oneline,
detailed };
int main(int argc, char *argv[]) {
if(argc!=2)
return(EXIT_FAILURE);
debug_level=atoi(argv[1]);
if((debug_level<0) || (debug_level>2) )
return(EXIT_FAILURE);
printf("fct debug_print : %p\n",debug_print[debug_level]);
(debug_print[debug_level])("Hello");
return(EXIT_SUCCESS);
}
Ce n’est pas la seule utilisation des pointeurs vers des fonctions. Il y a notamment la fonction de la librairie qsort(3) qui permet de trier un tableau contenant n’importe quel type d’information. Cette fonction prend plusieurs arguments :
void qsort(void *base, size_t nel, size_t width,
int (*compar)(const void *, const void *));
Le premier est un pointeur vers le début de la zone mémoire à trier. Le second est le nombre d’éléments à trier. Le troisième contient la taille des éléments stockés dans le tableau. Le quatrième argument est un pointeur vers la fonction qui permet de comparer deux éléments du tableau. Cette fonction retourne un entier négatif si son premier argument est inférieur au second et positif ou nul sinon. Un exemple de fonction de comparaison est la fonction strcmp(3) de la librairie standard. Un autre exemple est repris ci-dessous avec une fonction de comparaison simple qui permet d’utiliser qsort(3) pour trier un tableau de double.
#define SIZE 5
double array[SIZE]= { 1.0, 7.32, -3.43, 8.7, 9.99 };
void print_array() {
for(int i=0;i<SIZE;i++)
printf("array[i]:%f\n",array[i]);
}
int cmp(const void *ptr1, const void *ptr2) {
const double *a=ptr1;
const double *b=ptr2;
if(*a==*b)
return 0;
else
if(*a<*b)
return -1;
else
return +1;
}
int main(int argc, char *argv[]) {
printf("Avant qsort\n\n");
print_array();
qsort(array,SIZE,sizeof(double),cmp);
printf("Après qsort\n\n");
print_array();
return(EXIT_SUCCESS);
}
Il est utile d’analyser en détails les arguments de la fonction de comparaison utilisée par qsort(3). Celle-ci prend deux arguments de type const void *. L’utilisation de pointeurs void * est nécessaire car la fonction doit être générique et pouvoir traiter n’importe quel type de pointeurs. void * est un pointeur vers une zone quelconque de mémoire qui peut être casté vers n’importe quel type de pointeur par la fonction de comparaison. const indique que la fonction n’a pas le droit de modifier la donnée référencée par ce pointeur, même si elle reçoit un pointeur vers cette donnée. On retrouvera régulièrement cette utilisation de const dans les signatures des fonctions de la librairie pour spécifier des contraintes sur les arguments passés à une fonction [1].
Le second type de pointeurs que nous n’avons pas encore abordé en détails sont les pointeurs vers des pointeurs. En fait, nous les avons utilisés sans vraiment le savoir dans la fonction main. En effet, le second argument de cette fonction est un tableau de pointeurs qui pointent chacun vers des chaînes de caractères différentes. La notation char *argv[] est équivalente à la notation char **argv. **argv est donc un pointeur vers une zone qui contient des pointeurs vers des chaînes de caractères. Ce pointeur vers un pointeur doit être utilisé avec précaution. argv[0] est un pointeur vers une chaîne de caractères. La construction &(argv[0]) permet donc d’obtenir un pointeur vers un pointeur vers une chaîne de caractères, ce qui correspond bien à la déclaration char **. Ensuite, l’utilisation de *p pourrait surprendre. *p est un pointeur vers une chaîne de caractères. Il peut donc être comparé à NULL qui est aussi un pointeur, incrémenté et la chaîne de caractères qu’il référence peut être affichée par printf(3).
int main(int argc, char **argv) {
char **p;
p=argv;
printf("Arguments :");
while(*p!=NULL) {
printf(" %s",*p);
p++;
}
printf("\n");
return(EXIT_SUCCESS);
}
En pratique, ces pointeurs vers des pointeurs se retrouveront lorsque l’on doit manipuler des structures multidimensionnelles, mais aussi lorsqu’il faut qu’une fonction puisse modifier une adresse qu’elle a reçue en argument.
Un autre exemple d’utilisation de pointeurs vers des pointeurs est la fonction strtol(3) de la librairie standard. Cette fonction est une généralisation des fonctions comme atoi(3). Elle permet de convertir une chaîne de caractères en un nombre. La fonction strtol(3) prend trois arguments et retourne un long. Le premier argument est un pointeur vers la chaîne de caractères à convertir. Le troisième argument est la base utilisée pour cette conversion.
#include <stdlib.h>
long
strtol(const char *restrict str, char **restrict endptr, int base);
L’utilisation principale de strtol(3) est de convertir une chaîne de caractères en un nombre. La fonction atoi(3) fait de même et l’expression atoi("1252") retourne l’entier 1252. Malheureusement, la fonction atoi(3) ne traite pas correctement les chaînes de caractères qui ne contiennent pas un nombre. Elle ne retourne pas de code d’erreur et ne permet pas de savoir quelle partie de la chaîne de caractères passée en argument était en erreur.
strtol(3) est un exemple de fonction qui doit retourner deux types d’informations. Tout d’abord, strtol(3) retourne un résultat (dans ce cas un nombre). Si la chaîne de caractères à convertir est erronée, strtol(3) convertit le début de la chaîne et retourne un pointeur indiquant le premier caractère en erreur. Pour bien comprendre le fonctionnement de strtol(3), considérons l’exemple ci-dessous.
#include <stdlib.h>
#include <stdio.h>
int main(int argc, char *argv[]) {
char *p, *s;
long li;
s = "1252";
li = strtol(s,&p,10);
if(*p != '\0') {
printf("Caractère erronné : %c\n",*p);
// p pointe vers le caractère en erreur
}
printf("Valeur convertie : %s -> %ld\n",s,li);
s = "12m52";
li = strtol(s,&p,10);
if(*p != '\0') {
printf("Caractère erronné : %c\n",*p);
}
printf("Valeur convertie : %s -> %ld\n",s,li);
return(EXIT_SUCCESS);
}
Lors de son exécution, ce programme affiche la sortie suivante.
Valeur convertie : 1252 -> 1252
Caractère erronné : m
Valeur convertie : 12m52 -> 12
L’appel à strtol(3) prend trois arguments. Tout d’abord un pointeur vers la chaîne de caractères à convertir. Ensuite l’adresse d’un pointeur vers une chaîne de caractères. Enfin la base de conversion. La première chaîne de caractères est correcte. Elle est convertie directement. La seconde par contre contient un caractère erroné. Lors de son exécution, strtol(3) va détecter la présence du caractère m et placera un pointeur vers ce caractère dans *p. Pour que la fonction strtol(3) puisse retourner un pointeur de cette façon, il est nécessaire que son second argument soit de type char **. Si le second argument était de type char *, la fonction strtol(3) recevrait l’adresse d’une zone mémoire contenant un caractère. Comme le langage C utilise le passage par valeur, strtol(3) pourrait modifier la caractère pointé par ce pointeur mais pas son adresse. En utilisant un second argument de type char **, strtol(3) a la possibilité de modifier la valeur pointée par ce pointeur.
Une implémentation partielle de strtol(3) pourrait être la suivante.
#include <stdlib.h>
#include <stdio.h>
#include <ctype.h>
#include <stdbool.h>
int mystrtol(const char *restrict str,
char **restrict endptr,
int base) {
int val;
int i=0;
int err=false;
while(!err && *(str+i)!='\0')
{
if(!isdigit(*(str+i))) {
err=true;
*endptr=(char *)(str+i);
}
i++;
}
// ...
return val;
}
Cette partie de code utilise la fonction isdigit(3) pour vérifier si les caractères présents dans la chaîne de caractères sont des chiffres. Sinon, elle fixe via son second argument la valeur du pointeur vers le caractère en erreur. Cela est réalisé par l’expression *endptr=(char *)(str+i);. Il faut noter que *endptr est bien une zone mémoire pointée par le pointeur endptr reçu comme second argument. Cette valeur peut donc être modifiée.
Il existe d’autres fonctions de la librairie standard qui utilisent des pointeurs vers des pointeurs comme arguments dont notamment strsep(3) et strtok_r(3).
De grands programmes en C¶
Lorsque l’on développe de grands programmes en C, il est préférable de découper le programme en modules. Chaque module contient des fonctions qui traitent d’un même type de problème et sont fortement couplées. A titre d’exemple, un module stack pourrait regrouper différentes fonctions de manipulation d’une pile. Un autre module pourrait regrouper les fonctions relatives au dialogue avec l’utilisateur, un autre les fonctions de gestion des fichiers, ...
Pour comprendre l’utilisation de ces modules, considérons d’abord un programme trivial composé de deux modules. Le premier module est celui qui contient la fonction main. Tout programme C doit contenir une fonction main pour pouvoir être exécuté. C’est en général l’interface avec l’utilisateur. Le second module contient une fonction générique qui est utilisée par le module principal.
/**************************************
* main.c
*
* Programme d'exemple pour le linker
*
**************************************/
#include "min.h"
#include <stdio.h>
#include <stdlib.h>
int main(int argc, char *argv[]) {
float f1=3.45;
float f2=-4.12;
printf("Minimum(%f,%f)=%f\n",f1,f2,min(f1,f2));
return(EXIT_SUCCESS);
}
Un module d’un programme C est en général décomposé en deux parties. Tout d’abord, le fichier fichier header contient les définitions de certaines constantes et les signatures des fonctions exportées par ce module. Ce fichier est en quelque sorte un résumé du module, ou plus précisément de son interface externe. Il doit être inclus dans tout fichier qui utilise les fonctions du module correspondant. Dans un tel fichier fichier header, on retrouve généralement trois types d’informations :
- les signatures des fonctions qui sont définies dans le module. En général, seules les fonctions qui sont destinées à être utilisées par des modules extérieures sont reprises dans le fichier header
- les constantes qui sont utilisées à l’intérieur du module et doivent être visibles en dehors de celui-ci, notamment par les modules qui utilisent les fonctions du module. Ces constantes peuvent être définies en utilisant des directives #define du préprocesseur
- les variables globales qui sont utilisées par les fonctions du module et doivent être accessibles en dehors de celui-ci
/**************************************
* min.h
*
**************************************/
#ifndef _MIN_H_
#define _MIN_H_
float min(float, float);
#endif /* _MIN_H */
Note
Un fichier header ne doit être inclus qu’une seule fois
L’exemple de fichier header ci-dessus illustre une convention courante dans l’écriture de ces fichiers. Parfois, il est nécessaire d’inclure un fichier header dans un autre fichier header. Suite à cela, il est possible que les mêmes définitions d’un fichier header soient incluses deux fois ou plus dans le même module. Cela peut causer des erreurs de compilation qui risquent de perturber certains programmeurs. Une règle de bonne pratique pour éviter ce problème est d’inclure le contenu du fichier header de façon conditionnelle comme présenté ci-dessus. Une constante, dans ce cas _MIN_H_, est définie pour le fichier header concerné. Cette constante est définie dans la première ligne effective du fichier header. Celui-ci n’est inclus dans un module que si cette constante n’a pas été préalablement définie. Si cette constante est connue par le préprocesseur, cela indique qu’un autre fichier header a déjà inclus les définitions de ce fichier et qu’elles ne doivent pas être incluses une seconde fois.
/**************************************
* min.c
*
* Programme d'exemple pour le linker
*
**************************************/
#include "min.h"
float min(float a, float b) {
if(a<b)
return a;
else
return b;
}
Note
Localisation des fichiers header
Un programmeur C peut utiliser deux types de fichiers header. Il y a tout d’abord les fichiers headers standards qui sont fournis avec le système. Ce sont ceux que nous avons utilisés jusque maintenant. Ces headers standards se reconnaissent car ils sont entourés des caractères < et > dans la directive #include. Ceux-ci se trouvent dans des répertoires connus par le compilateur, normalement /usr/include. Les fichiers headers qui accompagnent un module se trouvent eux généralement dans le même répertoire que le module. Dans l’exemple ci-dessus, le header min.h est inclus via la directive #include "min.h". Lorsque le préprocesseur rencontre une telle directive, il cherche le fichier dans le répertoire courant. Il est possible de spécifier des répertoires qui contiennent des fichiers headers via l’argument -I de gcc(1) ou en utilisant les variables d’environnement GCC_INCLUDE_DIR ou CPATH.
Lorsque l’on doit compiler un programme qui fait appel à plusieurs modules, quelle que soit sa taille, il est préférable d’utiliser make(1) pour automatiser sa compilation. Le fichier ci-dessous est un petit exemple de Makefile utilisable pour un tel projet.
myprog: main.o min.o
gcc -std=c99 -o myprog main.o min.o
main.o: main.c min.h
gcc -std=c99 -c main.c
min.o: min.c min.h
gcc -std=c99 -c min.c
La compilation d’un tel programme se déroule en plusieurs étapes. La première étape est celle du préprocesseur. Celui-ci est directement appelé par le compilateur gcc(1) mais il est également possible de l’invoquer directement via cpp(1). Le préprocesseur remplace toutes les macros telles que les #define et insère les fichiers headers sur base des directives #include. La sortie du préprocesseur est utilisée directement par le compilateur. Celui-ci transforme le module en langage C en langage assembleur. Ce module en assembleur est ensuite assemblé par as(1) pour produire un fichier objet. Ce fichier objet n’est pas directement exécutable. Il contient les instructions en langage machine pour les différentes fonctions définies dans le module, les définitions des constantes et variables globales ainsi qu’une table reprenant tous les symboles (noms de fonction, noms de variables globales, ...) définis dans ce module. Ces phases sont exécutées pour chaque module utilisé. Par convention, les fichiers objets ont en général l’extension .o. Ces fichiers objet sont créés par les deux dernières cibles du fichier Makefile ci-dessus. L’option -c passée à gcc(1) indique à gcc(1) qu’il doit générer un fichier objet sans le transformer en exécutable. Cette dernière opération est réalisée par la première cible du Makefile. Dans cette cible, gcc(1) fait office d’éditeur de liens ou de linker en anglais. Le linker combine différents fichiers objets en faisant les liens nécessaires entre les fichiers. Dans notre exemple, le fichier main.o contient une référence vers la fonction min qui n’est pas connue lors de la compilation de main.c. Par contre, cette référence est connue dans le fichier min.o. L’éditeur de liens va combiner ces références de façon à permettre aux fonctions d’un module d’exécuter n’importe quelle fonction définie dans un autre module.
La figure ci-dessous représente graphiquement les différentes étapes de compilation des modules min.c et main.c.
Lorsque plusieurs modules, potentiellement développés par des programmeurs qui ne se sont pas concertés, doivent être intégrés dans un grand programme, il y a des risques de conflits entre des variables et fonctions qui pourraient être définies dans plusieurs modules différents. Ainsi, deux modules pourraient définir la fonction int min(int, int) ou la variable globale float dist. Le langage C intègre des facilités qui permettent d’éviter ou de contrôler ces problèmes.
Tout d’abord, les variables locales sont locales au bloc dans lequel elles sont définies. Ce principe permet d’utiliser le même nom de variable dans plusieurs blocs d’un même fichier. Il s’étend naturellement à l’utilisation de variables locales dans des fichiers différents.
Pour les variables globales, la situation est différente. Si une variable est définie en dehors d’un bloc dans un fichier, cette variable est considérée comme étant globale. Par défaut, elle est donc accessible depuis tous les modules qui composent le programme. Cela peut en pratique poser des difficultés si le même nom de variable est utilisé dans deux modules différents. Pour contourner ce problème, le langage C utilise static. Lorsque static est placé devant une déclaration de variable en dehors d’un bloc dans un module, il indique que la variable doit être accessible à toutes les fonctions du module mais pas en dehors du module. Lorsqu’un module utilise des variables qui sont communes à plusieurs fonctions mais ne doivent pas être visibles en dehors du module, il est important de les déclarer comme étant static. Lorsqu’une déclaration de variable globale est préfixée par extern, cela indique au compilateur que la variable est définie dans un autre module qui sera lié ultérieurement. Le compilateur réserve une place pour cette variable dans la table des symboles du fichier objet, mais cette place ne pourra être liée à la zone mémoire qui correspond à cette variable que lorsque l’éditeur de liens combinera les différents fichiers objet entre eux.
Note
Les deux utilisations de static pour des variables
static peut être utilisé à la fois pour des variables qui sont définies en dehors d’un bloc et dans un bloc. Lorsqu’une variable est définie comme étant static hors d’un bloc dans un module, elle n’est accessible qu’aux fonctions de ce module. Par contre, lorsqu’une variable est définie comme étant static à l’intérieur d’un bloc, par exemple dans une fonction, cela indique que cette variable doit toujours se trouver à la même localisation en mémoire, quel que soit le moment où elle est appelée. Ces variables static sont placées par le compilateur dans le bas de la mémoire, avec les variables globales. Contrairement aux variables locales traditionnelles, une variable locale static garde sa valeur d’une invocation de la fonction à l’autre. En pratique, les variables locales static doivent être utilisées avec précaution et bien documentées. Un de leurs intérêt est qu’elles ne sont initialisées qu’au lancement du programme et pas à chaque invocation de la fonction où elles sont définies.
Il faut noter que static peut aussi précéder des déclarations de fonctions. Dans ce cas, il indique que la fonction ne doit pas être visible en dehors du module dans lequel elle est définie. Sans static, une fonction déclarée dans un module est accessible depuis n’importe quel autre module.
Afin d’illustrer l’utilisation de static et extern, considérons le programme prog.c ci-dessous qui inclut le module module.c et également le module min.c présenté plus haut.
/**************************************
* module.h
*
**************************************/
#ifndef _MODULE_H_
#define _MODULE_H_
float vmin(int, float *);
#endif /* _MODULE_H */
/**************************************
* module.c
*
**************************************/
#include "module.h"
static float min(float, float);
int num1=0; // accessible hors de module.c
extern int num2; // définie dans un autre module
static int num3=1252; // accessible uniquement dans ce module
float vmin(int n, float *ptr) {
float *p=ptr;
float m=*ptr;
for(int i=1;i<n;i++) {
m=min(m,*p);
p++;
}
return m;
}
static float min(float a, float b) {
if(a<b)
return a;
else
return b;
}
Ce module contient deux fonctions, vmin et min. vmin est accessible depuis n’importe quel module. Sa signature est reprise dans le fichier header module.h. La fonction min par contre est déclarée comme étant static. Cela implique qu’elle n’est utilisable qu’à l’intérieur de ce module et invisible de tout autre module. La variable globale num1 est accessible depuis n’importe quel module. La variable num2 également, mais elle est initialisée dans un autre module. Enfin, la variable num3 n’est accessible qu’à l’intérieur de ce module.
#include "min.h"
#include "module.h"
#define SIZE 4
extern int num1; // définie dans un autre module
int num2=1252; // accessible depuis un autre module
static int num3=-1; // accessible uniquement dans ce module
void f() {
static int n=0;
int loc=2;
if(n==0)
printf("n est à l'adresse %p et loc à l'adresse %p\n",&n,&loc);
printf("f, n=%d\n",n);
n++;
}
int main(int argc, char* argv[]) {
float v[SIZE]={1.0, 3.4, -2.4, 9.9};
printf("Minimum: %f\n",vmin(SIZE,v));
f();
f();
printf("Minimum(0.0,1.1)=%f\n",min(0.0,1.1));
return(EXIT_SUCCESS);
}
Ce module inclus les fichiers min.h et module.h qui contiennent les signatures des fonctions se trouvant dans ces deux modules. Trois variables globales sont utilisées par ce module. num1 est définie dans un autre module (dans ce cas module.c). num2 est initialisée dans ce module mais accessible depuis n’importe quel autre module. num3 est une variable globale qui est accessible uniquement depuis le module prog.c. Même si cette variable porte le même nom qu’une autre variable déclarée dans module.c, il n’y aura pas de conflit puisque ces deux variables sont static.
La fonction f mérite que l’on s’y attarde un peu. Cette fonction contient la définition de la variable static n. Même si cette variable est locale à la fonction f et donc invisible en dehors de cette fonction, le compilateur va lui réserver une place dans la même zone que les variables globales. La valeur de cette variable static sera initialisée une seule fois : au démarrage du programme. Même si cette variable parait être locale, elle ne sera jamais réinitialisée lors d’un appel à la fonction f. Comme cette variable est stockée en dehors de la pile, elle conserve sa valeur d’une invocation à l’autre de la fonction f. Ceci est illustré par l’exécution du programme qui produit la sortie suivante.
Minimum: -2.400000
n est à l'adresse 0x100001078 et loc à l'adresse 0x7fff5fbfe1cc
f, n=0
f, n=1
Minimum(0.0,1.1)=0.000000
Le dernier point à mentionner concernant cet exemple est relatif à la fonction min qui est utilisée dans la fonction main. Le module prog.c étant lié avec module.c et min.c, le linker associe à ce nom de fonction la déclaration qui se trouve dans le fichier min.c. La déclaration de la fonction min qui se trouve dans module.c est static, elle ne peut donc pas être utilisée en dehors de ce module.
Traitement des erreurs¶
Certaines fonctions de la librairie et certains appels systèmes réussissent toujours. C’est le cas par exemple pour getpid(2). D’autres fonctions peuvent échouer et il est important de tester la valeur de retour de chaque fonction/appel système utilisé pour pouvoir réagir correctement à toute erreur. Pour certaines fonctions ou appels systèmes, il est parfois nécessaire de fournir à l’utilisateur plus d’information sur l’erreur qui s’est produite. La valeur de retour utilisée pour la plupart des fonctions de la libraire et appels systèmes (souvent un int ou un pointeur), ne permet pas de fournir de l’information précise sur l’erreur qui s’est produite.
Les systèmes Unix utilisent la variable globale errno pour résoudre ce problème et permettre à une fonction de la librairie ou un appel système qui a échoué de donner plus de détails sur les raisons de l’échec. Cette variable globale est définie dans errno.h qui doit être inclus par tout programme voulant tester ces codes d’erreur. Cette variable est de type int et errno.h contient les définitions des constantes correspondants aux cas d’erreurs possibles. Il faut noter que la librairie standard fournit également les fonctions perror(3) et strerror(3) qui facilitent l’écriture de messages d’erreur compréhensibles pour l’utilisateur.
A titre d’exemple, le programme ci-dessous utilise strerror(3) pour afficher un message d’erreur plus parlant lors d’appels erronés à la fonction setenv(3).
#include <errno.h>
#include <stdio.h>
#include <stdlib.h>
#include <string.h>
int main(int argc, char *argv[]) {
if(setenv(NULL,NULL,1)!=0) {
fprintf(stderr,"Erreur : errno=%d %s\n",errno,strerror(errno));
}
if(setenv("PATH=","/usr/bin",1)!=0) {
fprintf(stderr,"Erreur : errno=%d %s\n",errno,strerror(errno));
}
}
Note
La valeur de errno n’indique pas la réussite ou l’échec d’une fonction
Il faut noter que la variable errno n’est modifiée par les fonctions de la librairie ou les appels systèmes que si l’appel échoue. Si l’appel réussit, la valeur de errno n’est pas modifiée. Cela implique qu’il ne faut surtout pas tester la valeur de errno pour déterminer si une fonction de la librairie a échoué ou réussi. Il ne faut surtout pas utiliser le pattern suivant :
setenv("PATH","/usr/bin",1); if(errno!=0) { fprintf(stderr,"Erreur : errno=%d %s\n",errno,strerror(errno); }
Le code ci-dessus est erroné car il ne teste pas la valeur de retour de setenv(3). Comme les fonctions de la librairie et les appels systèmes ne modifient errno que lorsqu’une erreur survient, le code ci-dessus pourrait afficher un message d’erreur relatif à un appel système précédent qui n’a absolument rien à voir avec l’appel à la fonction setenv(3). Le code correct est évidemment de tester la valeur de retour de setenv(3) :
err=setenv("PATH","/usr/bin",1); if(err!=0) { fprintf(stderr,"Erreur : errno=%d %s\n",errno,strerror(errno)); }
Footnotes
[1] | restrict est également parfois utilisé pour indiquer des contraintes sur les pointeurs passés en argument à une fonction [Walls2006]. |