Mémorial Léon H. Dupriez
Université catholique de Louvain
(Belgique)
SECTION 22.2 EQUILIBRE MACROECONOMIQUE
ET EQUILIBRES GENERAUX
D'un point de vue de l'économie positive, auquel nous nous limitons strictement dans ce chapitre, la question à se poser est […] celle de savoir si un équilibre général walrassien a plus de chances de se réaliser que les autres types d'équilibre général, dans les économies mixtes telles que les nôtres. Les doctrinaires libéraux l'affirment avec conviction, mais leur "doctrine" relève davantage de la croyance que de la démonstration scientifique.
Sur ce dernier plan, en revanche, une perspective intéressante est celle offerte jadis à Louvain dans l'enseignement et les écrits (1) du Professeur Léon DUPRIEZ. Elle consiste à considérer l'équilibre général walrassien comme une situation "naturelle" de l'économie, en ce sens que s'y réalisent de la manière la plus rationnelle toutes les forces et aspirations qui animent le corps social. Mais les changements d'habitudes, de goûts, et de mentalité des consommateurs-citoyens, aussi bien que les révolutions technologiques et les innovations "entrepreneuriales" dans les entreprises, modifient sans cesse les paramètres caractérisant cet équilibre, et induisent des déplacements permanents de celui-ci. Techniquement, les courbes d'offre et de demande sur les divers marchés se déplacent à la suite de chacun des changements qui viennent d'être évoqués.
Dès l'instant où ces déplacements ont lieu, les marchés concernés ne peuvent plus se trouver en équilibre classique, du moins aussi longtemps que prix et quantités ne se sont pas ajustés. L'économie n'est donc plus en équilibre général walrassien : elle se trouve alors dans l'un ou l'autre des équilibres avec rationnement que nous avons étudiés. Cependant, les forces "naturelles" qui animent les modifications de prix et de quantités la font tendre à nouveau vers un équilibre walrassien : non plus celui qui prévalait auparavant, mais bien celui qui correspond aux nouvelles caractéristiques générales de la société, suite aux changements en question.
Dans cette perspective, l'équilibre walrassien apparaît comme une situation qualifiée par l'auteur de "tendancielle" : quoiqu'elle ne se réalise pratiquement jamais, c'est néanmoins vers elle que tendent systématiquement les mouvements de prix et de quantités que l'observateur de la conjoncture (2) économique constate quotidiennement.
(2) Le terme de conjoncture est utilisé en science économique pour désigner non seulement l'état dans lequel se trouve l'économie, mais aussi le fait que celui-ci est la résultante de forces nombreuses et simultanées, dont les intensités respectives varient de période à période. On peut donc appeler "conjonctures successives" la séquence d'équilibres généraux des divers types par lesquels s'actualise le processus tendanciel décrit ci-dessus.
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Affiché le 20 septembre
2000
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